« Le prix du blé en Inde est totalement déconnecté du marché mondial »

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Terre-net : Quel est le poids de l’Inde sur le marché mondial du blé ?

Monique Tran : En 2023, la saison n’a pas été trop mauvaise : ils sont à peu près arrivés à une production de 110 Mt. Ils ont été beaucoup plus fragiles sur la récolte de riz, avec une baisse de 3 à 8 % de la production, ce qui les a menés à diminuer les exportations. Ils ont aussi interdit les exportations de blé.

Parce que depuis les années Covid, les stocks publics indiens ont énormément déstocké de blé à cause de ces problèmes de confinement, de pandémie, de diminution de la logistique et donc de disponibilité des céréales. Et aujourd’hui, ils sont dans une phase où même si la production est bonne, ils continuent de reconstituer leurs stocks publics en cas de coup dur.

Actuellement, comme évoluent les prix du blé en Inde et la situation économique des producteurs ?

Le prix du blé en Inde est fixé par un prix minimum de support qui est annoncé en début de campagne et qui correspond aussi à ce que les Indiens seraient prêts à payer en bout de chaîne. Il est calculé pour permettre à un maximum d’Indiens d’acheter de la farine. Il est donc totalement déconnecté du marché mondial, et c’est l’un des facteurs de tensions actuellement.

Les prix des intrants ont augmenté, donc le gouvernement indien a continué les subventions pour les engrais et les pesticides, mais ça ne suffit pas toujours : en ce moment, il y a des manifestations d’agriculteurs qui demandent de nouvelles hausses sur le prix minimum de support indien, une hausse suffisamment conséquente et qui soit corrélée aux coûts de production.

C’est déjà plus ou moins le cas aujourd’hui mais ce n’est pas clairement établi, et on a surtout des différences de coûts de production par État, qui compliquent la fixation d’un prix minimum de soutien au niveau national.

On parle de l’agriculture indienne comme d’un « colosse aux pieds d’argile ». Quelles sont ses forces ?

Les forces, c’est que l’ensemble du système agricole indien est très administré, un mot qui n’est peut-être pas très joli dans une économie de libre concurrence. Mais ils ont la capacité de se transformer très rapidement, s’ils le décident. On le voit dans certains États : quand l’État du Sikkim a décidé de se convertir à l’agriculture biologique, ils ont mis à la fois des incitations et des sanctions, et tout l’État est passé en 100 % biologique.

À l’inverse, quelles sont les fragilités de l’agriculture indienne ?

L’Inde se trouve dans une zone où les effets du changement climatique sont extrêmement importants. Ces dernières années, ils ont eu des augmentations de températures et des phénomènes climatiques extrêmes, avec beaucoup d’inondations et des vagues de chaleur accompagnées de sécheresse intense.

Quand vous avez des vagues de chaleur avec des sols qui se craquellent et qui deviennent extrêmement imperméables, vous avez des inondations qui viennent par la suite et qui emportent tout. Ces deux phénomènes cumulés, qui s’alternent et créent de l’érosion, fragilisent la fertilité des sols et le potentiel de production indien.

À cela s'ajoutent les questions de calendrier : les phénomènes climatiques sont parfois désaisonnés, avec des effets de « mousson erratique » : c’est le plus compliqué à gérer pour les agriculteurs.

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