L’éthylène est une molécule utilisée comme un antigerminatif préventif, homologué depuis 2011. Il agit en ralentissant l’élongation des germes. Il s’applique en continu dans la cellule de stockage de manière à conserver une concentration fixe pouvant aller jusqu’à 10 ppm. L’introduction dans la cellule se réalise par une montée progressive jusqu’à la concentration souhaitée pour limiter le stress des tubercules.
L’utilisation de cette molécule a néanmoins révélé une tendance à accroître la coloration à la friture de certaines variétés. De précédents essais ont mis en évidence que les premières semaines d’application d’éthylène pouvaient avoir une conséquence sur la coloration à la friture, même après huit mois de stockage. Le CO2 est également un point à surveiller. Dépasser les 3 000 ppm est à éviter.
1-MCP : inhibiteur de l’action de l’éthylène sur la coloration
Face à ces éléments, des essais ont été effectués par Arvalis avec le 1-Méthylcyclopropène (1-MCP). Cette matière active agit comme un inhibiteur de l’action de l’éthylène sur la coloration à la friture (voir photos ci-dessous). Une exposition de quelques heures avec du 1-MCP, avant de débuter le traitement à l’éthylène, permet de bloquer les récepteurs en lien avec la coloration. Son application s’effectue par dégagement gazeux. Un kit contient des pastilles de molécules actives, ainsi que d’activation, à introduire dans une solution. L’ensemble est mis en place dans la cellule durant 24 heures sans échange avec l’air extérieur.
Cette molécule est déjà homologuée en France pour la conservation de plusieurs fruits et légumes tels que des pommes, des poires, des pêches, des kiwis, des melons… Son homologation sur pomme de terre est en cours de travail par la firme détentrice. Le 1-MCP est à l’étude depuis plusieurs années au sein d’Arvalis pour évaluer son fonctionnement et son potentiel d’action sur les tubercules.
Plusieurs thématiques ont été étudiées, dont l’effet de sa combinaison avec l’éthylène sur la coloration à la friture, le potentiel impact sur la germination, l’effet variétal ou encore le possible effet curatif sur la coloration.
Bonne efficacité, mais limitée dans le temps
La molécule apporte un bénéfice à partir de concentrations assez faibles dans la cellule sur la coloration des frites. En effet, le 1-MCP montre une bonne efficacité presque systématique pour réduire la coloration des frites par rapport à l’utilisation de l’éthylène seul. Le gain apporté peut légèrement varier en fonction de la variété ou de la campagne.
Cependant, cette efficacité reste limitée dans le temps. Pour un traitement en novembre, la coloration est réduite généralement jusqu’en mars, voire avril. Un essai sur la variété Challenger sur la campagne 2022-2023 montre des écarts de coloration avantageux avec l’ajout du 1-MCP de décembre à février (coloration en décembre à 1.00 en pré-friture, contre 0.00 avec le 1-MCP) avant de se réduire pour obtenir des colorations similaires entre les deux modalités à partir du mois de mars (voir Figure 1).
En 2023-2024, les écarts sont plus forts entre les modalités avec un niveau de coloration plus important avec la référence éthylène pour cette même variété (coloration en janvier de 2.13, contre 0.11 avec une application préalable de 1-MCP). Les écarts se réduisent au cours des mois de stockage avec une coloration à la friture plus proche en avril (voir Figure 2). Les écarts avec des variétés chips sont dans l’ensemble moins visibles.
Les autres actions du 1-MCP ?
Des essais ont été mis en place pour étudier l’aspect potentiellement curatif du 1-MCP. Cependant, les résultats ont mis en évidence la nécessité de réaliser les applications de cette molécule avant le traitement éthylène. En effet, ils n’ont pas montré d’effet de rattrapage de la coloration à la friture une fois le traitement éthylène commencé, ni d’effet lors d’applications répétées dans le temps. Les différentes années d’essais ont montré des niveaux de germination similaires entre les tubercules traités à l’éthylène seul ou combiné avec du 1-MCP.
