L’agriculture de précision fait des émules. Mathieu Poixblanc, polyculteur-éleveur en Seine-Maritime, n’a plus besoin d’être convaincu. Depuis 6 ans, il est utilisateur de be Api, l’idée pour lui n’est pas de « faire moins, mais de faire mieux ». Idem pour Sébastien Lebel, installé dans l’Eure « be Api est un outil intéressant pour mesurer ce que l’on fait et mieux communiquer sur nos pratiques ».
be Api est une démarche d’agriculture de précision fondée sur l’hétérogénéité intra-parcellaire afin d’aider à gérer au mieux les intrants et les interventions culturales. Des cartes de fertilité et/ou de potentiels du sol sont réalisées et conduisent à un conseil optimisé. Récemment, cette solution proposée par les coopératives du réseau InVivo, s’est enrichie de nouvelles données, comme la mesure de l’APM (mesure de l’azote potentiellement minéralisable) et la matière organique pour spatialiser la minéralisation à l’échelle intra parcellaire. be Api propose aussi d’appréhender les quantités de carbone stockées par les couverts végétaux.
« be Api se résume à un panel d’indicateurs fiables et dynamiques qui permettent d’accompagner les agriculteurs dans leur transition agro-écologique », expliquait Sébastien Benoist, à l’occasion d’une journée de présentation et de témoignages à Rouen, le 15 février 2024.
« Pas moins mais mieux »
Mathieu Poixblanc exploite 150 ha de cultures et prairies. L’exploitation compte aussi un atelier de 120 vaches laitières. Adhérent de la coopérative Natup, il a fait le choix d’investir dans l’outil be Api, un investissement qu’il estime « négligeable à l’échelle d’une carrière d’agriculteur ». Mais d’un point de vue technico-économique « l’idée était d’aller chercher quelques quintaux supplémentaires en exploitant l’hétérogénéité intra-parcellaire » précise l’agriculteur. La cartographie fertilité lui a fait prendre conscience de certains déséquilibres.
Désormais il pratique, entre autres, la modulation des semences de blé et de maïs fourrage. « L’idée n’est pas d’augmenter la densité, mais de l’adapter au potentiel, si la densité moyenne reste identique à l’échelle de la parcelle, les doses de semis varient de 220 à 290 grains/m² en blé. Ainsi, j’ai pu passer de 85 à 100 q sur une parcelle en modulant fertilisation et doses de semis. Je ne cherche pas à faire moins, mais je fais mieux ! »
« Communiquer sur ses pratiques »
Sébastien Lebel est, quant à lui, agriculteur dans l’Eure, sur le canton de Pont-Audemer. Sur son exploitation de 135 ha, Sébastien Lebel est passé au semis direct en 2019. Il a investi dans un semoir Sly Boss équipé de 3 trémies. « be Api m’aide à mettre en œuvre l’agriculture de précision sur l’exploitation. En évaluant l’hétérogénéité des parcelles, j’ajuste au mieux les intrants. J’étais loin d’imaginer qu’il y avait autant de différences à l’échelle d’une parcelle. Mais cela permet d’avoir une vision plus fin et une conduite culturale optimisée », confie l’agriculteur.
Par ailleurs, il intègre désormais be Api CarboN. À partir des mesures de biomasse et la cartographie intra-parcellaire, l’outil spatialise la quantité de carbone stockée et la quantité d’azote libérée pour la culture suivante. Chez Sébastien Lebel, converti au semis direct, les couverts d’interculture avant culture d’hiver ou culture de printemps sont intégrés à l’assolement. « Pour en tirer tous les bénéfices, le couvert d’interculture doit se gérer comme une culture à part entière » précise-t-il. « be Api CarboN mesure précisément ce que je produis en termes de biomasse, et le carbone que je stocke. C’est un excellent outil de communication pour montrer et justifier nos pratiques », poursuit Sébastien Lebel.
« Les couverts végétaux apportent beaucoup de bénéfices, il faut les appréhender avec un regard nouveau. Avec la perspective de vendre des crédits carbone, il faudra, preuve à l’appui, justifier en mesurant les stocks de carbone. Ainsi be Api CarboN accompagne pleinement les agriculteurs dans leur transition agro-écologique », conclut Aurélie Oliviero, responsable valorisation des démarches agro-écologiques à la coopérative Natup.