Dans un contexte de résistance des altises d’hiver aux pyréthrinoïdes, la lutte insecticide contre les altises ne doit s’envisager que :
- Si la survie de la culture est incontestablement menacée, du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées du colza ;
- À partir d’un raisonnement à la parcelle (observation minutieuse de l’évolution des dégâts) ;
- Si les insectes sont suffisamment actifs et nombreux (rappel : insecte à activité nocturne) ;
- Si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée ;
- En respectant les précautions et règles d’usage des insecticides (volume d’eau…).
En cas de besoin, les traitements se réalisent sur un colza n’ayant pas atteint le stade 3-4 feuilles étalées. Seuil indicatif de risque : 8 pieds sur 10 avec présence de morsures avec 25 % de la surface végétative détruite.
Visite ce matin des champs de #colza
— Nadège PETIT ???? (@agri_zoom) September 22, 2022
Ils ne sont pas beaux. Ils manquent d'eau. Les pieds sont mangés, certains ont disparus...
????Enquete pour trouver les responsables... même si on a déjà notre petite idée !#FrAgTw pic.twitter.com/pfqEUZgNz6
Quel insecticide choisir, en dernier recours ?
Dans les régions où la résistance forte SKDR n’est pas généralisée, les pyréthrinoïdes restent un moyen de lutte à utiliser avec parcimonie pour préserver leur usage dans la durée.
Boravi WG 1,0 kg/ha est utilisable réglementairement jusqu’au 1er novembre 2022.
Dans tous les cas, si besoin, intervenir dans de bonnes conditions de traitement en soirée ou à la nuit tombée (l’adulte est actif en début de nuit). Utiliser un volume de bouillie de 150 ou 200 l/ha.
Dans les essais de Terres Inovia, l’efficacité* moyenne mesurée 7 jours après traitement indique que :
- Karaté Zéon 0,05 l/ha et Boravi WG 1,0 kg sont comparables ;
- Karaté Zéon (lambda-cyhalothrine), Decis Protech (deltaméthrine) et la cyperméthrine (Cythrine Max ou Sherpa 100EW) sont comparables ;
- Trebon 30EC (etofenpro) est inférieur à Karaté Zéon ou une cyperméthrine ;
- Mandarin Gold (esfenvalérate) est inférieur aux références.
Dans ces mêmes essais, l’action de choc mesurée à T + 3/4 jours indique que :
- Boravi WG a une efficacité légèrement meilleure que Karaté Zéon ;
- Trebon 30 EC est comparable à Karaté Zéon ou une cyperméthrine
- Mandarin Gold (esfenvalérate) est inférieur aux références ;
- Mavrik Smart n'a pas été évalué dans les essais Terres Inovia.
* Efficacité mesurée sur la base du % de destruction foliaire
Points d'attention :
- Tout insecticide appliqué au moment du pic d’activité des grosses altises adultes ne saurait garantir une efficacité suffisante pour lutter contre les infestations larvaires ultérieures. Les traitements "d’assurance" ou "de nettoyage" sont à proscrire. Il sera plus efficace de lutter directement contre les larves.
- L’altise d’hiver adulte est active surtout dans les premières heures qui suivent la tombée de la nuit. C’est pourquoi l’application en soirée, idéalement à l’obscurité, est à privilégier avec un volume de bouillie d’au moins 150 à 200 l/ha.
Altises adultes : quel est le risque pour la culture ?
Le seuil de dommage est souvent atteint à partir de 25 % de défoliation des cotylédons et premières feuilles. Plus les dégâts s’accumulent brutalement et tôt (sur cotylédon notamment), ou plus la surface foliaire produite par le colza préalablement est faible, plus l’impact des morsures est élevé.
Les situations agronomiques ayant provoqué une vigueur faible au démarrage sont à surveiller de près : levée tardive, sol motteux, caillouteux, précédent blé ou orge de printemps, lit de semences pailleux, variétés peu vigoureuses au démarrage…
L’observation est la base du raisonnement
Les captures dans les cuvettes jaunes -position enterrée- servent à détecter l’arrivée puis l’activité (nocturne) des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3 feuilles qui guide le raisonnement.
Observer au crépuscule, idéalement dans les 2 heures qui suivent la tombée de la nuit pour apprécier très régulièrement l’évolution de la pression.
Plus que le seuil, la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture sont les critères à prendre en considération, quasiment au jour le jour pour mesurer au mieux le rapport de force. Seul un suivi quotidien permet de bien discerner les morsures anciennes et récentes (voir photo ci-dessous).