Si les rendements betteraviers sont en hausse cette campagne, à 91 t/ha en moyenne au niveau national, « les exploitations de grandes cultures traversent une crise économique d’une gravité inédite », a rappelé Franck Sander, président de la CGB, devant la ministre de l’agriculture présente à l’assemblée générale du syndicat.
Les explications à cette situation ne manquent pas. Sur le plan européen, l’accord UE-Mercosur, la proposition de future Pac avec un budget en diminution, ou encore la mise en œuvre, prévue au 1er janvier 2026, du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) restent inacceptables pour les agriculteurs français que la FNSEA et Jeunes agriculteurs appellent à manifester à Bruxelles le 18 décembre.
MACF, Mercosur : opposition nette de la France
« Je ne peux que vous encourager à être nombreux », les a soutenus Annie Genevard, jugeant plus logique de voir les agriculteurs à Bruxelles que déposant un cercueil devant son ministère. La ministre a rappelé son opposition totale à l’accord UE-Mercosur, ainsi que les lignes rouges de la France : clause de sauvegarde réellement opérationnelle, mesures miroirs et contrôles renforcés aux frontières.
Même position sur le sujet du MACF, qui « partait d’un principe juste », mais « ne doit pas devenir une charge supplémentaire au point d’asphyxier nos exploitations », estime la ministre, qui demande le report de sa mise en œuvre et le réexamen des conditions permettant d’exclure définitivement les engrais de ce mécanisme. En parallèle, « nous devons œuvrer parallèlement à Bruxelles pour en neutraliser les effets », estime-t-elle.
« Pas d’obstacle pour le renouvellement de la dérogation » pour le Movento
Sur le plan français, les betteraviers restent dépités par les conséquences de la jaunisse qui a de nouveau impacté les rendements dans plusieurs zones de production et demandent une indemnisation des pertes.
Alors que la réintroduction de l’acétamipride, prévue par la loi Duplomb-Ménonville, a été retoquée par le Conseil Constitutionnel l’été dernier, une nouvelle proposition de loi sera à nouveau présentée début 2026, a promis le sénateur de la Haute-Loire Laurent Duplomb, auteur de la première loi. Quant à la campagne à venir, « après analyse par mes services, il n’y a pas d’obstacle pour le renouvellement de la dérogation 120 jours pour Movento et Agriodor », a annoncé Annie Genevard, ajoutant que les demandes pouvaient donc être formulées par les agriculteurs. La ministre a ainsi rappelé les conclusions du rapport de l’Inrae, qui est « clair sur le fait que la protection contre la jaunisse repose à court terme sur Movento et Teppeki ».
Renforcer la compétitivité française
Enfin, au lendemain de son discours de lancement du Grand Réveil Alimentaire, la ministre a également rappelé son engagement en faveur de la compétitivité des filières agricoles françaises. Un combat qui se traduit, explique-t-elle, à travers des allègements de charges dans le budget 2026, la loi d’orientation agricole, mais également le maintien d’une fiscalité avantageuse pour les biocarburants, alors que le projet de loi de finances pour 2026 prévoyait initialement une forte hausse, notamment sur l’E85.
« Je vous incite à aller voir vos parlementaires de tout bord et les engager à voter le budget car dans le PLFSS, dans le PLF, il y a beaucoup de mesures agricoles qui trépasseront s’il n’y a pas de budget », a également exhorté la ministre, peu confiante sur la possibilité de réintégrer ces nouvelles mesures budgétaires en cas de rejet du budget.