Dans le Nord, conservation des pommes de terre rime avec panneaux solaires

Éric Hemelsdael producteur de pommes de terre dans le Nord
Éric Hemelsdael estime que le groupe froid lui apporte une assurance contre les hivers trop doux. (©Bernard Serpantié)

À Deûlémont, dans le Nord, Éric Hemelsdael cultive un certain goût pour l’autonomie. Il conduit, avec son associé et l’aide de ses deux salariés à mi-temps ainsi que d’un apprenti, une ferme de 140 ha de culture, dont 40 ha de pommes de terre, intégrant un élevage de 140 vaches laitières et un autre de 140 truies.

« Nous disposons d’une fabrique d’aliments à la ferme qui nous permet de faire consommer aux porcs tout le blé que nous produisons », révèle-t-il. L’approvisionnement, l’organisation et la recherche de la rentabilité des multiples activités de la structure peuvent s’avérer parfois complexes dans un contexte changeant mais, lorsqu’une difficulté surgit, la solution se trouve bien souvent dans la capacité d’adaptation de l’exploitation.

« Il y a deux ans, nous avons démarré la production de betteraves sur 6 ha. Cela nous a permis de retrouver un approvisionnement en pulpes pour nourrir les vaches », explique l’agriculteur.

Trouver à tout prix une alternative au CIPC

De la même manière, la récente diversification dans une production d’électricité d’origine solaire s’est imposée lorsque Éric Hemelsdael a dû faire face à une difficulté qui pouvait mettre à mal l’équilibre financier de ses cultures de pommes de terre. « Comme nous les produisons pour la transformation en frites par McCain, nous avons l’habitude de les conserver sur une longue période. Nous les livrons entre la fin mai et le début du mois de juillet car, dans ses contrats, l’industriel, valorise une longue durée de stockage. »

Aussi, le 8 août 2020, lorsque l’interdiction de l’utilisation du chlorprophame (CIPC) est tombée en France, l’agriculteur s’est retrouvé à devoir trouver d’urgence des solutions alternatives de contrôle de la germination. La première fut le choix de planter des variétés telles que Markies ou Fontane, présentant des bonnes dormances et appréciées des transformateurs. Une deuxième fut d’associer l’application d’un inhibiteur de croissance à la fin juillet à une nébulisation d’éthylène au stockage. La troisième fut de s’équiper d’un groupe froid sur l’un de ses bâtiments pour maintenir la température du tas en dessous des 7°C même lorsque le climat se radoucit au printemps.

Une assurance contre les hivers doux

Les aléas du montage du dossier, et de l’obtention du feu vert de la subvention, ne lui ont toutefois pas permis d’installer cet équipement de réfrigération dès la première campagne suivant l’arrêt du CIPC. Il a dû attendre la deuxième. Ses premiers retours d’expérience sont toutefois plutôt positifs surtout dans le contexte de réchauffement climatique que nous connaissons ces dernières années.

« Le groupe froid commence à se mettre en route à partir de la mi-mars, témoigne Éric Hemelsdael. L’installation nous apporte une assurance contre les hivers trop doux. La nuit, lorsque les température ne redescendent pas suffisamment, les systèmes traditionnels de ventilation ne peuvent pas aller chercher la fraîcheur extérieure pour maintenir les pommes de terre à la une température inférieure à 7°C. »

Le bémol, toutefois, d’une telle installation : son prix et le coût de l’énergie servant à la faire fonctionner. « Le projet a représenté un investissement de 57 000 € et sa puissance est de 40 kW », révèle l’agriculteur.

1 600 m2 de panneaux photovoltaïques

Le renchérissement de l’électricité consécutif à l’invasion de l’Ukraine par la Russie a incité l’agriculteur à réfléchir à un autre projet de production photovoltaïque. « J’ai commencé à m’y intéresser il y trois ans, au moment de mon premier dépôt de dossier de subvention pour le groupe froid. Mais, en fait, je l’ai concrétisé avec une installation plus largement dimensionnée capable d’alimenter l’ensemble des systèmes électriques de la ferme et de commercialiser le surplus. »

En profitant des toitures les mieux exposées de deux hangars de stockage de pommes de terre et de paille ainsi que d’une fumière, Éric Hemelsdael est parvenu à faire poser 1 600 m2 de panneaux photovoltaïques délivrant une puissance théorique de 300 kWc.

40 % de l’électricité produite est consommée sur la ferme.

L’ensemble a fini d’être installé au mois d’octobre 2023. Il représente, avec son raccordement au réseau, un investissement de près de 300 000 € pour lequel aucune subvention n’est prévue. La production la plus rentable de l’installation s’avère l’électricité consommée par l’exploitation.

« Le tarif de revente est de 13,1 centimes du kilowatt alors celui d’achat est de près de 32 centimes. » En outre, le raccordement au réseau apparaît comme l’une des étapes les plus laborieuses dans un tel projet. « Nous sommes déjà au mois d’avril et nous l’attendons encore ! »

Bâtiment de stockage de pommes de terre avec toiture photovoltaïque
Avec ses 1 600 m2, l’installation photovoltaïque délivre une puissance théorique de 300 kWc. (© Bernard Serpantié)

Profiter de l’électricité tant qu’il fait jour

En attendant, afin de valoriser au mieux l’installation, la ferme a changé ses habitudes. « Auparavant, nous mettions en route le broyeur de la fabrique d’aliments la nuit pour bénéficier des tarifs des heures creuses. Désormais, nous préférons le jour dès qu’il y a suffisamment de soleil. »

Les porcs ont également dû s’adapter à de nouveaux horaires de repas. La machine à soupe distribue à présent son alimentation une fois la nuit puis le matin à 9 h30 et l’après-midi à 16 h 30 au lieu de deux fois la nuit et une fois le jour. « D’après l’étude de l’installation, sans rien changer à nos habitudes nous pouvions espérer près de 35 % d’autoconsommation. Nous devrions à présent dépasser les 40 %. »

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