Produits de protection des plantes
Face aux enjeux réglementaires et environnementaux, quelles solutions d'avenir ?

Sur Openfield, un ensemble de solutions sont travaillées pour réduire le recours aux produits phytopharmaceutiques. (©Openfield)
Sur Openfield, un ensemble de solutions sont travaillées pour réduire le recours aux produits phytopharmaceutiques. (©Openfield)

Différents leviers techniques et agronomiques ont été associés sur cinq types de rotations (élevage, méthanisation, cultures industrielles, céréales et oléoprotéagineux). L'objectif est d'atteindre une réduction des usages de produits phytopharmaceutiques à 50 % telle que définie par le plan Ecophyto II+.

Pour cela l'Indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT) est le principal indicateur de suivi de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques. Il comptabilise le nombre de doses de référence utilisées par hectare au cours d’une campagne culturale. L’IFT est utilisé pour appuyer la mise en œuvre des politiques publiques, en particulier le plan Ecophyto et le projet agroécologique, dans une perspective de triple performance économique, environnementale et sociale.

Dans toutes les conduites culturales, ce qui a animé l’équipe Openfield était avant tout le suivi précis des cultures, que ce soit par des observations directes au champ par les techniciens (comptage, suivi des stades…) ou l’usage d’outil d’aides à la décision (OAD) afin de déclencher et positionner au plus juste les différentes stratégies et programmes au sein des pratiques culturales mises en place sur notre site. Sur ce volet en particulier, les maladies fongiques types mildiou sur pomme de terre, septoriose et rouilles (brune et jaune) sur céréales à paille ont été scrutées selon différents modèles de prédiction maladie. De même, une machine pour détecter les insectes volants, les différencier les uns des autres et les compter a été mise en œuvre. L’outil détecte ainsi l’arrivée des méligèthes dans les colzas trois jours avant les cuvettes jaunes. Un test d’observation des pics de vols de pucerons en parcelle de betteraves est également en cours. D’autres outils – fonctionnant par drones ou satellites - détectent les adventices, les chardons ou chénopodes par exemple, pour désherber de manière ciblée plutôt qu’en plein. Dans tous les cas, en évitant autant que possible des traitements « inutiles » ou dits de « confort », l’économie d’IFT est réelle.

Ensuite, le choix des génétiques a conditionné également une grande partie des expérimentations. Dans l’ensemble des conduites bas IFT, nous avons privilégié des variétés présentant le maximum de résistance aux maladies sans pour autant desservir le rendement ou les qualités techniques recherchées (protéines, teneur en huile par exemple). Cela a permis notamment de sélectionner des produits de biocontrôle et biostimulants afin de renforcer et protéger au mieux la plante. Ces solutions ont été utilisées seules pour réduire l’IFT à zéro ou associées à des fongicides conventionnels pour abaisser l’IFT. En grandes cultures, le soufre est utilisé contre l’oïdium et la septoriose des céréales, l’oïdium et la cercosporiose de la betterave. Le phosphate ferrique est, quant à lui, efficace contre les limaces. On peut aussi citer les trichogrammes contre la pyrale du maïs, les œufs de chrysopes sur betterave. L’huile de paraffine est également évaluée contre les pucerons de la betterave pour éviter les viroses (jaunisses).

Le choix d’un produit conventionnel de type PAE (prêt à l’emploi) pour abaisser l’IFT d’un traitement a été testé en remplacement de deux produits extemporanés à mélanger pour désherber le soja en prélevée. La solution prête à l’emploi fait baisser l’IFT de près de 50 %. La modulation de dose selon la pression maladie/ravageurs est également un dispositif efficace permettant de réduire la pression d’usage de produits phytopharmaceutiques.

Enfin, d’autres pistes de pratiques culturales combinées aux précédentes ont également été expérimentées. Telles les plantes associées à la culture du colza pour perturber les ravageurs. L’effet de la féverole, du trèfle et du fenugrec est avéré sur les altises. En culture de betteraves, la présence d’avoine aide à lutter contre les viroses, la plante compagne agissant comme piège à pucerons.

Le désherbage mécanique, combiné ou non aux désherbages chimiques, a permis d’explorer des pistes de réduction d’IFT. Lorsque les conditions agro-climatiques sont favorables, la succession de passages chimiques puis mécaniques réduit significativement l’IFT herbicide, voire l’annule. Pour faciliter la mise en œuvre de la pratique, la robotique se développe. Sur Openfield, les équipes testent un robot multifonctions. Il détecte les adventices, les reconnaît et les élimine pour une intervention ciblée. Plusieurs outils peuvent être montés : laser, houe, doigts, chisel… pour désherber les cultures de betteraves, tournesol, maïs ou pommes de terre.

Vous l’aurez sans doute compris, sur Openfield il n’y a pas une technique plus qu’une autre mise en avant, mais bien un ensemble de solutions travaillées afin de permettre d’atteindre la réduction d’usage des produits phytopharmaceutiques attendue par la réglementation.

A date, les premiers résultats les plus significatifs affichés sur Openfield sont les suivants :

  • Pomme de terre : - 25 % d’IFT et - 5 % de charges intrants par rapport au témoin conventionnel
  • Blé tendre : - 28 % d’IFT et – 3 % de charges intrants par rapport au témoin conventionnel
  • Colza : - 45 % d’IFT et – 10 % de charges intrants par rapport au témoin conventionnel
  • Betterave sucrière : - 51 % d’IFT et – 12,5 % de charges intrants par rapport au témoin conventionnel
  • Tournesol : - 75 % d’IFT et – 2 % de charges intrants par rapport au témoin conventionnel

Sur des cas particuliers, tels que la betterave, comme sur des sujets plus globaux, à l’échelle d’une rotation, les essais menés sur la plateforme portent une promesse de résultats d’efficacité, de gains d’IFT et de CEPP, au service des agriculteurs comme de leurs prescripteurs.

Article réalisé par Terre-net Factory et proposé par Bioline by InVivo.

Inscription à notre newsletter

Déja 9 réactions