Rapprocher agriculteurs sans successeur / candidats à l'installation sans ferme
Plus précisément : l'objectif du partenariat entre Maïsadour et les MFR de Aire-sur-l’Adour et de Mont, formalisé par la signature d'une convention le 15 mai, est de rapprocher des agriculteurs sans successeur, avec une ferme à transmettre dans les 3 à 8 ans, et des apprenants, sans exploitation à reprendre avec un projet d'installation agricole après leurs études.
Former la relève en conditions réelles
Cette mise en relation cédants/repreneurs d'exploitations a également un but de formation des futurs installés en agriculture, grâce à l'apprentissageou a minima un stage de découverte. Ainsi, ils sont en situation réelle, sur le terrain, ce qui favorise le partage avec l'exploitant en place et la transmission des savoirs et savoir-faire, aussi bien techniques qu'économiques et stratégiques.
Coopérative/Maisons familiales : chacun son rôle
La coopérative agricole repère les fermes sans successeur. Elle s'assure d'abord qu'elles sont « économiquement viables », puis que les producteurs sont prêts à former des jeunes et à leur céder leur structure dans les cinq ans. « Leurs produits doivent être valorisés par Maïsadour ou une de ses filiales », précise-t-elle. Les Maisons familiales rurales, elles, idenfie les élèves de 2nde au BTS souhaitant s'installer en agriculture d'ici 10 ans.
Un accompagnement du cédant et du jeune
Les MFR et Maïsadour suivent l’étudiant et le cédant pendant les diverses étapes du parcours de transmission agricole. « Trois mois avant la fin du cursus scolaire, l’hypothèse de la reprise sera validée entre les deux parties », indique le groupe coopératif.
L'accompagnement du futur agriculteur par la coop, technico-économique, se poursuit ensuite à travers la Charte jeunes adhérents de Maïsadour d'une durée de 5 ans. L'année précédant l'accord partenarial avec les deux établissements agricoles, 94 jeunes coopérateurs ont profité de ce suivi.
Pour la coop : « assurer la pérennité des filières »
Selon Daniel Peyraube, son président, il est de la « responsabilité de la coopérative d'assurer la continuité des exploitations et donc leur transmission, enjeu majeur de l'agriculture dans les années à venir, en colloborant avec l’enseignement agricole ». C'est « essentiel pour la pérennité de la vie agricole sur notre territoire et celle de nos filières », appuie-t-il. D'autant que la plupart de ces fermes sont « performantes ».
Puisque « les repreneurs "classiques" sont de plus en plus rares », et que « les jeunes installés ont des profils différents, nous devons aller à leur rencontre », estime le président de Maïsadour.
Faciliter l'accès aux Nima.
Car, pour relever le défi de la transmission, il est important de « faciliter l’installation des personnes non issues du milieu agricole (Nima) qui représentent 40 % des reprises ». La convention avec ces deux MFR s'inscrit dans cette logique en créant des liens entre les cédants et ce nouveau public.
Pour les MFR : « rendre les formations attractives »
« Une opportunité, pour nos établissements, de rendre leurs filières agricoles attractives pour les étudiants qui ont envie de s'installer, mais pas d'exploitation familiale ou une structure trop limitée. Cette collaboration rassure également les parents, car elle aide à l'insertion professionnelle de leurs enfants », mettent en avant Nadine Darribeau, présidente de la MFR d’Aire-sur-l’Adour et et Nicole Hautbois, de la MFR de Mont.
Un groupe de travail dédié à la transmission
Depuis deux ans, dans le cadre de la stratégie Ambition 2030, Maïsadour a mis en place un groupe de travail regroupant l'ensemble des productions, dont l'un des axes prioritaires concerne la transmission. En juin 2023, un autre, intitulé "Transmission & Reprise des exploitations agricoles", voit le jour, avec deux experts dédiés. Il ne s'agit pas de « se substituer aux acteurs » historiques dans ce domaine, mais de travailler en collaboration de manière coordonnée, argue la coopérative.
Être accompagnés par leur coopérative : une attente des adhérents.
Qu'elle les accompagne, techniquement, économiquement et humainement, dans ce moment clé de leur carrière est une attente des adhérents, qui se sentent parfois perdus ou soumis à une trop forte « pression ». 27 en ont d'ores et déjà bénéficié. Pierre Lafargue, 60 ans, polyculteur-éleveur à Doazit dans Les Landes, et producteur en particulier de tournesol, soja et maïs waxy, témoigne :
« Lorsque j’ai envisagé de céder la ferme, j’ai contacté le technicien de la coop car je n’avais pas identifié de repreneur. Transmettre mon exploitation est une préoccupation majeure pour moi, qui me tient particulièrement à cœur. Ce n’est pas seulement une entreprise qu’on transmet, mais son propre outil de production, fruit du travail d’une vie ! »
« Tester le repreneur en apprenti, l'idée m'a plu »
« Je veux absolument que le futur agriculteur reprenne l’activité d’élevage, partie intégrante de l’identité de notre territoire et de son avenir. Mon technicien m’a parlé du programme Transmission de Maïsadour. Comme je m’y prenais 3 ans avant mon départ à la retraite, la coopérative m’a suggéré d’embaucher un alternant pour le former afin qu’il puisse se projeter sur l’exploitation, une sorte de test avant l'installation. »
« L’idée m’a plu ! On m’a expliqué les aides disponibles pour l’alternance et proposé des jeunes qui pourraient être intéressés. Aujourd’hui, nous étudions les modalités, c’est le début. Transmettre sa ferme prend du temps, c’est un vrai projet dans lequel il faut s’investir. Il faut beaucoup d’anticipation. »
« Donner envie sans cacher la réalité ni faire peur »
Découvrez aussi le témoignage de Jean-Luc Blanc-Simon qui espère transmettre, à sa fille Noémie, sa structure et son « amour » du métier d'agriculteur, en lui « donnant envie » sans lui « cacher la réalité des choses ni lui faire peur ». « La fierté ultime, et une joie intense, c'est qu'après, ça continue ! », lance-t-il. Noémie, elle aussi, fait part de ses inquiétudes.
Tous deux jugent que la transmission et l'installation sont un véritable « parcours du combattant » qui « revient très cher », avec « beaucoup de temps entre chaque phase et des aides financières difficiles d'accès ». Noémie considère, par ailleurs, « ne pas avoir toutes les solutions » à disposition pour faire face aux exigences réglementaires, environnementales et citoyennes. Tout cela, d'après elle, dissuade de nombreux jeunes de s'installer.
Simplifier les démarches administratives
Cette vidéo fait partie de la campagne #Fierdenospaysans, lancée par le groupe coopératif sur les réseaux sociaux pour communiquer sur l'agriculture et les agriculteurs : les atouts et les contraintes/difficultés de cette profession entre autres, économiques, climatiques, administratives, de renouvellement générationnel, et les leviers actionnés pour s'adapter. Les coopérateurs sont unanimes : pour renouveler les générations d'exploitants agricoles, ils appellent à « simplifier les démarches » et formalités.