« Si le gouvernement veut donner un signal fort de transition de la filière agricole, c'est maintenant qu'il doit le faire, avant le 31 juillet », a déclaré à l'AFP Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab lors d'un entretien. Sinon, la filière bio française sera en grande difficulté, selon elle, alors qu'il y a de plus en plus de demandes de la part des consommateurs. Le ministre Stéphane Travert a déjà acté un « transfert de crédits » venant du 1er pilier de la politique agricole commune (Pac) consacré aux aides à l'hectare, allouées aux céréaliers et à l'agriculture conventionnelle, vers le 2e pilier, destiné aux exploitations en zone de montagne, à l'installation des jeunes agriculteurs et au développement du bio et de l'agriculture raisonnée. Mais il n'a pas encore annoncé le volume de ce transfert, ce qu'il peut faire jusqu'au 31 juillet.
Le sujet oppose, par communiqués interposés, les principaux acteurs de l'agriculture en France. La FNSEA, premier syndicat agricole, est plutôt contre un transfert trop important. L'AGPB qui représente les producteurs de blé s'est fermement engagée contre mercredi soir en dénonçant les « chèques sans provision » du précédent gouvernement qui ne peut plus honorer ses engagements de financer les aides à l'agriculture biologique, victime de son succès. De fait, les régions qui gèrent les fonds issus du 2e pilier de la Pac « n'ont plus un centime pour financer les aides à l'installation et au maintien des agriculteurs bio » a rappelé Mme Pageot.
« Selon les dernières informations en provenance du ministère, le gouvernement envisagerait de demander un transfert de 5 à 6 % du budget du 1er pilier de la Pac alors qu'il est autorisé à transférer jusqu'à 15 %. C'est très insuffisant pour montrer à Bruxelles que la France s'engage sur une politique claire en faveur de la bio », a souligné Mme Pageot. Selon elle, 1 % du budget du 1er pilier représenterait environ 75 millions d'euros. Soit, selon ce ratio, une enveloppe potentielle de 1,125 milliard d'euros. Le ministre a reconnu jeudi « une impasse financière portant sur 853 millions d'euros » devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale.