En France, l’agriculture est responsable de 19 % des émissions de gaz à effet de serre. Selon l’Inrae, le stockage additionnel de carbone dans les sols agricoles pourrait atteindre, au maximum, + 1,9 ‰ sur l’ensemble des surfaces agricoles et forestières (3,3 ‰ pour les seules surfaces agricoles et 5,2 ‰ si l’on se restreint aux grandes cultures), soit 41 % des émissions de carbone agricoles. A ce titre, elle est un levier essentiel de la transition vers des activités humaines moins carbonées et une des solutions à la crise climatique. Les pouvoirs publics ont défini des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre au secteur agricole mais aussi aux industries agroalimentaires qui vont se tourner vers les producteurs pour les atteindre.
L’agriculture doit opérer sa transition. Mais, alors que les agriculteurs doivent déjà faire face à une forte volatilité du prix des intrants, est-ce que produire plus vert, c’est plus cher ? Pas forcément… Les équipes de Bioline d’InVivo, sur Openfield, mettent les leviers agronomiques à l’épreuve de la rentabilité pour identifier ceux qui réduisent la facture au sens propre de la trésorerie, comme au sens figuré de l’impact sur l’environnement.
Des pratiques testées à l’échelle de la rotation
Nous savons que les plantes compagnes du colza ou l’apport de matières organiques sont des pratiques qui stockent le carbone, que choisir une urée avec inhibiteur de nitrification réduit la quantité de gaz à effet de serre émis lors de la fertilisation. Mais au niveau de la rotation et du système d’exploitation, savons-nous combien coûte la mise en place de ces pratiques et combien elle rapporte ? « C’est à cette question que nous voulons répondre avec les expérimentations menées sur Openfield pour donner aux agriculteurs des repères fiables au moment d’engager leur transition. »
Ainsi, sur la plateforme, différentes rotations sont conduites selon un itinéraire bas carbone en comparaison d’un itinéraire plus classique. Les intercultures longues sont privilégiées avant le semis de cultures de printemps afin de stocker du carbone et de restituer de l’azote à la culture suivante. Le choix des variétés se porte sur celles particulièrement productives. Le recours à la modulation intra parcellaire est privilégié afin d’améliorer l’efficience de l’azote. Au niveau de la fertilisation encore, le choix d’une urée avec inhibiteur de nitrification, forme moins émissive, doit réduire l’empreinte GES par unité d’azote apportée.
La plateforme commence à livrer ses premiers indicateurs.
Quelques exemples en avant-première :
Sur la rotation avec des cultures industrielles (betterave sucrière, blé tendre, pomme de terre de consommation, lin oléagineux de printemps et orge de printemps)
- Un bilan net de – 11 % de TeqCO2/ha par rapport à la conduite conventionnelle
- Soit une baisse de 0,3 TeqCO2/ha et un coût de production supérieur de 45 €/ha par rapport à la conduite conventionnelle
Sur la rotation soja, colza, blé tendre, orge d’hiver :
- Un bilan net de – 79 % de TeqCO2/ha par rapport à la conduite conventionnelle
- Soit une baisse de 0,98 TeqCO2/ha pour un coût de production inférieur de 115 €/ha par rapport à la conduite conventionnelle
Argumenter en faveur d’une valorisation des changements
Parmi les données à intégrer au calcul, il y a le niveau de valorisation des efforts consentis. Il existe deux voies de valorisation du carbone stocké et des réductions des émissions de GES : les crédits carbone et les primes de filières. « Tout n’est pas ficelé. Il existe un flou réglementaire quant à la possibilité de cumuler les deux. Le cumul est une spécificité agricole car c’est la culture et l’ensemble de la rotation qui stockent du carbone. Le flou méthodologique peut, cependant, être levé en expliquant clairement la méthode et la répartition des réductions d’émissions, entre prime Bas Carbone et prime de filière. »
Les primes de filières ont été créées par les industries agro-alimentaires pour motiver les producteurs qui les fournissent à faire évoluer leurs pratiques. Le standard SBTi (Science-based Targets Initiative) a défini un objectif de 30 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les IAA, entre 2020 et 2030. Les pratiques agricoles entrent dans l’équation posée pour atteindre ce résultat.
Savoir combien coûte la mise en place des pratiques vertueuses intéresse ainsi au-delà de la sphère agricole. Bioline, à travers Openfield, plateforme multi-acteurs, répond à cet enjeu. Rendez-vous le 13 juin sur Terre-net pour en apprendre plus sur les mécanismes à l’œuvre en matière de stockage de carbone. D’autres informations suivront, à l’automne : les résultats consolidés et la simulation, l’échelle de la rotation, sur cinq ans, du niveau de stockage de carbone grâce à l’outil digital Carbon Extract.
Article réalisé par Terre-net Factory et proposé par Bioline by InVivo.