Altises d'hiver : les bons réflexes, au bon endroit, au bon moment

Grosse altise
L’altise d’hiver adulte est active surtout dans les premières heures qui suivent la tombée de la nuit. (©Terres Inovia)

Du stade cotylédons jusqu’au stade à 3-4 feuilles du colza, la lutte insecticide contre les altises d'hiver ne s’envisage, à la parcelle, que si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée. D’après les BSV rédigés à partir des observations des 17 et 18 septembre, la situation est très variable selon les zones.

Exemple avec la région Centre-Val-de-Loire notamment, où les toutes premières captures d’altises d'hiver ont été signalées. La remontée des températures cette fin de semaine après la chute observée ces derniers jours devrait donner le signal pour le début du vol. La surveillance des parcelles à moins de 4 feuilles devient une priorité. A ce jour, plus de 60 % des parcelles du réseau BSV sont hors période de risque.

-​​​​​​​ En Poitou-Charentes, les stades des colzas s’échelonnent de cotylédons à 5 feuilles, le niveau de risque face à l’arrivée puis aux attaques des grosses altises est donc très variable. Quelques rares piégeages (maximum 3 insectes) sont relevés entre le 11 et le 17 septembre dans 5 parcelles du réseau BSV, les grosses altises sont présentes dans moins de 20 % des situations. Il s’agit d’un « bruit de fond » et non d’un début de vol. Les températures semblent relativement stables, ce qui est défavorable à son déclenchement. Sauf erreur de prévisions météo, les grosses altises ne devraient pas arriver dans les prochains jours. 

- ​​En Bretagne et Pays de la Loire, les stades s’échelonnent entre cotylédons et 6 feuilles. ​​​​​​​Les colzas en en retard en termes de stade par rapport aux années précédentes. La majorité des parcelles sera hors stade de risque à l’arrivée des altises en pays de la Loire, mais on en sera bien loin en Bretagne, notamment pour les semis de septembre. La surveillance des colzas les moins développés (à moins de 4 feuilles) doit être une priorité​​​​​​.  

- En Normandie et Ouest Ile-de-France, respectivement 25 % à 50 % des parcelles ne sont plus menacées (stade > B3). Les stades varient de « semis-levée » à 5 feuilles. Les captures d’altises d’hiver ne concernaient que la Normandie avec une fréquence de 50 % des parcelles avec piégeage. Les morsures étaient tout à fait tolérables jusqu’alors. Le risque limace persiste depuis les semis dans un contexte singulièrement frais et humide.

Les désherbants de prélevée rajoutent un coup de frein, c’est indéniable. Une vigilance absolue s’impose désormais pour les colzas en phase sensible, a fortiori ceux marqués par une faible vigueur au démarrage. La hausse des températures doit attirer l’attention sur les menaces et risques potentiels à venir.

Surtout pas d’affolement, éviter les traitements inconsidérés !

Dans un contexte de résistance des altises d’hiver aux pyréthrinoïdes, la lutte insecticide contre les adultes doit être évitée dans la mesure du possible, rappelle l'institut technique. Elle ne doit s’envisager que :

- si la survie de la culture est incontestablement menacée, du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées du colza ;
- à partir d’un raisonnement à la parcelle (observation minutieuse de l’évolution des dégâts) ;
- si les insectes sont suffisamment actifs et nombreux (rappel : la grosse altise se nourrit du colza la nuit) ;
- si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée ;
- en respectant les précautions et règles d’usage des insecticides (volume d’eau…).

En cas de besoin, les traitements se réalisent sur un colza n’ayant pas atteint le stade 3-4 feuilles étalées.

Seuil indicatif de risque : 8 pieds sur 10 avec présence de morsures et avec 25 % de la surface végétative détruite.

NB : tenir compte d’une moyenne de défoliation observée sur toutes les feuilles des plantes. Si le feuillage est déjà gravement affecté par d’autres ravageurs défoliateurs (petites altises, limaces, tenthrèdes par exemple), c’est le pourcentage total de défoliation qui doit être considéré.

Quel insecticide choisir, en dernier recours ?

La résistance forte SKDR n’est pas généralisée pour toutes les régions de l'Hexagone. Les pyréthrinoïdes restent un moyen de lutte - à utiliser avec parcimonie - pour préserver leur efficacité dans la durée (notamment pour la gestion des larves d’altise, plus dommageables que les adultes).

Dans tous les cas, si besoin, intervenir dans de bonnes conditions de traitement à la nuit tombée. Utiliser un volume de bouillie de 150 ou 200 l/ha.

Dans les essais de Terres Inovia, l’efficacité* moyenne mesurée 7 jours après traitement indique que :

- Karate Zeon (lambda-cyhalothrine), Decis Protech (deltaméthrine) et la cyperméthrine (Cythrine Max ou Sherpa 100EW) sont comparables.

- Trebon 30EC (etofenprox) est inférieur à Karaté Zéon ou une cyperméthrine.

- Mandarin Gold (esfenvalérate) est inférieur aux références. 

*Efficacité mesurée sur la base du % de destruction foliaire

Points d’attention

Tout insecticide appliqué au moment du pic d’activité des grosses altises adultes ne saurait garantir une efficacité suffisante pour lutter contre les infestations larvaires ultérieures. Les traitements "d’assurance" ou "de nettoyage" sont à proscrire. Il sera plus efficace de lutter directement contre les larves.

L’altise d’hiver adulte est active surtout dans les premières heures qui suivent la tombée de la nuit. C’est pourquoi l’application en soirée, idéalement à l’obscurité, est à privilégier avec un volume de bouillie d’au moins 150 à 200 l/ha.

Altises et morsures : quel risque pour la culture ?

Le seuil de dommage est souvent atteint à partir de 25 % de défoliation des cotylédons et premières feuilles. Plus les dégâts s’accumulent brutalement et tôt (sur cotylédon notamment), ou plus la surface foliaire produite par le colza préalablement est faible, plus l’impact des morsures est élevé.

Les situations agronomiques ayant provoqué une vigueur faible au démarrage sont à surveiller de près : levée tardive, sol motteux, caillouteux, précédent blé ou orge de printemps, lit de semences pailleux, variétés peu vigoureuses au démarrage…

L’observation est la base du raisonnement

Les captures dans les cuvettes jaunes -position enterrée- servent à détecter l’arrivée puis l’activité (nocturne) des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3 feuilles qui guide le raisonnement. 

Observer au crépuscule, idéalement dans les 2 heures qui suivent la tombée de la nuit pour apprécier très régulièrement l’évolution de la présence des altises.

Plus que le seuil, la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture sont les critères à prendre en considération, quasiment au jour le jour pour mesurer au mieux le rapport de force. Seul un suivi quotidien permet de bien discerner les morsures anciennes et récentes.

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