Les céréaliers ne sont toujours pas remis de la réforme de la Pac et de la baisse des aides. Elle les conduira à percevoir moins d’aides que les Allemands et même que les Roumains en 2019. Mais le 16 juin prochain, jour choisi par les responsables de l’Association spécialisée de la Fnsea pour fêter les 90 ans de l’organisation, il n’est pas question de sombrer dans le pessimisme. L’anniversaire sera célébré en "grandes pompes" en engageant les invités à réfléchir à la production de céréales, et de blé en particulier à l’horizon de 2030. Philippe Pinta, président de l’Agpb et Dominique Chambrette, vice-président, vont s’affranchir, le temps d’une journée, du rythme imposé par les réformes successives de la Politique agricole commune pour imposer le leur.
Le colloque "Génération blé" du 16 juin prochain, qui se déroulera au Centre national des industries et des technologies à Paris-La Dépense, sera l’occasion de présenter les voies vers lesquelles les céréaliers pourraient s’engager pour produire plus et mieux.
Le livre blanc "Ambition céréales 2030" dresse en 12 points les défis à relever d’ici 2030 « pour produire plus et pour produire mieux ».
Selon ses contributeurs, de jeunes céréaliers de l’Agpb, les exploitations seraient dans quinze ans plus grandes et performantes tout en restant financées par des capitaux familiaux. Les technologies les plus performantes (génétique, agronomie), l’informatisation des exploitations et une formation permanente des agriculteurs font partie des conditions à réunir pour réduire la consommation d’intrants et pour être plus rentables.
A l’agro-écologie défendue par Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, l’Agpb opte pour la bioperformance, un « savant équilibre entre performances économiques, écologiques et productivité de la terre ».
Pour l’association spécialisée de la Fnsea, « il n’est pas question de renoncer à produire plus pour produire mieux comme le laissent entendre certains adeptes de l’agro-écologie. »
Toujours selon l’Agpb, la France doit non seulement accroître son potentiel de production pour exporter plus de blé mais aussi pour développer la transformation de son blé en produits industriels qui se substitueront à ceux dérivés d’hydrocarbures.
La France a aussi vocation à relocaliser dans les bassins céréaliers une partie de sa production agricole avec, pourquoi pas, la construction d’élevages hors-sol de poulets pour en réduire les importations. Celles-ci représentent l’équivalent de 6 millions de tonnes de blé. Les effluents seront mieux valorisés.
Des prix agricoles très volatils
En 2030, la diversification des cultures et l’allongement des rotations feront partie des moyens mis en œuvre pour limiter l’impact des accidents climatiques et réduire la vulnérabilité des cultures aux maladies.
L’augmentation durable de la production de blé d’un demi quintal par hectare et par an, nécessite aussi des outils financiers pour faire face à la volatilité des prix. Les céréaliers de l’Agpb sont ainsi partisans de l’assurance revenu et des aides contracycliques.