L' agriculture biologique connaît un véritable engouement en France depuis plusieurs années. « Le marché des produits bio se développe pour atteindre 8,3 milliards d'euros de vente en 2017, avec une croissance annuelle de 18 % », présente Emmanuel Leveugle, agriculteur bio et vice-président du groupe bio d'Intercéréales et de Terres Univia. Et dans ce développement, les grandes cultures bio occupent une place centrale, elles sont destinées à l'alimentation humaine et surtout à l'alimentation animale.
Depuis 2015, les surfaces de grandes cultures bio enregistrent « une forte progression en France, avec environ 65 000 ha supplémentaires chaque année ». Fin 2017, « 392 844 ha de grandes cultures (environ 14 000 fermes) sont engagés en bio, soit 3,3 % des surfaces nationales. La croissance des surfaces engagées en 2018 est estimée à près de 20 %. En agriculture bio, « l'assolement est nettement plus diversifié, avec une présence accrue de céréales secondaires, de soja, d'associations céréales-légumineuses, de protéagineux, de légumes secs et une introduction plus régulière de luzerne dans la rotation », souligne Emmanuel Leveugle.
Un développement marquant aussi chez nos voisins européens
Le constat est assez similaire en Europe : « le marché bio européen a triplé entre 2004 et 2017 », précise Burkhard Schaer du bureau d'études Ekozept. « Près de 2,45 millions d'hectares de grandes cultures étaient engagés en bio fin 2016 dans l'Union européenne (en croissance de 12 % par rapport à 2015) et cela se maintenait en 2017 ». « La tendance est à la consommation verte, même au niveau mondial. Et la demande progresse plus fortement que l'offre en grandes cultures ».
Parmi les principaux freins soulevés par le spécialiste :
- « La facilité de la rotation conventionnelle colza-blé-orge »
- « La valorisation difficile d'une partie de la rotation bio, comme la luzerne ou les légumes secs »
- « Le développement faible des filières industrielles (pomme de terre, betterave sucrière) ».
Toutefois, « certains de ces freins sont en train de sauter ». Avec les attentes sociétales fortes (réduction des intrants...), les industriels s'intéressent de plus en plus à l'agriculture biologique. Burkhard Schaer encourage donc à la conversion : « il y a trop peu de céréales et d'oléo-protéagineux aujourd'hui ». Mais attention, cela ne doit « pas se faire sans le montage de filière solide ». L'organisation des filières est indispensable pour en assurer leur pérennité.