L’agroécologie au cœur des débats pour la FN3PT

Eric Fallou
Éric Fallou, président de la FN3PT, a voulu exprimer dans son discours de clôture sa foi dans l’opportunité de construire un modèle d’avenir, où la qualité et la durabilité s’imposent comme des marqueurs forts. (©Bernard Serpantié)

L’organisation de l’assemblée générale de la FN3PT, le 4 décembre 2024, dans la cité balnéaire du Touquet (Pas-de-Calais) a d’emblée inspiré deux réflexions à son président Éric Fallou. D’abord, produire du plant de pommes de terre ne devrait pas, selon lui, s’apparenter à un jeu de roulette. La deuxième est liée à une belle histoire du terroir local et d’un de ses représentants, Dominique Dequidt, présent dans la salle. En conjuguant les talents, l’envie d’entreprendre et les savoir-faire de producteurs, de négociants et de l’organisation professionnelle des plants, il a relancé la Ratte du Touquet. « Une filière à elle toute seule ! », s’est-il émerveillé.

L’ambiance générale a pu se révéler moins maussade que celle de l’année dernière. Elle s’était retrouvée plombée par un contexte de baisse continue des surfaces de production et de grandes difficultés sanitaires. Fort heureusement, comme l’a rappelé Bernard Quéré, le directeur de la FN3PT, dans la présentation de son rapport d’activité, quelques indicateurs ont retrouvé des couleurs. Les surfaces de production ont augmenté en France et dans l’Union européenne, sans toutefois franchir à nouveau la barre des 100 000 ha, dépassée entre 2019 et 2022.

Les rendements et les tonnages certifiés se reprennent. Toutefois, le nombre de producteurs continue à s’éroder et le paysage de se transformer. Dans la production, les variétés pour l’industrie prennent de plus en plus le pas sur celles pour l’exportation. Dans les pratiques, « les évolutions réglementaires, qu’il s’agisse du programme Écophyto en France ou du règlement SUR et de la stratégie de restauration de la nature en Europe, nous obligent à repenser nos pratiques, rappelle Éric Fallou. L’arrêt progressif des produits phytopharmaceutiques conventionnels et le durcissement des exigences environnementales ne sont pas seulement des contraintes. Ils sont une invitation à innover ».

Des évolutions et une reconception en profondeur

Précisément, pour répondre à cet appel, l’assemblée générale avait décidé de faire de l’agroécologie le thème de sa table ronde. Voulant éclairer l’assistance, Alexander Kröner, ingénieur de recherche à Inov3PT, a relativisé cette notion, qui « regroupe un ensemble de concepts visant à produire des systèmes alimentaires durables. Elle a connu des définitions plurielles et évolutives ».

Selon lui, elle s’appuie sur trois fondements : la science pour comprendre les interactions entre les productions et leur environnement, les pratiques et leur capacité à se renouveler et enfin la sociologie des filières et des consommateurs. Pour sa mise en œuvre, la rupture peut se faire selon trois niveaux. Le premier est la recherche d’une meilleure efficience en améliorant les pratiques, par exemple, en fractionnant la fertilisation azotée. Le deuxième est la substitution. Un binage mécanique peut ainsi remplacer un désherbage chimique. Le troisième est la reconception d’un système complet dans la combinaison de solutions. L’allongement des rotations s’additionnerait alors à des moyens de biocontrôle et des modifications d’itinéraires techniques.

De multiples leviers de progrès

Les producteurs de plants se sentent concernés par le sujet de l’agroécologie. Dans une enquête réalisée en 2021 auprès de 79 d’entre eux, 56 % se sont montrés intéressés par ce thème et plus de 80 % d’entre eux aux alternatives aux herbicides et aux insecticides. Dans l’expérimentation et la diffusion de tels systèmes innovants, la filière plants ne montre aucun retard. Le Comité Nord et Unéal ont, depuis 2020, mis en place le projet Optim’Yst alors que Inov3 PT et l’Inrae Igepp du Rheu animent depuis 2021 QualiSolPom et que Bretagne Plants Innovation a créé, en 2022, trois plateformes d’essais systèmes dédiées au plant avec SYMphony.

Table ronde de l'assemblée générale de la FN3PT
Les participants de la table ronde, de gauche à droite, Sébastien Vast, Mathilde Libert, Aurélie Maillard, Nicolas Fourdinier et Alexander Kröner, ont fait part de leurs travaux pour rendre la production de plants plus écologique. (© Bernard Serpantié)

Dans la démarche, les pistes de progrès sont multiples. Paul Robert, le président du cabinet de conseil Novalis Terra, évoque la fertilité des sols et les leviers pour l’améliorer en travaillant sur sa teneur en matière organique, sa fissuration et la gestion des pailles. Loïc Agnès, le chef du service du pilotage de la performance sanitaire à la direction générale de l’alimentation, pour sa part, a tenu à rappeler les enjeux de Parsada. Ce plan d’action vise à donner de la visibilité aux agriculteurs sur le potentiel retrait de substances actives et à mobiliser la recherche publique et les instituts techniques pour leur apporter des alternatives. 146 millions d’euros ont été mis sur la table pour financer des projets. 115 lettres d’intention ont déjà été adressées au comité chargé de les étudier.

Aurélie Maillard, secrétaire technique de la section CTPS Pomme de terre, rappelle l’introduction de la mention agroécologie dans les inscriptions de variétés. En prenant en compte 7 critères portant sur la résistance aux bioagresseurs et l’aptitude à la conservation, ces pommes de terre démontrent leurs qualités à réduire l’utilisation de produits phytosanitaires et à limiter l’énergie nécessaire à leur stockage. À ce jour, six variétés bénéficient du label. Mathilde Libert, ingénieur expérimentation, et Sébastien Vast, responsable technique du Comité Nord, ont partagé avec passion les travaux qu’ils mènent pour expérimenter sur 3,5 ha et un total de 12 parcelles de 2 400 m2 un système innovant de rotation sur 6 ans. Ils ont pour objectif de réduire de 50 % les IFT, d’améliorer la fertilité du sol et de maintenir le revenu. En testant différents moyens réplicables sur des exploitations agricoles, tels que des produits de biocontrôle, du désherbage mécanique, des OAD, la localisation d’intrants ou encore des introductions de couverts et de techniques de non-labour, ils veulent en évaluer les avantages et limites pour ensuite conseiller efficacement les producteurs.

Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole

Réagir à cet article