Avec 29 q/ha de rendement moyen national, 2021 est une « très belle année » pour le soja, estiment Terres Inovia et Terres Univia. C'est notamment le cas dans les bassins historiques : « dans le Sud-Ouest, les rendements sont estimés en moyenne à 30 q/ha, dépassant les résultats de 2015 et 2017, et allant de 23 q/ha en conduite pluviale (ou en sec) à 38 q/ha en conduite irriguée, détaillent les deux organisations. En région Bourgogne Franche-Comté, les rendements se positionnent dans la moyenne nationale à 29 q/ha, avec de meilleurs résultats pour les semis de fin avril début mai (35-40 q/ha). Les récoltes alsaciennes, quant à elles, devraient se situer entre 35 et 40 q/ha tout comme en région Rhône-Alpes, ce qui constitue, pour ce bassin, de très bonnes performances ».
Des rendements hétérogènes dans les nouveaux bassins de production
Dans les nouveaux bassins de production, les rendements sont plus « hétérogènes ». « En Auvergne, la moyenne flirte, par exemple, avec la moyenne nationale, voire la dépasse (30-32 q/ha). Dans le quart nord-ouest de la France, les résultats vont de 10 à 40 q/ha avec une moyenne de 27 q/ha, en raison principalement de pertes à la levée importantes. »
Ces pertes vont « de 20 à 40 % dans l’ouest et le sud de la France. En cause notamment, les températures fraîches du mois de mai qui ont entraîné des levées lentes et ont favorisé l’exposition du soja aux ravageurs de début de cycle (oiseaux, gibiers et mouches du semis) ».
Un bon état sanitaire général
« L’état sanitaire des sojas a, sinon, été généralement bon ». Les conditions humides de l'été ont favorisé la présence de maladie. « Les bassins historiques, et particulièrement le Sud-Ouest, ont été impactés par le sclérotinia, notamment dans le Gers et le Lot-et-Garonne. La variabilité des attaques s'explique principalement par la fréquence de retour sur la parcelle de cultures hôtes (colza, soja, tournesol…), la pluviométrie et la correspondance plus ou moins importante entre floraison et sporulation du champignon ».
+ 38 % pour les marges brutes sur un an
Du côté économique, Terres Inovia et Terres Univia estiment « une augmentation marquée des marges brutes du soja entre 2020 et 2021 : + 38 % pour une même gamme de rendements », compte-tenu du contexte économique. Ainsi, « pour un prix de vente compris entre 400 et 500 €/t, la marge brute du soja se situerait en conduite irriguée autour de 1 100 €/ha et de 760 €/ha en conduite pluviale ». « La maîtrise de la date de semis et le choix variétal constituent deux éléments cruciaux pour sécuriser la récolte et limiter des frais de séchage en augmentation à cause du renchérissement de l’énergie, précisent l'institut technique et l'interprofession.
Dans un contexte de forte augmentation du coût des engrais, ils mettent en avant « l'indépendance du soja vis-à-vis des engrais azotés. Les effets économiques positifs du précédent soja sur le maïs sont également renforcés ». D'après Terres Inovia, « la culture du soja permet, par exemple, une économie de 30 à 50 unités d’azote dans la fertilisation azotée du maïs suivant par rapport à un précédent maïs (soit 30 à 60 €/ha d’économie de charges). De plus, ses faibles résidus permettent de réduire les coûts d’implantation de la culture suivante ».
Objectif : 250 000 ha en 2025
Enfin, « la tension du marché sur le tourteau de soja non OGM d’importation est très forte en Europe. Ainsi, l’écart de prix entre le tourteau de soja 48 % (de protéines) d’import non OGM et standard (c’est-à-dire OGM) dépasse + 450 €/t sur la campagne en cours 2021/2022 alors qu’il était compris entre + 100 et + 150 €/t de tourteau entre 2012 et 2020 ». Pour Terres Inovia et Terres Univia, cela renforce « l’intérêt de développer et consolider une filière française durable de soja tracé origine France, au bénéfice de la souveraineté alimentaire française ».
La filière soja vise ainsi 250 000 ha en 2025. « La volonté politique affichée par le plan protéines français accompagne la dynamique de cette culture. Et la Pac à venir (2023-2027) renforcera les moyens apportés au travers du premier pilier par un système d’éco-régime et par une aide couplée sectorielle », estiment les deux organisations.
Pour accompagner techniquement les agriculteurs dans cet objectif, Terres Inovia s'appuie notamment sur le projet « Accroître la compétitivité et la durabilité des productions oléoprotéagineuses du programme Cap Protéines ». En 2021, « un réseau de 12 observatoires agronomiques pluriannuel a été suivi, soit 185 parcelles représentatives d’un contexte de production et adossées au minimum à un essai servant de support à une ou plusieurs problématiques locales ».