Géopolitique et blés de l'hémisphère Sud pèsent sur les prix des céréales

La production mondiale de blé a été relevée par le Conseil international des céréales de 3 millions de tonnes pour 2025-26, pour atteindre 830 Mt.
La production mondiale de blé a été relevée par le Conseil international des céréales de 3 millions de tonnes pour 2025-26, pour atteindre 830 Mt. (©New Africa/Adobe stock)

A la Bourse de Chicago, les prix des denrées agricoles ont baissé sur les sept derniers jours. Le blé a terminé mardi à 5,26 dollars le boisseau (soit 27 kg), le maïs à 4,23 dollars et le soja à 11,24 dollars.

La tendance est la même sur le marché européen, avec un retour de la céréale du pain sous la barre symbolique des 190 euros la tonne, talonnée par le maïs sur l'échéance de mars.

Les observateurs du marché agricole relèvent un impact des tractations internationales en cours sur le plan proposé par le président américain Donald Trump pour mettre fin au conflit entre la Russie et l'Ukraine.

En dépit d'énormes incertitudes, la « possibilité » d'un accord russo-ukrainien, qui a fait reculer les prix du pétrole, « pèse aussi sur les marchés agricoles », a relevé Arthur Portier, analyste chez Argus Media France.

Incertitude sur la Chine

Mais l'élément majeur pesant sur les prix est la déferlante annoncée des belles récoltes de l'hémisphère Sud, avec des moissons attendues autour de 36 millions de tonnes en Australie et de 24 millions de tonnes en Argentine.

Le blé australien va directement concurrencer le grain russe, tandis que le blé argentin va entrer en compétition avec le grain français, notamment auprès d'acheteurs comme le Maroc, a souligné Arthur Portier.

Cette concurrence accrue entre les origines, qui est une bonne nouvelle pour les pays importateurs, est aussi favorisée par le dernier bilan de l'International Grain Council (ICG, Conseil international des céréales) qui a relevé de 3 millions de tonnes (Mt) ses prévisions de production mondiale de blé pour 2025-26, pour atteindre 830 Mt.

L'IGC, organisation intergouvernementale qui vise à contribuer à la stabilité du marché des céréales, a également légèrement relevé (de 1 MT) ses prévisions de récolte mondiale de maïs, à 1,298 milliard de tonnes.

Sur le marché américain, les mouvements restent mesurés à la veille de Thanksgiving. Et « les investisseurs ont les yeux rivés sur la Chine, dans l'espoir d'obtenir plus de détails » concernant l'accord entre Washington et Pékin sur le soja, a indiqué Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX Financial.

La Maison-Blanche a assuré fin octobre que Pékin allait acheter au moins 12 Mt de soja américain au cours des deux derniers mois de 2025.

Selon Dewey Strickler, analyste d'Ag Watch Market Advisors, la principale raison de la baisse des cours du soja est que « la réalité s'impose: la Chine est en retard » par rapport aux engagements de l'accord et n'aurait acheté que « entre 1,5 et 1,7 million » de tonnes de soja américain pour le moment.

« La Chine attend peut-être de voir comment la Cour suprême (des Etats-Unis, NDLR) se prononcera sur la politique commerciale de Trump », a-t-il ajouté.

Et en fonction de la décision de la Cour sur la légalité des droits de douane, la Chine pourrait « décider d'aller chercher » son soja « en Amérique du Sud s'il est moins cher » là-bas, a-t-il noté.

Dans les plaines américaines, c'est pour leur culture de blé que les farmers s'inquiètent à l'est du Mississippi, notamment dans l'Indiana, n'ayant pas reçu assez de pluie.

Craintes pour les engrais

 L'Europe a aussi commencé à semer ses céréales d'hiver, globalement dans de bonnes conditions météo.

Toutefois, relève le cabinet Inter-Courtage, la sécheresse ralentit les semis dans le centre de l'Italie, l'est de la Hongrie et l'ouest de la Roumanie. Les pluies excessives dans le sud de la Roumanie et le nord de la Bulgarie ont aussi entraîné d'importants retards.

Surtout, les céréaliers européens, en particulier français, s'inquiètent des risques d'une nouvelle hausse des prix des engrais - après déjà « environ 20 % de hausse sur un an » selon l'association des producteurs de blé AGPB.

Les agriculteurs redoutent particulièrement l'impact que pourrait avoir la taxe carbone aux frontières de l'Union européenne (qui devrait s'appliquer en 2026 à l'acier, l'électricité, au ciment... et aux engrais) sur l'augmentation des prix des fertilisants.

Cela s'ajouterait à la taxation progressive visant spécifiquement les engrais azotés russes entrée en vigueur en juillet, allant de 45 euros la tonne en 2025-26 à 95 euros la tonne en 2027-28.

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