Pour Christophe Naudin, l'interdiction du glyphosate en 2021 serait une impasse pour l'Agriculture de conservation des sols. Il recherche le « meilleur compromis entre impact environnemental, production de qualité et coûts de production raisonnables ». (©Gilles VK) L ors d'une rencontre avec les interprofessionnels agricoles mardi dernier, Emmanuel Macron annonçait la création prochaine d'une start-up d'État dénommée « je m'engage contre le glyphosate », réaffirmant ainsi « la stratégie du gouvernement de sortie du glyphosate en trois ans, avec un accord européen en cinq ans », selon l'AFP. Pour Christophe Naudin, agriculteur à Maisse au sud de l’Essonne et président de l’Apad (Association pour la promotion de l’agriculture durable) Sud Bassin Parisien, l’échéance 2021 est trop courte. L'agriculteur s'est lancé dans l'agriculture de conservation des sols (ACS) en 2014, suite à des soucis de ray-grass résistants. Depuis, il suit « les trois piliers fondamentaux de l’ACS : absence totale de travail du sol, couverture permanente des sols et allongement des rotations » et remarque aujourd'hui : « une pression ray-grass diminuée, une amélioration de la vie du sol et une économie de carburants et d'intrants ».

Agriculteur à Maisse (Essonne) et président de l'Apad Sud Bassin Parisien
- Transition vers l'ACS en 2014
- Assolement avant 2014 : colza, blé, orge de printemps et betterave
- Assolement actuel : colza, blé, orge de printemps, , féverole, pois d’hiver ou de printemps suivant les années, lin, maïs grain et tournesol
Le glyphosate figure parmi les outils phares utilisés sur son exploitation avant la mise en place d’une culture de production. L’agriculteur « sème la culture directement dans le couvert végétal. Le passage du semoir permet en même temps de détruire le couvert végétal ». Il effectue généralement aussi un passage de rouleau afin « d’appuyer le contact terre-graine ». L'usage du glyphosate n'est pas systématique, rappelle l'agriculteur. C'est un outil efficace quand il a besoin de « détruire des couverts plus tenaces et surtout d’éliminer les ray-grass présents ».
« Des pistes intéressantes aujourd'hui » mais quelles seront les bonnes ?
Au sein de l'Apad, plusieurs groupes d'agriculteurs travaillent sur la thématique de gestion du salissement des parcelles avec les couverts végétaux, et notamment sur la question du glyphosate. Christophe Naudin teste aussi différentes alternatives au sein même de son exploitation : mise en place de couverts permanents, de cultures avec une forte production de paille pour « l’effet couvrant du sol » (avoine), désherbage électrique (« pour le moment, encore trop long et coûteux »), ….
Parmi les solutions envisagées, l’agriculteur croit beaucoup en la densification des couverts végétaux : « disposer d’un couvert plus dense plus rapidement pour empêcher la levée des adventices ». Cette technique montre cependant quelques limites cette année, à cause de la sécheresse qui restreint le développement des couverts. Autre solution envisageable : l’introduction de cultures à effet allélopathique dans la rotation. L’agriculteur a, par exemple, testé il y a deux ans la culture du sarrasin et a pu constater une pression ray-grass moindre l’année suivante.
« Je ne compte pas revenir au travail du sol »
« Nous disposons de pistes intéressantes aujourd’hui, mais il est impossible de dire lesquelles seront les bonnes ! ». Aucune solution ne se révèle pour le moment « aussi efficace que le glyphosate dans les mêmes conditions ». Une interdiction en 2021 serait « une impasse pour l’agriculture de conservation ». Revoir son système cultural prend du temps. « En agriculture, nous travaillons en lien avec la nature et les cycles naturels sont longs », précise l’agriculteur dont la rotation moyenne sur son exploitation est de sept ans. « Il est impossible de mesurer les effets d’une alternative possible au glyphosate en seulement deux ou trois ans… En tant qu’agriculteur, nous n’avons pas la capacité d’accélérer les processus ».
Et revenir au travail du sol ? Il n’en est pas question pour Christophe Naudin : « Je me rends compte que ce n’est pas la solution, je préfère prendre le pari du végétal ». Son objectif : « chercher le meilleur compromis entre l'impact environnemental, une production de qualité et des coûts de production raisonnables ».
« Se passer de cet outil (le glyphosate, ndlr), c’est possible aujourd’hui mais au détriment de la propreté des parcelles. Ce qui pourrait engendrer une baisse de la production, avec des conséquences négatives pour le revenu des agriculteurs mais aussi pour la production agricole française ». Les agriculteurs doivent donc « être accompagnés dans cette recherche d’alternatives, par des scientifiques notamment ».
Des agriculteurs ont dejà fait un bon bout de ce chemin : @apad_contact
— Benoit Lavier (@Benoit_Lavier) 8 octobre 2018
Avec l' #AgriculturedeConservationdesSols ,
- j'ai réduit ma conso de fuel de 50% (car zero travail du sol),
- mes sols sont couverts toute l'année et stockent du carbone env. 500 kg/ha/an
C quoi l'urgence ? pic.twitter.com/fbpYo0tlAA
Ressortir la vieille ferraille pour montrer qu'elle ne sert plus à rien, au final c'est encore utile! ??
— Christophe NAUDIN???? (@Chris_Naudin) 26 septembre 2018
En terme de qualité... les vers de terre, la faune, la flore et surtout la couverture permanente du sol font un meilleur travail, merci la nature ! ???? #RootsNoIron pic.twitter.com/hxeXTkYEOm
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