Job dating sur Innov-Agri
« Rencontrer un candidat sans voir son CV, cela donne plus d’ouverture »

L'originalité du job dating : les entreprise ne voient le CV du candidat que le jour de l'entretien. (©Terre-net Média)
L'originalité du job dating : les entreprise ne voient le CV du candidat que le jour de l'entretien. (©Terre-net Média)

 

Leverde Koyassamba a parfois un peu de mal à décrocher des entretiens d’embauche dans le secteur agricole. « Là, j’ai été agréablement surpris et même impressionné d’avoir quatre rendez-vous calés », raconte-t-il. C’est la première fois que ce demandeur d’emploi en agriculture, à la recherche d’un poste de conseiller de gestion d’entreprise agricole, participait à l’opération.

Le principe du job dating : des entretiens de 15 min entre candidats et entreprises « pour un premier contact ». Une centaine étaient planifiés au salon Innov-agri sur cinq demi-journées, soit le même nombre que lors de la précédente édition. « C’est grâce aux entretiens visio que l’on a pu maintenir ce chiffre », remarque Kristen Le Clainche, responsable de Job Agri, le site d’emploi du groupe France agricole qui organisait l’opération avec l’Association pour l’emploi des cadres dans l’agriculture (Apecita).*

« Davantage d’offres que de candidats »

Une centaine de postes, majoritairement en CDI, étaient proposés, soit presque deux fois plus qu’il y a trois ans. Ce sont essentiellement des techniciens et ingénieurs agricoles que les entreprises recherchent : conseillers, expérimentateurs, technico-commerciaux ou encore mécaniciens et techniciens de maintenance. Le besoin de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire semble progresser d’année en année, « on a davantage d’offres que de candidats », glisse l’organisatrice de l’opération.

Dans l'agroéquipement, on a plus de mal à recruter que dans l’industrie automobile ou l’aéronautique !

« Il y a une vraie problématique emploi notamment dans les métiers de la production agricole, constate Kristen Le Clainche. Dans les entreprises d’ agroéquipement, on a plus de mal à recruter que dans l’industrie automobile ou l’aéronautique ». C’est le cas de Promodis, Méthivier, Kuhn ou du groupe Lecoq par exemple. La raison ? « Sans doute la méconnaissance de la filière », croit savoir Emmanuelle Bergoënd, déléguée régionale de l’Apecita. « Il y a beaucoup de technologies, mais ceux qui ne sont pas issus du milieu agricole ne le savent pas. »

« On a déjà embauché » via ce dispositif

Conséquence de cette pénurie de main-d’œuvre diplômée, « les entreprises sont de plus en plus ouvertes à former les candidats sur place », rapporte Kristen Le Clainche. Parmi elles : le Crédit agricole Centre-Loire, qui recherche des conseillers clientèle agricole, ayant au minimum bac + 3 ou 4 avec un parcours d’ ingénieur agri. « L’avantage de ce forum, c’est qu’on est en face de candidats qui ont une réelle expertise dans l’agriculture », se réjouit Adeline de Almeda, chargée de développement RH.

Toutes les candidatures sont triées en amont par l’Apecita. C’est ainsi que le Crédit agricole n’a pas eu faire de choix avant les entretiens. « On a déjà recruté grâce au job dating, c’est pour cela que l’on revient à chaque édition, glisse Mustapha Mekchouche, lui aussi chargé de développement RH. C’est également un moyen pour nous de présenter nos métiers, qui évoluent ».

Un premier contact bénéfique

Le job dating présente une singularité qui semble être appréciée du côté des recruteurs comme des demandeurs d'emplois : ici, les entreprises ne découvrent les CV que le matin même. « Certaines nous ont dit qu’elles n’auraient jamais sélectionné tel candidat sur son CV », rapporte Kristen Le Clainche. La formule permettrait donc davantage d’ouverture, comme le suggère Mustapha Mekchouche.

Confirmation d’Annabelle Orion, responsable RH de la chambre d’agriculture Centre : « J’ai reçu une candidate en visio, elle a un profil plutôt économie générale, elle m’a paru intéressante par ses connaissances d’école, ses aptitudes, sa culture, autant d’éléments que l’on ne voit pas sur le CV, alors que si je l’avais consulté avant, je ne l’aurais sans doute pas reçue à cause de son manque d’expérience ». Leverde Koyassamba repart en tout cas de ses entretiens avec le sourire : « Ce n’est qu’un premier contact mais je pense que j’ai été à la hauteur ».

Si j'avais consulté son CV avant, je n'aurais sans doute pas reçu ce candidat.
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