Ces réquisitions correspondent aux peines respectivement infligées à Serge Bousquet-Cassagne et Patrick Franken, président et vice-président de la chambre d'agriculture, par le tribunal correctionnel d'Agen en juillet 2020 pour leur rôle dans la réalisation du « lac de Caussade ». Le délibéré a été fixé au vendredi 17 décembre.
En matinée, quelque 800 personnes − selon la police − se sont rassemblées dans le calme devant le Palais de justice d'Agen pour défendre le lac et ses « bâtisseurs ». Casquettes et t-shirts jaunes aux couleurs de la Coordination rurale (CR 47), syndicat majoritaire en Lot-et-Garonne, des agriculteurs étaient accompagnés d'une vingtaine d'élus de toutes tendances, dont le député LREM Olivier Damaisin ou le maire Modem d'Agen, Jean Dionis du Séjour.
« Humiliés, vexés »
Contesté par des associations environnementales, cette retenue d'eau donne lieu à une saga judiciaire doublée d'un dialogue de sourds depuis l'annulation fin 2018 - après intervention des ministères de la transition écologique et de l'agriculture - d'un arrêté préfectoral autorisant initialement les travaux. « Cet arrêté a été cassé pour raisons politiques », a estimé M. Bousquet-Cassagne jeudi à l'audience. « Les raisons de ce refus étaient fallacieuses, c'était un abus de droit (...), nous avions respecté toutes les procédures environnementales. Nous nous sommes sentis humiliés, vexés. Nous avons alors décidé de faire ce lac malgré tout. »
Hier, l'avocat général a demandé des amendes de même ampleur mais une révocation de sursis qui « ne soit pas aussi importante ». Pour Anne Roques, juriste à France Nature Environnement, partie civile, « on n'a jamais vu un président de chambre d'agriculture commettre autant d'infractions avec de l'argent public. Ce lac illégal ne se serait jamais fait ailleurs qu'en Lot-et-Garonne, où la prise en compte de l'environnement est très compliquée à cause de la Coordination rurale ». « Si quelqu'un décide de toucher (au lac de Caussade), les paysans du Lot-et-Garonne ne se laisseront pas faire », a prévenu cette année Serge Bousquet-Cassagne, connu pour son franc-parler.