Installé à Billy-sur-Oisy dans la Nièvre et membre du GIEE Magellan, Benoît Vernillat a mis en place plusieurs leviers, avant et pendant l’implantation, pour avoir des colzas robustes et plus résistants face aux ravageurs. Cela permet de « diminuer le recours aux insecticides, voire de les supprimer quand on peut. L’an dernier, sur 110 ha, on a réalisé un passage d’insecticide à l’automne, sur une trentaine d’hectares seulement ».
« On utilise notamment le radis chinois en interculture : c’est aussi une crucifère, qu’on implante avant tournesol en même temps que le colza. On essaie de placer les parcelles concernées à côté de celles de colza, explique l’agriculteur. On a observé, dans le cadre du projet R2D2, que le radis chinois permet d’attirer les grosses altises au moment de leur arrivée en septembre, et donc de diluer les populations à la fois sur le couvert et sur le colza. La destruction du couvert se fait dans le courant de l’hiver, l’objectif : détruire les larves pour réduire ensuite le nombre d’adultes. »
Parmi les autres leviers déployés, Benoît Vernillat cite également :
- L’adaptation du travail du sol : « Au plus près de la moisson, on vient préparer le sol, soit de façon superficielle quand la structure le permet avec un minimum de travail pour éviter l’assèchement, soit par une petite fissuration. Le roulage est systématique après chaque travail, afin de conserver un maximum d’humidité ».
- Le fait d’être prêt à semer tôt : « l’objectif est de viser le stade 4 feuilles au 15-20 septembre. On est très vigilant vis-à-vis de la météo et on se tient prêt à semer dès début août, dans l’attente de quelques précipitations ».
- Assurer la nutrition azotée du colza : « Avant le semis, on apporte de la matière organique au moment du travail du sol, on est pourvu ici en lisier et en fumier, indique l’agriculteur. On utilise aussi les plantes compagnes : féverole, lin, lentille, fenugrec et trèfle d’Alexandrie par exemple. C’est un mélange qu’on a mis en place avec le GIEE Magellan, qui va apporter au niveau racinaire, en poussant le colza à descendre en profondeur, et aussi amener de l’azote avec les légumineuses. Ce couvert gélif laisse place au colza au printemps ».
« Cet ensemble de pratiques permet à la fois de diluer la pression des insectes et de limiter leur impact par des mesures qui dynamisent la croissance du colza », souligne Michaël Geloen, ingénieur développement Terres Inovia. « L’institut technique travaille également sur ces sujets au sein de la démarche « colza robuste » et dans le cadre du Plan d’action de sortie du phosmet, qui fédère 90 partenaires régionaux via le plan Adaptacol2. »