La semaine aura débuté par un lundi noir. Les cours du pétrole ont complètement dévissé, en perdant 32 % en début de journée avant de terminer en baisse de 25 %, ce qui a provoqué un mouvement de panique sur les places financières mondiales, notamment le marché des actions, ainsi que sur les matières premières. Les cours n’ont pas pu résister à cette peur généralisée et ont subi de lourdes pertes. À l’origine de cette chute vertigineuse : une guerre pétrolière entre l'Arabie Saoudite et la Russie.
Le Covid-19 a plombé la demande mondiale de pétrole brut. Fin de semaine dernière, alors que le prix du baril perdait déjà près de 30 % depuis début janvier, les membres de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et leurs partenaires (dont fait partie la Russie) s’étaient réunis à Vienne jeudi et vendredi pour tenter de trouver un accord afin de réguler l’offre par rapport à la demande. Mais Moscou a refusé de réduire sa production alors en réponse, l’Arabie Saoudite a pris la décision de réduire drastiquement ses prix du baril à livraison.
Une telle baisse du prix de l’or noir va stimuler la consommation et réduire le besoin de biocarburant, qui est principalement produit à base de maïs mais aussi d'oléagineux tels que le soja, d’où les pertes importantes pour le colza. La graine oléagineuse a ainsi chuté de près de 10 €/t, tandis que le blé est parvenu à limiter ses pertes à 3 €/t. Selon Dax Wedemeyer de US Commodities, les cours du blé « profitent de l'intérêt des fonds spéculatifs, qui y voient une opportunité à l'approche du printemps en raison d'un temps particulièrement pluvieux qui pourrait affecter l'ensemencement. Il est aussi possible que certains profitent de la forte baisse des prix pour liquider leurs positions à la baisse ».
Après la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine qui a tourmenté les marchés agricoles pendant de long mois, la géopolitique s’invite de nouveau à la table des perturbateurs. Les matières premières se retrouvent piégées par de nouvelles tractations internationales brumeuses mais aussi la propagation fulgurante du coronavirus en Europe, et notamment en Italie, qui est désormais devenu le pays le plus touché au monde derrière la Chine, avec 9 172 cas de contaminations avérés et 463 morts ce mardi à 10h30.