L’hiver 2022-2023 se caractérise par des températures froides mais également une faible pluviométrie. Si ces conditions ont favorisé une bonne structuration du sol, la bonne implantation et levée des linières dépendra fortement des conditions de travail du sol et du semis.
Le travail du sol pour assurer un meilleur enracinement
La préparation du sol représente une étape essentielle de la conduite de la culture. Le lin présente une racine pivot pouvant descendre jusqu’à 1 mètre de profondeur. Un bon enracinement conditionne la capacité de la plante à puiser l’eau et les nutriments nécessaires à son développement.
Pour limiter le tassement du sol, il est recommandé de limiter le nombre de passages. L’utilisation d’un combiné de semis est alors préférable. Un lit de semences de 3 à 5 cm de profondeur suffit pour permettre une bonne implantation.
Pour éviter de créer des zones de lissage pénalisant l’enracinement, la reprise du labour doit être réalisée sur un sol réessuyé sur une profondeur de 40 cm (humidité inférieure à 18 %). Aucune pluie ne doit être annoncée dans les 48 heures suivant cette étape.
Assurer une levée rapide et homogène
Les semences représentent un poste de dépense important pour les liniculteurs. La réussite du semis est d’autant plus importante qu’une mauvaise implantation peut entraîner une double levée et créer des complications techniques pénalisant la rentabilité de la culture. Les conditions optimales de semis sont les suivantes :
- Le lin doit être semé dans un sol réchauffé (température supérieure à 10°C). La culture se développant à partir de 5°C, des températures atmosphériques douces favoriseront une levée rapide.
- La graine de lin disposant de peu de réserves, elle doit être semée à une profondeur comprise entre 1 et 2 cm. Semer en vitesse réduite (6 km/h) favorise une levée homogène.
Après le semis, les terres doivent blanchir pendant au moins 48 heures afin de favoriser la cohésion du sol en surface et limiter le risque de battance en cas de forte pluies. Il est alors nécessaire d’évaluer les risques de précipitations.
Viser un peuplement de 1 500 à 1 600 plantes viables/m²
Le lin compense mal une hétérogénéité, la régularité du peuplement prime alors sur la densité. Le liniculteur doit viser un peuplement de 1 500 à 1 600 plantes viables/m². Une densité trop importante génère des lins petits et sensibles aux bioagresseurs. Le nombre de graines semées varie selon la date de semis et du type de sol :
- Les semis en sols difficiles?: avec une forte teneur en argile, une préparation grossière, il est conseillé d’augmenter la dose de semences de l’ordre de 20 % afin de palier des éventuels problèmes de levée.
- Les semis précoces?: bien souvent, ces semis sont réalisés dans des sols encore froids, mal ressuyés et avec des préparations de sol grossières. Il convient par conséquent de majorer la densité de semis d’environ 10 %.
- Les semis plus tardifs?: ils sont favorables à une bonne germination des plantes car les conditions sont meilleures. Il n’est généralement pas nécessaire d’augmenter la dose de semences.
Le semis : un premier levier de lutte contre les altises
L’intensité des dégâts d’altises est fortement influencée par l’abondance d’altises dans la parcelle mais également par la vitesse de croissance du lin et l’état de la parcelle (figure 1). Une croissance rapide réduit la période de sensibilité des lins vis-à-vis des altises. De même, des dégâts plus importants sont observés dans les parcelles présentant plus de mottes et de résidus (figure 2). De plus, il est intéressant de noter que davantage d’altises ont été capturées dans les parcelles semées en mars par rapport à celles semées en avril (figure 3).
Ainsi, le respect des bonnes conditions et le décalage de la date de semis représentent des leviers agronomiques efficaces pour lutter contre les altises.
Auteurs : Marine Cnudde, Maëlle Le Bras, Quentin Girard, Louis Heck, Cynthia Torrecillas (Arvalis).