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Tours de plaine, échanges et acquisition de références techniques
Aujourd’hui, le projet regroupe 13 agriculteurs du nord de la France, certains dans des systèmes céréaliers et d’autres avec des cultures industrielles et légumières. Au programme : tours de plaine (un par mois environ), échanges entre agriculteurs, partage d’expériences et acquisition de références techniques. Pour les aider, les agriculteurs peuvent compter sur Guillaume Lecuyer, ingénieur agronome chez TFT, qui suit leurs expérimentations, les conseille pour le réglage des outils ou la mise en place de leur assolement, etc.
Parmi les agriculteurs : Guillaume Bruniaux, installé en polyculture-élevage porcin à Davenescourt (Somme), cultive sur 200 ha céréales, colza, lin, pois protéagineux et betterave à la limite entre le Santerre et le Plateau picard. Il travaille en techniques culturales simplifiées depuis près de 20 ans. À la base, c’était surtout pour améliorer la teneur en matière organique (MO) de ses sols. « La MO agit comme une éponge, précise Guillaume Lecuyer. Plus son taux augmente, plus la réserve utile du sol sera grande ». L'agriculteur s'est tourné « naturellement vers l’ACS il y a deux ans ». Objectifs : « limiter l’érosion hydrique et la perturbation du sol ». Guillaume Bruniaux a également vu ses charges de structure (mécanisation, carburant) diminuer. Le groupe Sols vivants lui permet de ne pas se sentir seul dans cette transition : « nous pouvons partager nos bonnes pratiques et acquérir des références avec les expérimentations de chacun ». Pour se lancer en ACS, « l’important est de se sentir prêt, le frein est avant tout psychologique ».
Guillaume Bruniaux se préoccupe aussi de trouver des couverts plus riches. Il mettait déjà de la moutarde classique avant que cela ne soit obligatoire : « c’était simple et économique ». Puis au fil du temps, il a ajouté de l’avoine rude et utilise maintenant des couverts multi-espèces « pour augmenter la fertilité des sols », précise-t-il. Il teste, cette année, un couvert type biomax. Les couverts doivent « produire un maximum de biomasse pour recycler les éléments minéraux et assurer une bonne couverture du sol afin de limiter la levée des adventices », explique Guillaume Lecuyer. Les différentes espèces du couvert ont chacune une action spécifique et remplacent le travail du sol aux différents horizons.
Autres expérimentations mises en place par Guillaume Bruniaux sur son exploitation : la technique du colza associé avec de la féverole depuis deux ans. Cette dernière est bénéfique pour l’azote et a une action insecticide, contre les larves d’altises. L’agriculteur essaye aussi de jouer sur la densité du couvert et de la culture en place « pour limiter le salissement (notamment ray-grass) et ainsi le recours au glyphosate ».
Tout à construire pour les cultures industrielles
Pour les cultures industrielles, cela s’avère plus compliqué : peu de références sont disponibles à ce sujet. Il faut essayer de « limiter le travail du sol au maximum », indique Guillaume Lecuyer. En betterave, l’agriculteur de Davesnecourt a arrêté le labour depuis une dizaine d’années et teste pour les prochains semis la technique du strip-till : un passage à l’automne sur la ligne de semis et semis au printemps.
Du côté de Rosières-en-Santerre (Somme), Éric Proot cultive, lui, blé, betterave, pois et haricot vert en dérobé, ainsi que des pommes de terre sur 150 ha. Quasiment depuis son installation dans les années 2000, il a fait le choix de ne plus utiliser sa charrue au profit du décompacteur dans ses limons battants. Résultats : « fini la semelle de labour dans les parcelles et les terres se montrent plus filtrantes », observe l’agriculteur. L’agriculteur essaye aussi de travailler avec des couverts plus complexes (environ 6-7 espèces), notamment des légumineuses afin de piéger l’azote atmosphérique.
Pour réduire la compaction des sols en pommes de terre, Éric Proot et d'autres agriculteurs du groupe testent le pré-buttage d'automne pour les prochaines plantations. « Cette étape a été réalisée cet automne sur terre sèche et j’ai semé aussitôt un couvert multi-espèces pour maintenir les buttes jusqu’au printemps », confie l'agriculteur. Il existe peu de références techniques concernant ces pratiques, tout reste à inventer ! « Le groupe permet d'échanger entre agriculteurs pour trouver une méthode qui fonctionne ». Rendez-vous l'année prochaine pour voir les premiers résultats !