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Le blé a été semé avec un écartement de 15 cm pour permettre le passage de la bineuse (modèle Garford autoguidé par caméra) entre les rangs. Trois passages de bineuse ont été effectués (tableau ci-dessous). Seul le premier a été complété d’un passage de herse étrille (permettant de « casser » les petites mottes et de limiter les repiquages), le blé ayant déjà atteint le stade 2 nœuds lors du second passage.
Le désherbage tout mécanique moins efficace
Les très bonnes efficacités des passages à l’automne 2017 (post ou pré puis post) limitent l’apport du ou des passages de bineuse. La modalité tout mécanique, comprenant un passage d'herse étrille en prélevée et 3 passages de bineuse en sortie d’hiver, apporte une efficacité visuelle de 47 %. Malgré une forte réduction de la biomasse du ray-grass (- 65 %), sa concurrence très précoce et longue (levée tard au moment des binages) a fortement pénalisé le développement du blé tendre. Comparativement, la biomasse à floraison s’élève à 7,5 t/ha contre 9,5 t/ha pour les trois modalités avec herbicides. Cette concurrence a également impacté l’indice de nutrition azotée (INN), qui atteint 0,67 contre des valeurs comprises entre 0,81 et 0,88 pour les modalités avec herbicides. L’INN du témoin est logiquement plus faible, mesuré à 0,62.
Côté rendements
Les rendements du témoin non traité et du désherbage tout mécanique sont significativement inférieurs à l’ensemble des modalités traitées (en lien avec un nombre de grains/m² et des PMG plus faibles, signe d’une concurrence sur l’ensemble du cycle). La modalité « tout mécanique » permet d’obtenir un niveau de 56 quintaux, soit un gain de 18 quintaux par rapport au témoin non désherbé.
Les six modalités incluant des applications herbicides sont équivalentes statistiquement. Dans tous les cas, pour les deux solutions chimiques (post ou pré+post), aucun effet négatif n’est observé suite au(x) passage(s) de bineuse. Le blé n’apparaît pas impacté, probablement du fait des bonnes conditions de passage, non limitantes pour la culture, comme les conditions de fin de cycle.
Et en raisonnant à la marge ?
Sans surprise, le ratio « coût / efficacité » le plus favorable est obtenu avec l’application du programme prélevée puis postlevée seul ou complété par un passage de bineuse. Il s’agit des deux modalités avec les plus hauts rendements bruts et dont les coûts restent proches.
À l’instar des efficacités, la modalité tout mécanique est largement en retrait au niveau de la marge : 779 €/ha, soit plus de 200 €/ha de moins que l’ensemble des modalités herbicides.
Ce qu’il faut retenir
Des passages de bineuses adaptés à de faibles écartements sont possibles sans détériorer le rendement, lorsqu’ils sont réalisés en conditions non stressantes pour la culture. Les gains de cette technique sur des graminées développées sont d’autant plus faibles que le désherbage d’automne a été efficace. Ces gains dépendent des populations et des conditions pédoclimatiques entourant le ou les passages de bineuse.
Enfin, un désherbage uniquement mécanique en culture a de l’intérêt en efficacité et sur le rendement. Il ne permet cependant pas d’atteindre les niveaux des modalités intégrant des herbicides et de gérer totalement les populations importantes en graminées, ce qui implique une augmentation du stock semencier des parcelles.