Pourquoi former, dès leurs études, les jeunes à la reprise de fermes

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Terre-net : Pourquoi une école comme UniLaSalle, qui forme des ingénieurs, des vétérinaires, des étudiants en mastères et bachelors, certes dans le secteur agricole notamment, a créé une mineure (module d’enseignement) sur la transmission-reprise d’exploitation ?

Maryem Cherni, enseignante chercheuse en stratégie et économie d’entreprise, et responsable de la mineure : « Cela répond à un besoin réel et un enjeu crucial de l’agriculture aujourd’hui en France : le renouvellement générationnel agricole face au vieillissement de la population d’exploitant(e) s, et au recul du taux de transmission des fermes pour des raisons diverses et variées. La formation est l’un des leviers pour faire face à ce défi. Notre obligation en tant qu’enseignant chercheur est de former les nouvelles générations d’agriculteurs et de les accompagner dans leur parcours d’installation. »

« Former : un levier face au défi du renouvellement des agriculteurs »

« UniLaSalle est pionnière dans ce type de démarche. Une enquête, menée en 2019-2020 par la chaire Alliance Agri Avenir (voir ci-dessous), à laquelle ont répondu 180 de nos apprenants, avait d’ailleurs montré qu’ils étaient demandeurs pour suivre ce genre de programme. 50 % d’entre eux envisageaient de s’installer en agriculture. Or jusqu’à présent, le « parcours entrepreneuriat » à leur disposition ne traitait pas tellement de la création ou reprise d’entreprises agricoles. »

Terre-net : Auxquels de vos élèves s’adressent les enseignements dispensés ?

Maryem Cherni : « Ils peuvent intéresser plusieurs profils : les fils ou filles d’exploitant(e) s qui vont reprendre l’exploitation familiale, mais aussi les jeunes non issus du milieu agricole qui souhaitent devenir agriculteur ou agricultrice, et s’installer derrière un tiers, ou encore celles et ceux qui se destinent à des métiers de conseil en agriculture. Le contenu est fait pour répondre à la diversité de leurs attentes, besoins et objectifs. Le but de la mineure est de les aider à concrétiser leurs projets. Une quarantaine d’étudiants se sont inscrits dès la première édition. »

Terre-net : Justement, quels sujets sont abordés, et de quelle manière ?

Maryem Cherni : « Le programme (60 h de cours) a été construit de façon à couvrir tous les aspects intervenant dans le processus de transmission-reprise en agriculture : l’évaluation de l’entreprise, la valorisation et les modes d’accès au foncier, l’un des principaux freins à l’installation agricole, la fiscalité, la réglementation, les statuts juridiques, le financement, etc. mais aussi, plus immatérielles, les relations humaines (à lire prochainement l’article dédié aux enseignements proposés pour la mineure sur ce sujet par Émilie Bonnamy, coach et présidente d’ELB Conseil) très importantes et souvent négligées. »

« Échanger avec des jeunes agriculteurs, pour ensuite se mettre dans leur peau »

« En complément : des travaux pratiques pour qu’il y ait un équilibre entre l’apport de connaissances théoriques et leur mise en application, sur le terrain. Le premier, réalisé avec la chambre d’agriculture de l’Oise, consiste à aller interroger des jeunes agriculteurs. Le but est de favoriser un retour d’expérience, de personnes récemment installées à des jeunes qui ont ce projet à court ou plus long terme et qui découvrent ainsi d’autres situations que la leur, ou qui en tant que conseillers participeront aux dispositifs d’accompagnement. Ils peuvent apprendre et s’inspirer des réussites et des obstacles rencontrés. Un apprentissage basé sur l’échange. »

« Le deuxième travail est une étude de cas de transmission-reprise familiale ou à un tiers, élaborée par le CDER de la Marne en s’appuyant sur les dossiers suivis par les comptables. Les élèves se mettent dans la peau de futurs installés : ils présentent leur étude économique, leur business model, devant des financeurs factices – un jury composé des intervenants de la mineure – et doivent défendre leurs choix à travers une réflexion stratégique et en montrant qu’ils savent manier les chiffres. Comme ils devront le faire plus tard, qu’ils soient exploitants ou conseillers, alors ils sont très motivés ! Cela leur permet, en outre, de mobiliser tout ce qu’ils ont vu au cours de ce module, et plus largement durant leur cursus UniLaSalle, leurs stages, etc. »

Terre-net : Quelles suites à ce projet ?

Maryem Cherni : « J’espère que cette initiative fera des émules dans d’autres écoles d’ingénieurs et dans les lycées agricoles. Je suis prête à épauler mes collègues dans la mise en place et, plus largement, tous ceux qui désirent favoriser le renouvellement des générations en agriculture. » La mineure est d’ailleurs reconduite cette année, du 9 au 22 décembre 2024, avec des contenus et une forme similaires. 34 étudiants y participent.

Trois étudiants en parlent !

Elie, Augustin et Albéric ont suivi cette mineure l’an dernier. Ils nous disent, en vidéo, pourquoi ils se sont inscrits, ce qu’ils en ont pensé et en quoi ce module les aidera pour leurs projets professionnels futurs, qu’ils souhaitent s’installer ou devenir conseiller agricole, et peut-être accompagner les futurs installés ou les cédants :

https://dai.ly/k36iQZPjQMvNURC2jRO

Dans un cas comme dans l’autre, ils voulaient découvrir le parcours d’installation agricole, les différents organismes qui interviennent et éléments à prendre en compte : juridiques, fiscaux ou plus techniques. Et la mineure a répondu à leurs attentes. Tous trois la jugent « hyper intéressante » et ont apprécié la diversité des intervenants, qui ont expliqué leurs métiers, même s’ils auraient aimé qu’il y ait aussi la Safer, la DDTM, des notaires.

Des repères chiffrés et retours d’expériences utiles pour plus tard.

Ils mettent en avant les travaux pratiques qui « ont apporté du concret à ce travail, avec beaucoup de repères économiques, chiffrés », « d’échanges » et la possibilité d’avoir « des retours d’expériences et des avis » à confronter au contenu théorique de ce programme et aux situations personnelles des élèves. « Des notions d’économie, de gestion et des exemples de projets et de parcours » qui leur serviront dans leur avenir professionnel. « On entend parler vaguement à l’école de l’installation, de la création-reprise d’entreprise agricole. Mais concrètement, on ne sait pas bien à quoi s’attendre », résume Albéric.

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