Pomme de terre : anticiper les germinations précoces au stockage

Arvalis rappelle les points de contrôle pour les pommes de terre au stockage.
Arvalis rappelle les points de contrôle pour les pommes de terre au stockage. (©Arvalis)

Cette année, on observe de fortes différences entre les lots. Les parcelles traitées à l’hydrazide maléique dans de bonnes conditions restent globalement en repos végétatif, même si ça commence à bouger un peu. En revanche, celles non traitées - ou traitées trop tard - montrent déjà une germination plus avancée. Dans ces cas, il sera opportun d’intervenir avec les solutions antigerminatives applicables au stockage.

Ces applications doivent se faire sur des tubercules bien secs et cicatrisés, souvent trois semaines a minima après la récolte.

Contrôler l’état sanitaire des lots

Malgré des tris réalisés lors de la mise en stockage pour écarter les tubercules blessés (fréquents cette année) voire pourris, certains lots stockés peuvent parfois présenter quelques pourritures. Il est important de contrôler l’état sanitaire des lots ainsi que la germination.

À ce jour, peu de pourritures sèches sont signalées (fusariose, gangrène…) mais quelques pourritures humides sont parfois observées. C’est le cas de Pythium spp., responsable de la pourriture aqueuse. En présence de ce pathogène, un séchage rapide des tubercules est essentiel pour limiter l’évolution des symptômes.

Quelques rares cas de Phytophthora erythroseptica, responsable de la pourriture rose, ont été détectés. Contrairement à Phytophthora infestansP. erythroseptica peut persister plusieurs années dans le sol sous forme d’oospores et infecte le tubercule via les blessures. Le diagnostic se fait à la coupe : les tissus prennent une coloration rose après 20 à 30 minutes d’exposition à l’air, puis noircissent progressivement. Avec un séchage correct, ce champignon à l’avantage de ne pas trop s’étendre aux autres tubercules sains.

Pour optimiser le séchage, la capacité de ventilation idéale est de 75 m³/h pour les palox et 100 m³/h pour le vrac, avec de l’air à faible hygrométrie.

Contrôler la germination avec les antigerminatifs

Un bon contrôle de la germination des pommes de terre commence par une gestion rigoureuse du stockage. La température de consigne doit rester la plus stable possible, avec des sondes bien réparties dans le bâtiment pour assurer un suivi homogène. Il est conseillé de regrouper les variétés ayant des repos végétatifs similaires dans une même cellule afin de faciliter la conduite du stockage et de limiter les coûts.

Avant toute application d’antigerminatifs, le séchage et la cicatrisation des tubercules doivent être terminés. Un traitement au champ à base d’hydrazide maléique, réalisé dans de bonnes conditions, offre plus de souplesse pour le premier traitement en stockage et permet de réduire la quantité totale de produit utilisée. Les antigerminatifs au stockage peuvent être combinés au cours de la saison pour associer effets préventifs et curatifs, à condition de respecter strictement les doses et de ne pas appliquer plusieurs produits en même temps.

Les solutions préventives

Deux matières actives ayant un mode d’action préventif peuvent être utilisées, à savoir l’éthylène (noms commerciaux : Restrain ; Biofresh) et le 1,4-diméthylnaphtalène (nom commercial : Dormir).

L’éthylène, homologué en agriculture biologique, ralentit le développement des germes. Après séchage et cicatrisation, la concentration est progressivement augmentée jusqu’à environ 10 ppm, puis maintenue en continu jusqu’au déstockage. Les germes formés sous traitement restent fragiles et se cassent facilement, mais une attention particulière doit être portée aux débouchés industriels, car le traitement peut accentuer la coloration à la friture. Les variétés Fontane, Markies et Magnum présentent un risque limité. Dans ce cas, il est conseillé de maintenir l’éthylène en dessous de 4 ppm et le CO₂ entre 2 500 et 3 000 ppm.

Le 1,4-diméthylnaphtalène agit en prolongeant la dormance des tubercules. Il s’applique avant le début de la germination, au stade du point blanc, à raison de 10 à 20 ml/t selon la variété. Sur le plan réglementaire, l’Anses a réduit le délai de commercialisation des tubercules à 3 jours après le dernier traitement (contre 30 auparavant) et supprimé la mention interdisant l’utilisation en alimentation animale.

Les solutions curatives

Deux huiles essentielles sont actuellement homologuées, en agriculture biologique et biocontrôle, pour leurs actions curatives : l’huile de menthe (nom commercial : Biox M) et l’huile d’orange (nom commercial : Argos). Elles permettent de nécroser des germes présents lors du traitement, en étant préférable d’appliquer au stade point blanc au risque d’être moins efficace sur des germes développés ou de nuire à la qualité visuelle pour le marché du frais (résidus de germes nécrosés).

  • L’huile d’orange, appliquée à 100 ml/t, s’utilise de préférence en association avec un produit préventif comme l’hydrazide maléique ou le 1,4-DMN ;
  • L’huile de menthe peut être appliquée par thermonébulisation à des doses de 30 à 90 ml/t selon la situation, ou en continu via le système Xedavap à 1 à 2 ml/t/jour. Cette dernière méthode permet un bon rattrapage sur des lots ayant débuté leur germination, dans la limite de l’état des tubercules.

Auteure : Solène Garson (Arvalis).

 

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