L es cours des engrais azotés continuent leur mouvement de hausse observé depuis début juillet. Le 12 août, l’urée départ port coûtait ainsi 805 €/t, l’ammonitrate 27 % départ usine 700 €/t et l’ammonitrate 33,5 % départ usine 880 €/t.
Une situation qui désole les agriculteurs, d’autant plus que les prix des céréales s’orientent à la baisse et font craindre un « effet-ciseaux ».
« Je me suis couvert lundi (25 juillet, NDLR). J'avais déjà 1 semi de solution et un semi de 21/4/4+12 S. Là, j'ai mis mon PEL, mon livret A et mon DAT en arrêt cardiaque avec un autre semi de liquide à 616 €/t, un semi d'urée en BB 798 € /t et un semi d'ammo soufré en BB à 733 €/t », écrivait par exemple @cpelleraud sur Twitter, fin juillet.
« J'ai tout acheté mon N39 à 600 euros, j'ai l'impression d'avoir fait une affaire. Pour rappel je l'avais acheté 150 en 2020 et 300 en 2021. À ce rythme, l'an prochain je l'achète à 1 200 ? », se demande @michuipasbiau.
Rien acheté encore, ce qui me dégoûte le plus finalement c'est l'année dernière quand ils ont vendu de l'ammo à 750 avec un prix de revient à 200 en faisant flipper les gars avec une pseudo pénurie. Je m'étais couvert à 285€, mais ça sera pas la même cette année
— Guillaume (@Guillaume_CSC) July 26, 2022
@leskyanous a de son côté acheté « 4 camions à 823 €/t d’ammo 33,5 + un camion d’urée à 890… Après avoir acheté l’année dernière à quasiment 720 de moyenne… Je suis immunisé des prix maintenant… ». « Pas moi !, répond @bubu1664. Les 15 000 € de plus, je ne les digère pas encore. Bon, maintenant il faut préparer au mieux 2023 et avoir de belles cultures ».
D’après un sondage proposé du 19 au 26 juillet sur Terre-net, un peu plus de 21,4 % des lecteurs étaient alors couverts en engrais azotés pour la campagne 2022/23, tandis qu’environ 39 % n’étaient pas couverts du tout.
La guerre continue de mettre les marchés sous tension
Pourquoi les marchés de l’ammonitrate et de l’urée restent-ils ces derniers jours « sous haute tension en Europe », comme l’écrit Marius Garrigue sur Terre-net ? C’est une conséquence directe de la guerre en Ukraine : la Russie continue de limiter les approvisionnements européens de gaz naturel, à la base de la fabrication des engrais azotés.
Au 21 juillet, la production d’urée en UE était déjà en baisse de 40 % par rapport à la situation d’avant-guerre d’après l’Icis, spécialiste des marchés de l’énergie et des produits chimiques.
The list of fertilizer and chemical plants shutting down or rationing in the EU is impressive. With these gas prices, the list will grow.
— Francesco Sassi (@Frank_Stones) August 7, 2022
According to @ICISOfficial, around 40% of urea production may have been cut in EU.
Despite a possible recession, food prices will increase. pic.twitter.com/lCmq86YnT2
Comment vont évoluer les prix ?
D’autres facteurs contribuent à la hausse des prix des engrais azotés, note Marius Garrigue : « les exportateurs d’urée du Maghreb et du Moyen-Orient augmentent rapidement leurs tarifs », et « la remontée des coûts du fret amplifie encore un peu plus l’inflation ».
Si les ventes et les achats ont repris fin juillet/début août – des acheteurs européens ont notamment passé commande pour de l’urée égyptienne – le marché est plutôt attentiste ce derniers jours : « la volatilité des prix et les incertitudes concernant les coûts de production à moyen terme n’incitent pas aux engagements ».
Les cours pourraient néanmoins continuer à grimper et même flamber « dès lors que l’Europe se réveillera (en matière d’achats, NDLR), selon les analystes du groupe CRU.