Jérôme Gallois, agriculteur : « cela ne va pas aider les plus en difficulté »

Jérôme Gallois, exploitant agricole dans l’Aube : « la loi Macron ne va pas aider les producteurs en difficulté. » (©Terre-net-média)
Jérôme Gallois, exploitant agricole dans l’Aube : « la loi Macron ne va pas aider les producteurs en difficulté. » (©Terre-net-média)

Jérôme Gallois, exploitant agricole dans l’Aube
Jérôme Gallois, exploitant agricole dans l’Aube : « la loi Macron ne va pas aider les producteurs en difficulté. » (©Terre-net-média)

Terre-net (TN) : Avez-vous fait appel au dispositif de défiscalisation, dit "loi Macron", depuis son lancement en avril 2015 ?

Jérôme Gallois, exploitant agricole dans l’Aube
Jérôme Gallois, devant sa nouvelle Lexion (©JGallois)
 

TN : Qui vous a proposé d’utiliser cet avantage fiscal ?

JG : Nous avons d’abord acheté la moissonneuse. Ensuite, nous avons géré par nous-mêmes. C’est un amortissement linéaire sur une base de 40 %, ce n’est pas très compliqué.

TN : Que pensez-vous de ce type de dispositif d’incitation fiscale ?

JG : Je paye des impôts, c’est bien, mais ceux qui n’en payent pas se moquent du dispositif. La mesure est d’autant plus intéressante quand on a du matériel un peu ancien. De plus, elle est éligible au crédit-bail. L’inconvénient : on ne peut pas en profiter pour des engins récents que l’on souhaite renouveler. Moi par exemple, je n’ai pas pu en bénéficier pour cette raison. Mon concessionnaire voulait reprendre mon tracteur avec une telle décote que cela n’avait plus d’intérêt. Il aurait fallu deux niveaux dans le dispositif, un pour le neuf et un pour l’ancien. Sinon, ça plombe le marché de l’occasion.

TN : La prolongation de cette loi vous semble-t-elle une bonne chose ?

JG : Je ne sais pas. Je ne suis pas certain que cela va changer quelque chose en agriculture. Nous avons connu de bonnes années par le passé et beaucoup de matériels ont déjà été renouvelés. Cette prolongation ne devrait pas réellement booster les investissements. Il aurait fallu un aménagement pour que le matériel âgé de deux ou trois  ans soit également éligible.

En plus, dans le monde agricole, c’est loin d’être l’euphorie, même en céréales. Des concessionnaires pourraient rester sur le carreau. Déjà que certains ont du mal à occuper tous leurs gars à l’atelier...

TN : À qui ce suramortissement profite-t-il le plus ?

JG : On peut toujours se poser la question : est-ce que les concessionnaires n’en auraient pas profité pour augmenter leurs tarifs ? Le doute est permis. Une chose est sûre cependant : les bénéficiaires de la loi Macron sont les entreprises payant des impôts. Et surtout, cela ne va pas aider les agriculteurs en difficulté.

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