La société Zasso a lancé en 2017 son équipement Electroherb - renommé XPower - pour détruire les plantes par électrocution. Arvalis teste depuis 2018 cet équipement pour détruire couverts, repousses et adventices à l’interculture.
Pour chaque essai, le désherbage électrique est comparé au glyphosate. Les notations se font en pourcentage d’efficacité par rapport à un témoin non désherbé. Elles sont réalisées à cinq dates entre T+5 et T+37 jours.
L’humidité du sol pénalise le désherbage électrique
Le XPower est beaucoup plus efficace sur sol sec que sur sol humide. Ainsi, les conditions sèches des sols en septembre 2018 ont accru les efficacités du désherbage électrique, qui s’avèrent égales ou supérieures à celle du glyphosate - sauf sur la prairie permanente (figure 1). En avril 2019, au contraire, le désherbage électrique n’a pas été efficace, sauf sur le pois de printemps. À noter que d’autres facteurs sont à prendre en compte pour expliquer cette contre-performance.
Toutefois, lors de son utilisation sur végétation sèche, il convient de prêter attention afin d’éviter un départ de feu intempestif dans le champ.
Plus efficace sur dicotylédones que sur graminées
En ce qui concerne les plantes-cibles, le résultat est conditionné par l’espèce, la biomasse, la densité ou encore l’humidité du couvert.
De manière générale :
- les dicotylédones sont plus faciles à détruire que les graminées,
- l’humidité du couvert (rosée) facilite sa destruction,
- plus la biomasse est élevée, moins le désherbage électrique est efficace,
- de même, plus le couvert est dense, moins le désherbage électrique est efficace.
Pour ce qui est des couverts végétaux, le désherbage électrique a bien fonctionné sur la féverole, la moutarde blanche et la phacélie mais s’est montré décevant sur la vesce et l’avoine d’hiver dans l’essai de novembre 2019 (figure 2).
Les conditions étaient moyennes : faible biomasse (0,5 t MS/ha) due à la sécheresse d’été et de début d’automne et couverts humides mais sols détrempés.
Les modalités sont statistiquement différentes entre elles si, et seulement si, elles n’ont aucune lettre en commun.
Privilégier une vitesse faible voire un broyage préalable
Les essais de septembre 2018 et avril 2019 montrent qu’une vitesse faible (2 km/h), synonyme de temps de contact prolongé entre l’applicateur et les plantes, donne les meilleurs niveaux de destruction (figure 1 et photo ci-dessous).
L’essai de novembre 2019 révèle que l’efficacité est améliorée en introduisant un broyage du couvert (ce qui réduit la biomasse) préalable au désherbage électrique (figure 2). En revanche, bien que des efficacités meilleures derrière les roues de tracteur aient toujours été constatées dans les essais précédents, le roulage après désherbage – testé en novembre 2019 - n’a apporté qu’un très faible gain (figure 2).
Un équilibre technico-économique à trouver
La largeur de travail limitée (3 m) et la faible vitesse d’avancement limitent le débit de chantier. Selon ce dernier, le coût d’utilisation oscille entre 110 et 250 €/ha main-d’œuvre comprise, à partir de 200 ha déployés par an. La technique est donc largement plus coûteuse que la gestion avec glyphosate ou travail du sol. Ces chiffres datent de 2018 et 2019, mais sont susceptibles d’évoluer selon les progrès des différents constructeurs.
À court terme, pas d’impact négatif sur la vie du sol
Afin d’évaluer l’impact de l’électricité sur la microfaune du sol, des dénombrements de vers de terre (abondance et biomasse) par la méthode « moutarde » ainsi que des analyses de sol (biomasse microbienne totale et potentiel de minéralisation de l’azote) ont été réalisées.
La comparaison des valeurs entre le témoin sans aucun désherbage et la modalité désherbée avec le XPower passé à 2 km/h, ne montre pas d’effet notable sur la microfaune (figure 3). Les prélèvements ont été effectués trois jours après le désherbage sur les deux essais de 2019 pour les parcelles de blé tendre ou d’avoine d’hiver.