La FNEDT demande « de la reconnaissance et surtout de l’équité »

Philippe Largeau et Gérard Napias FNEDT
Philippe Largeau et Gérard Napias, vice-président et président de la FNEDT, dénoncent une réglementation inéquitable pour les entreprises de travaux agricoles. (©Terre-net Média)

Avec un nombre d’entreprises en hausse de + 2 % entre 2021 et 2022 et une augmentation de 15 % du nombre de salariés, le secteur des entreprises de travaux agricoles et forestiers (ETARF) progresse, particulièrement la branche agricole. « Notre métier est toujours reconnu, on a besoin de se développer, mais on a besoin de plus de reconnaissance des gouvernements successifs », a souligné Gérard Napias, président de la FNEDT, à l’occasion de la conférence de presse annuelle du syndicat, le 21 novembre.

Car si le travail ne manque pas, les conditions pour l’effectuer s’avèrent de plus en plus complexes pour les EDT, dénonce la fédération. Le TO-DE bénéficie par exemple aux chefs d’entreprises agricoles qui emploient des salariés pour la moisson, mais pas aux salariés des entreprises de travaux agricoles, pour un travail identique. « Le débat aujourd’hui n’est pas de savoir si on y a droit, mais juste de savoir pourquoi il n’y a pas d’équité », déplore ainsi Philippe Largeau, premier vice-président de la FNEDT. « On n’en aurait pas besoin car nous, on facture… Oui, on facture des prestations aux agriculteurs, donc si on veut aider les agriculteurs, il faut aussi aider le prestataire, sinon au final la facture augmente pour l’agriculteur ! », explique-t-il.

Pour un remboursement mensuel sur le GNR

TO-DE pourrait servir à compenser un autre surcoût qui va s’ajouter cette année, celui de la fin de l’exonération fiscale sur le gazole non routier (GNR). Outre le reste à charge, qui correspond, pour 100 000 litres de GNR par an, à 3 860 € en 2023 à 23 810 € en 2030, « ce sont encore les entreprises qui vont avancer l’argent avant la restitution », explique Philippe Largeau, une restitution qui aujourd’hui intervient parfois plus d’un an après. La consommation en GNR des ETARF représente 30 % des quantités utilisées par les secteurs agricole et forestier.

Pour limiter l’impact de cette mesure, la FNEDT a demandé un remboursement mensuel. Néanmoins, elle dénonce le non-sens de cette décision destinée à limiter la consommation de GNR. Or, si un entrepreneur de travaux agricole décide aujourd’hui de se passer des énergies fossiles, les alternatives n’existent pas encore : « les moteurs existent mais la grande distribution de ces moteurs en forte puissance n’existe pas, l’infrastructure pour les alimenter n’existe pas, et comment peut-on les financer demain, compte-tenu du prix exorbitant ? », demande Philippe Largeau. « Il aurait fallu d’abord mettre en place les machines pour répondre à nos besoins, avant de supprimer les taxes », ajoute-t-il.

Réglementation, intempéries… un calendrier « kafkaïen »

La FNEDT considère également que l’élargissement de l’article L411-1 qui interdit de tailler les haies, et par extension tous types de végétaux, entre le 15 mars et le 15 août pour protéger les oiseaux en période de nidification, constitue une surtransposition. Cette réglementation complexifie particulièrement l’aboutissement des chantiers en forêt, mais aussi de certains travaux agricoles, d’autant que la pluie incessante de ces dernières semaines retarde les possibilités d’entrer sur les parcelles avec les machines. A cela s’ajoute, en été, l’interdiction de travailler en cas de fortes chaleurs en raison du risque incendie. Face à toutes ces problématiques, « on aimerait un peu de reconnaissance, et surtout de l’équité », rappelle Philippe Largeau. Les périodes de nidification n’étant pas les mêmes partout en France, une adaptation territorialisée pourrait par exemple être envisagée, estime la FNEDT.

Les aléas climatiques qui se multiplient contraignent non seulement les entreprises à réagir dans des délais restreints, mais génèrent également des pertes non prises en compte. Les récentes inondations dans le Pas-de-Calais ont ainsi noyé des cultures qui seront indemnisées par les assurances et l’Etat, mais ne seront pas récoltées par les ETA, constituent un manque à gagner à venir pour ces dernières.

Attractivité et maintien des salariés

Dans ces conditions qui accentuent les pics d’activité saisonniers, la question de l’attractivité du métier et du maintien des salariés devient majeure, pour la FNEDT, qui en a fait l’un des thèmes de son congrès annuel prévu du 15 au 17 février 2024 à Epinal. La formation, mais aussi la gestion de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée sont désormais des enjeux forts. « La vie de famille est devenue une priorité, on a besoin de travailler là-dessus », reconnaît Gérard Napias.

La question se pose d’autant plus que l’augmentation des effectifs est amenée à continuer. « Le manque de main d’œuvre que l’on connaît chez nous est aussi dans le monde agricole », un monde agricole qui par ailleurs hésite de moins en moins à externaliser les travaux, explique Philippe Largeau.

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