Quel avenir pour les protéagineux en France ?

Pois protéagineux
« Aujourd’hui, ce qui grève la rentabilité du pois, c’est le rendement », soutient Adrien Dupuy, agriculteur dans l'Oise. (©Terre-net Média)

Les surfaces de protéagineux cultivées en semences certifiées, sont passées de 800 000 ha dans les années 90 à seulement 100 000 ha aujourd’hui. « Il est urgent d’agir », lance Thierry Momont, président de la section céréales à paille et protéagineux de Semae. 

« Les protéagineux sont en danger, et pourtant, leur rôle est déterminant. Que ce soit pour l’allongement des rotations, la réduction de l’impact carbone ou encore la diversification des productions, ils apparaissent comme un levier essentiel pour la résilience agricole ».

Entre les impacts du changement climatique et le développement du champignon Aphanomyces, la culture du pois est dans une « spirale négative » ces dernières années, observe François Cuvelier, directeur commercial chez Agri-Obtentions. « La moyenne nationale de rendement du pois a décliné parce que les bassins de productions se sont décalés vers les zones intermédiaires et le pois n’est pas toujours mis dans les meilleures parcelles. Il faut dire aussi que la culture est revenue trop souvent dans la rotation, le délai de retour recommandé est de 6 ans au maximum. »

« Ce qui grève la rentabilité du pois, c'est le rendement »

« Une fois qu’il est bien installé avec ses nodosités, le pois ne craint pas le manque d’eau, mais plutôt les coups de chaud au moment de la floraison. Le pois d’hiver peut alors être la solution, il convient néanmoins de résoudre d’autres soucis pendant l’hiver. »

« À la Scara, les pois représentaient 15 % de notre assolement, aujourd'hui c'est devenu une filière de niche avec 500 ha de pois marbré destinés à l'oisellerie, sur les 60 000 ha du territoire de la coopérative auboise », explique Céline Gillet, sa directrice générale.

« Aujourd’hui, ce qui grève la rentabilité du pois, c’est le rendement », soutient Adrien Dupuy, agriculteur dans l'Oise et administrateur de la Fop. « Pour que la culture du pois soit rentable, il manque quasiment 1 t/ha. En 2024, on était autour de 30 q/ha en pois de printemps et moins de 20 q/ha en pois d’hiver, avec un prix à 300 €/t. »

« Cela questionne sur la pérennité de la culture. Elle a pourtant toute sa place dans les assolements de l’Hexagone, avec ses intérêts agronomique (bon précédent), mais aussi environnemental et sociétal (souveraineté protéique). » « Aujourd'hui, il y a une démarche probante autour de la conservation des sols et les oléoprotéagineux, dont le pois, ont un vrai intérêt, notamment concernant l'amélioration de la structure », précise aussi Céline Gillet. 

« En tant qu'agriculteur, nous sommes convaincus que le levier variétal est primordial pour le rebond des surfaces », estime Adrien Dupuy. « De plus, le pois est une espèce relativement jeune en termes de sélection, il reste une grande diversité à travailler, pointe François Cuvelier. Les 10 dernières années climatiques ont été compliquées à vivre, mais c'est aussi intéressant pour faire avancer la recherche. Ceci dit, la génétique n'est pas non plus une solution miracle, il convient d'activer tous les leviers possibles. Des aides sont nécessaires aussi pour relancer la filière, mais derrière, il y a besoin qu'elle soit autonome et que ce soit viable pour tout le monde ».

« Besoin de structurer la filière »

« Le programme Pea4ever, qui favorise la mise en commun des génétiques de différents obtenteurs, ouvre des perspectives prometteuses, mais encore faut-il qu’un véritable écosystème de valorisation soit mis en place », note également Adrien Dupuy.  Il relève « un manque de concertation des acteurs concernés : il faut qu'on se mette tous autour de la table, de l'agriculteur à l'industriel et qu'on s'accorde sur ce qu'il faut faire, on a tous à y gagner de structurer une véritable filière, à l'image de celle de l'orge et du malt brassicole ».

Céline Gillet insiste aussi sur l’importance pour les coopératives de « développer des outils de transformation adaptés pour garantir un débouché aux producteurs ».

Au niveau de la Fop, il y a la volonté de monter des groupes pilotes rassemblant des agriculteurs, les services techniques des OS et de Terres Inovia. Thierry Momont a également souligné sa volonté de renouer le fil du dialogue entre l'Union française des semenciers et l'institut technique, comme c'est le cas avec Arvalis sur d'autres espèces, afin d'améliorer les échanges de l'ensemble de la filière.

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