« Pour bien régler sa machine, il faut retracer le chemin du grain dans la moissonneuse-batteuse », conseille Gérard Besnier, formateur en machinisme pour les chambres d’agriculture. Avant de s’attaquer au réglage du batteur, mieux vaut vérifier ceux de la coupe et du convoyeur. « Pour un battage optimal, la céréale doit arriver dans le batteur l’épi en premier ». La coupe doit être réglée de sorte que les tiges convoient de manière ordonnée sur le tablier.
La coupe
Lors de la fauche, les épis doivent tomber sur le tube de la vis d’alimentation. « S’il tombe plus tard, la paille risque de se coincer dans la spire. » Quelle que soit la machine, la vis d’alimentation présente sur la barre de coupe doit tourner à une vitesse de 5 m/s. Au-delà, on risquerait d’engorger le convoyeur. D’autant que « plus la spire tourne vite, plus la paille risque de glisser ».
Pour la moisson des céréales à paille, une distance de 10 – 12 cm est recommandée entre la spire et le fond de la coupe. « Après chaque réglage, il faut s’assurer que les doigts escamotables ne touchent pas le fond du tablier ». Ces derniers permettent de faire la jonction entre le tablier et le convoyeur. S’il y a peu de matière, il faut les sortir tard pour qu’ils puissent la projeter dans le convoyeur. À l’inverse, avec beaucoup de marchandise, mieux vaut les sortir complètement à l’avant. « Si des épis reviennent, c’est que les doigts sortent trop tard », précise le conseiller.
Les rabatteurs doivent quant à eux venir taper la céréale en dessous de l’épi. « C’est un rabatteur, pas un batteur », sourit Gérard Besnier. « Son rôle est d’accompagner l’épi pour qu’il tombe en premier. » Sa vitesse est souvent proportionnelle à l’avancement de la machine, bien qu’ajustable.
Penser également à vérifier le lamier. « Selon les systèmes, il faudra remplacer les éléments usés, et surtout s’assurer que la scie coulisse bien. »
Le convoyeur
Le convoyeur se compose de plusieurs chaînes. Leur rôle est d’homogénéiser le flux de matières en direction du batteur. « Si un bouchon arrive depuis la coupe, les chaînes doivent être assez souples pour permettre de lisser le flux de matière. » Mieux vaut également vérifier que les barrettes soient assez agressives. Elles seules assurent l’acheminement des céréales au batteur.
La vitesse du batteur
Il faut adapter les réglages à la culture, et à la facilité de détachement de la graine. « Si la graine se détache facilement, ça ne sert à rien de le faire tourner trop vite. »
Le battage du grain s’effectue par choc et par friction. Si les battes et contrebattes assurent l’égrainage, la friction des céréales est également essentielle à la séparation du grain de l’épi. « On le voit bien lorsqu’on égraine du blé à la main. Ça va toujours mieux avec plusieurs épis entre les paumes. »
L’enjeu est donc de charger le batteur suffisamment pour que la friction entre épis favorise l’égrainage, sans le faire bourrer ! Quand on décharge le batteur (lorsqu’on relève la coupe en bout de ligne par exemple), les épis se retrouvent ferraille contre ferraille et des ôtons arrivent en trémie.
Les propriétés agronomiques du blé font qu’il s’égraine dans le batteur à une vitesse tangentielle de 23 à 27 m/secondes. Il faut donc régler son batteur pour qu’il atteigne cette vitesse périphérique. Et comme tous les batteurs ne sont pas du même diamètre, tous n’ont pas besoin du même nombre de tours par minute pour atteindre cette vitesse. « Sur une Lexion nouvelle génération, avec un batteur de 75,5 cm, le réglage se situe entre 600 et 700 tours/minute. Sur des machines avec un batteur de plus petit diamètre, comme une Medion 310, il faudra tourner dans les 1 000 tours/minute ».
Et pour le conseiller, il ne faut pas hésiter à baisser en régime si les conditions le permettent. « Les constructeurs voient souvent large en nombre de tours. Si le blé est bien sec, on peut retirer assez facilement 50 à 100 tours. » Attention toutefois à ne pas bourrer la machine. « On diminue toujours 50 tours par 50 tours ! ».
Le serrage du batteur
Vient ensuite le réglage du serrage, entre le batteur et le contre-batteur. Pour Gérard Besnier « mieux vaut jouer serré » ! Compter le diamètre d’un épi à l’entrée (soit 10 – 12 mm), et la hauteur d’un grain + 2 mm en sortie (soit 5 – 6 mm) sur des batteurs montés convergents. Mais il insiste : « Il y a souvent plus à jouer avec la vitesse de rotation qu’avec le serrage. C’est souvent la vitesse qui casse les grains. »
Le contre-batteur
Pour limiter les pertes, il faut que 90 % des céréales passent au travers du contre-batteur pour rejoindre la trémie. Les 10 % restant rejoignent alors les secoueurs, ou séparateurs rotatifs. « Dans l’idéal, il faut descendre les deux tiers de la récolte sur le premier tiers du batteur pour éviter les pertes. »
Pour assurer une bonne descente des grains, l’écartement des fils doit être suffisant. « Pour battre du blé ou de l’orge, on conseille généralement d’espacer les fils de 12 mm. » Si le grain ne sort pas au niveau du contre-batteur, il part dans la paille. On risque d’avoir des pertes aux secoueurs ou aux rotors.
Penser également à vérifier l’état des battes et contre-battes. « Il faut généralement les changer à 1 500 heures, où lorsqu’elles ont perdu 3 mm d’épaisseur. » Pour ne pas déséquilibrer le batteur, il est conseillé de les changer par paire.
La séparation
Les séparateurs rotatifs ont été installés pour gagner en débit de chantier, les secoueurs ayant tendance à limiter la vitesse d’avancement. Question réglage, mieux vaut opter pour le débit : « Il faut que ça sorte du batteur. D’autant que généralement, il n’y a qu’une ou deux vitesses possibles. » Seule exception : si l’on trouve qu’il y a beaucoup de menues pailles sur les grilles et que l’on a déjà réduit le régime batteur, on peut alors penser à diminuer la vitesse du séparateur rotatif.
Quant aux secoueurs, compter 150 à 200 coups minutes avec une pente de 20°. Si cet aspect n’est pas réglable, le choix des pneumatiques peut toutefois influer sur l’angle de travail.
Le nettoyage
« En théorie, après le premier tiers de la grille supérieure, on ne doit plus trouver de grain. Mais c’est invérifiable », reconnaît l’expert. Pour limiter les pertes en grain, « je conseille de ne pas trop fermer la grille supérieure de nettoyage, et ne pas hésiter à souffler (propreté en trémie et en fonction de la charge sur la grille) ».