Du stade cotylédons jusqu’au stade à 3-4 feuilles du colza, la lutte insecticide contre les altises d'hiver ne s’envisage, à la parcelle, que si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée. Au 15 septembre, d’après les BSV, la situation est très variable selon les zones :
- En région Centre-Val de Loire, plus de 50 % des parcelles sont déjà hors de la période de risque car elles ont atteint 4 feuilles et plus. Pour l’instant, les altises n’étaient signalées que dans 30 % des parcelles avec des captures encore très faibles. Pour les parcelles en cours de levées localement la situation sera compliquée.
- En Poitou-Charentes, les stades des colzas s’échelonnent de levée en cours à 6-7 feuilles, le niveau de risque face à l’arrivée puis aux attaques des grosses altises est donc très variable. Quelques rares piégeages (1 à 2 insectes) sont relevés entre le 6 et le 12 septembre dans 3 parcelles du réseau BSV, les grosses altises sont concentrées dans les Deux-Sèvres. Ces toutes premières captures sont également remontées de la plaine. Il s’agit d’un « bruit de fond » et non d’un début de vol. Les températures élevées sont défavorables à son déclenchement. Sauf erreur de prévisions météo, les grosses altises ne devraient pas arriver dans les prochains jours, l’alerte n’est pas encore lancée. Il faudra être vigilant à la prochaine baisse significative des températures pour les colzas de moins de 4 feuilles.
- En Bretagne et Pays de la Loire, les stades s’échelonnent entre cotylédons et 8 feuilles. Une bonne partie des parcelles (semis précoces) est déjà hors risque grosses altise adulte (4 feuilles et plus) avec des peuplements plutôt satisfaisants. Pour les semis plus tardifs (après le 25 aout), les levées ont été plus difficiles, du fait des précipitations et de phénomène de battance. De nombreux retours de manque de pieds sont signalés. Concernant le risque grosse altise adulte pour les levées les plus tardives, il est aujourd’hui relativement faible en Pays de la Loire, et moyen sur la Bretagne. Le pic de vol n’étant pas attendu dans les prochains jours, il est urgent d’attendre.
- En Normandie et Ouest Ile-de-France, près de 30 % à 40 % des parcelles ne sont plus menacées (stade > B3). Les premières captures d’altises d’hiver se font depuis une bonne semaine. Certains secteurs (ex : nord-ouest 27) concernés par des pluies battantes fin août ont vu des attaques significatives se présenter. Pas de panique pour autant, il n’y a pas d’alerte générale à ce jour, ce sont des cas particuliers. Il faut surveiller l’évolution des choses très régulièrement désormais. Le risque limace persiste depuis les semis, notamment pour les colzas peu vigoureux, en contexte à risque.
Surtout pas d’affolement, éviter les traitements inconsidérés !
Dans un contexte de résistance des altises d’hiver aux pyréthrinoïdes, la lutte insecticide contre les adultes doit être évitée dans la mesure du possible, rappelle l'institut technique. Elle ne doit s’envisager que :
- si la survie de la culture est incontestablement menacée, du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées du colza ;
- à partir d’un raisonnement à la parcelle (observation minutieuse de l’évolution des dégâts) ;
- si les insectes sont suffisamment actifs et nombreux (rappel : la grosse altise se nourrit du colza la nuit) ;
- si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée ;
- en respectant les précautions et règles d’usage des insecticides (volume d’eau…).
En cas de besoin, les traitements se réalisent sur un colza n’ayant pas atteint le stade 3-4 feuilles étalées.
Seuil indicatif de risque: 8 pieds sur 10 avec présence de morsures et avec 25 % de la surface végétative détruite.
NB : tenir compte d’une moyenne de défoliation observée sur toutes les feuilles des plantes. Si le feuillage est déjà gravement affecté par d’autres ravageurs défoliateurs (petites altises, limaces, tenthrèdes par exemple), c’est le pourcentage total de défoliation qui doit être considéré.
Quel insecticide choisir, en dernier recours ?
La résistance forte SKDR n’est pas généralisée pour toutes les régions de l'Hexagone. Les pyréthrinoïdes restent un moyen de lutte - à utiliser avec parcimonie - pour préserver leur efficacité dans la durée (notamment pour la gestion des larves d’altise, plus dommageables que les adultes). Dans tous les cas, si besoin, intervenir dans de bonnes conditions de traitement à la nuit tombée. Utiliser un volume de bouillie de 150 ou 200 l/ha.
Dans les essais de Terres Inovia, l’efficacité* moyenne mesurée 7 jours après traitement indique que : Karate Zeon (lambda-cyhalothrine), Decis Protech (deltaméthrine) et la cyperméthrine (Cythrine Max ou Sherpa 100EW) sont comparables. Trebon 30EC (etofenprox) est inférieur à Karaté Zéon ou une cyperméthrine. Mandarin Gold (esfenvalérate) est inférieur aux références.
*Efficacité mesurée sur la base du % de destruction foliaire
Points d’attention
Tout insecticide appliqué au moment du pic d’activité des grosses altises adultes ne saurait garantir une efficacité suffisante pour lutter contre les infestations larvaires ultérieures. Les traitements "d’assurance" ou "de nettoyage" sont à proscrire. Il sera plus efficace de lutter directement contre les larves.
L’altise d’hiver adulte est active surtout dans les premières heures qui suivent la tombée de la nuit. C’est pourquoi l’application en soirée, idéalement à l’obscurité, est à privilégier avec un volume de bouillie d’au moins 150 à 200 l/ha.
Altises et morsures : quel risque pour la culture ?
Le seuil de dommage est souvent atteint à partir de 25 % de défoliation des cotylédons et premières feuilles. Plus les dégâts s’accumulent brutalement et tôt (sur cotylédon notamment), ou plus la surface foliaire produite par le colza préalablement est faible, plus l’impact des morsures est élevé. Les situations agronomiques ayant provoqué une vigueur faible au démarrage sont à surveiller de près : levée tardive, sol motteux, caillouteux, précédent blé ou orge de printemps, lit de semences pailleux, variétés peu vigoureuses au démarrage…
L’observation est la base du raisonnement
Les captures dans les cuvettes jaunes -position enterrée- servent à détecter l’arrivée puis l’activité (nocturne) des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3 feuilles qui guide le raisonnement. Observer au crépuscule, idéalement dans les 2 heures qui suivent la tombée de la nuit pour apprécier très régulièrement l’évolution de la présence des altises.
après les orages de hier,
— Patrick Pigeon 🚩🌱🌾🌻🐝🚩 (@Pat2816) September 18, 2023
de 15 à 52 mm selon les secteurs,
1 grosse #altise dans la cuvette jaune ce matin.
on peut aussi voir de quelques dégâts de grêle dans ce #colza à 4-6 feuilles semé au 22/08.
ça va encore pousser fort cette semaine.#ceuxquifontlesessais#fragtwpic.twitter.com/gI0JQDftOu
Plus que le seuil, la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture sont les critères à prendre en considération, quasiment au jour le jour pour mesurer au mieux le rapport de force. Seul un suivi quotidien permet de bien discerner les morsures anciennes et récentes.