Dans quel état physiologique se trouvent les plantes en sortie d’hiver ?
Jean-Charles Deswarte (J-C.D.) : Cette période cruciale pour les céréales à paille correspond à la fin du tallage. L’apex - la pointe de la tige - évolue alors d’une phase végétative à une phase reproductive. La plante génère des ramifications et construit sa capacité à produire des futurs épis. Ce mécanisme physiologique est commandé par la durée du jour, la température et la vernalisation. La sensibilité au gel augmente fortement jusqu’au début de la montaison. L’enracinement se développe également à ce moment-là. La plante prépare ainsi son aptitude à exploiter les ressources en eau et en azote. Cette phase charnière intervient quelques semaines avant le stade "épi 1 cm".
Comment se caractérisent les évolutions climatiques en sortie d'hiver ?
J-C.D. : Ces dernières années, les hivers sont en tendance plus doux et plus humides. Des aléas ponctuels sont néanmoins possibles comme le froid intense de 2012 et, à un moindre niveau, de 2018 ou 2021. Cette période précède des printemps et des étés de plus en plus chauds et secs, 2011 et 2020 en sont des exemples emblématiques, avec des aléas plus fréquents. La jonction entre l’hiver et le printemps sera probablement davantage marquée par une alternance d’épisodes humides et secs.
Par ailleurs, un hiver plus humide est synonyme d’un risque accru d’engorgement en eau des sols. L’enracinement des cultures s’en trouve alors pénalisé, ce qui réduit leur capacité à encaisser les printemps chauds et secs.
Le raisonnement de la fertilisation azotée doit pouvoir s’adapter aux risques de lixiviation et à la disponibilité en azote pour les plantes : la stratégie de fractionnement doit gagner en flexibilité afin d’ajuster au mieux les apports aux successions entre périodes humides et sèches.