[Reportage] Geda de Pouzauges, Vendée
Protéines végétales : des complémentarités entre céréaliers et éleveurs voisins

Les associations de céréales et légumineuses ont un rôle de couvert chez les céréaliers et peuvent ensuite servir de fourrages aux éleveurs. (©Nathalie Tiers)
Les associations de céréales et légumineuses ont un rôle de couvert chez les céréaliers et peuvent ensuite servir de fourrages aux éleveurs. (©Nathalie Tiers)

Dans l’est de la Vendée, se côtoient des exploitations céréalières voulant diversifier leurs rotations culturales pour résoudre des problématiques agronomiques (économie d’intrants, désherbage), et des polyculteurs-éleveurs soucieux de renforcer les approvisionnements locaux pour alimenter leur troupeau, en particulier en protéines. « Avec l’agrandissement des fermes, les voisins ne se connaissent pas toujours, constate Jérémy Berthomier, conseiller au Geda de Pouzauges qui compte 120 adhérents. Nous sommes régulièrement sollicités par des agriculteurs recherchant des partenaires pour mettre en place des échanges de proximité. »

Le Geda a donc organisé en 2018 une journée sur le thème des complémentarités avec une quinzaine de participants. Les exploitations ont été positionnées sur une carte et chacune a exprimé ses besoins et ses offres. Des rencontres bouts de champs ont également été organisées chez des agriculteurs pratiquant des échanges. De nouvelles initiatives ont ainsi vu le jour. Elles constituent l’un des 25 cas d’études suivis en Europe dans le cadre du projet DiverIMPACTS visant à promouvoir la diversification des cultures.

Paiement, effluents d’élevage ou partage de travail

Outre les traditionnels échanges de paille contre effluents d’élevage, le conseiller observe trois principaux types de collaborations. La première est la mise en place par des céréaliers de couverts contenant des légumineuses (souvent par obligation réglementaire). Ces cultures intermédiaires sont valorisées par des éleveurs en ensilage ou enrubannage. « Le service rendu par le céréalier peut se faire contre paiement, ou contre la fourniture de matière organique, indique Jérémy Berthomier. Parfois l’éleveur paie les semences pour le couvert, ou alors les tâches d’implantation et de récolte sont réparties. Tout dépend de la relation qui se crée entre les agriculteurs. Le facteur humain est prioritaire dans la réussite de l’échange qui doit être gagnant pour les deux parties. »

Le deuxième cas est l’introduction par le céréalier d’une culture principale de protéagineux (féverole, pois, lupin) qui sera vendue sur pied pour être récoltée par l’éleveur, dans la perspective d’un usage fourrager uniquement. En effet, la vente directe de la récolte de graines par le céréalier est interdite en raison de l’obligation de collecte d’une taxe par un organisme agréé. Là aussi, une contrepartie en effluents d’élevage ou un partage du travail peuvent entrer dans le partenariat.

« Ils n’aiment pas trop les contrats »

Troisième cas : des céréaliers implantent de la luzerne pour trois ans pour allonger leur rotation, et notamment dans l’objectif de nettoyer des parcelles en situation d’impasse en matière de désherbage. « Dans certains cas, ils ont des contrats pour la production de semences, sachant que la première coupe peut être valorisée en fourrages, explique Jérémy Berthomier. En l’absence de contrat, ils proposent de la vente sur pied à des éleveurs. L’avantage pour eux est que cette culture ne demande aucun travail pendant trois ans une fois l’implantation réalisée. »

Dans le cadre du groupe d’échanges constitué par le Geda, des contrats-types ont été élaborés dans le but d’aider les agriculteurs à cadrer leurs transactions. « Nous nous sommes rendu compte qu’ils n’aiment pas trop ça, admet Jérémy Berthomier. Ils préfèrent fonctionner à la confiance et qu’une relation se crée dans la durée, ce qui n’est pas toujours évident. Les éleveurs notamment sont plus réticents car ils doivent changer leurs habitudes, modifier leur ration et cela constitue un risque plus élevé pour leur productivité. Toutefois, le contexte actuel peut faire changer les choses en raison de la préoccupation vis-à-vis de la dépendance aux matières premières lointaines, et de l’évolution de leur prix. »

Dans certains partenariats, le conseiller du groupe est intervenu afin d’en réaliser le bilan et de trouver des leviers d’amélioration : conduite de la culture, choix des espèces pour le fourrage, etc. Une réflexion est également en cours autour d’un outil d’analyse de la qualité du fourrage par mesure du spectre infrarouge. 

Gaec Les Rocailles
Les associés du Gaec Les Rocailles à Montsireigne en Vendée cultivent des méteils riches en légumineuses pour un éleveur voisin. (©Jérémy Berthomier)

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