Dans un rapport paru en début d’année, la Commission européenne présente ses projections pour l’agriculture de l’UE à l’horizon 2035. En ce qui concerne la betterave sucrière, elle rappelle les prix record du sucre en 2023, qui ont porté en 2024/25 les surfaces de betteraves dans l’UE à plus de 1,6 million d’hectares, leur plus haut niveau depuis six ans.
Mais la forte décrue des prix du sucre observée depuis fin 2024 devrait se poursuivre dans les dix ans qui viennent, accroissant la pression sur les surfaces. La concurrence pour l’utilisation des terres entre différentes cultures devrait ainsi s’intensifier, et les surfaces européennes pourraient retomber à 1,44 million d’hectares en 2035.
Les rendements moyens des betteraves européennes sont attendus en baisse graduelle, fragilisés par « la fréquence accrue d’événements climatiques défavorables » et par les évolutions réglementaires visant à réduire les disponibilités en produits de protection des plantes.
Pour autant, la Commission anticipe autour de 2030 un ralentissement de cette baisse des rendements, tablant sur la mise sur le marché d’alternatives aux substances néonicotinoïdes. Autour de 73 t/ha en 2025, les rendements moyens se stabiliseraient à 72 t/ha en 2035.
Entre les perspectives de surfaces et de rendements, la production européenne de sucre baisserait légèrement : 15,4 Mt en moyenne sur la période 2022-24, 15,3 Mt en 2035.
La production d’isoglucose – substitut au sucre de betterave, produit à partir de l’amidon des céréales et utilisé dans l’industrie alimentaire – devrait aussi rester stable, autour de 0,5 Mt, en lien avec une demande limitée notamment par « la concurrence accrue d’autres édulcorants ».
Du côté de la demande en sucre, la tendance est clairement orientée à la baisse ces dernières années, car « les consommateurs adoptent progressivement des régimes à plus faible teneur en sucre ». Entre cette tendance qui devrait continuer et le déclin attendu de la population de l’UE dans les dix ans qui viennent, la Commission anticipe une baisse de la consommation européenne de sucre de l’ordre de 0,2 % par an, à 15,3 Mt en 2035.
« Peu après la baisse de la production de sucre dans l’UE qui a suivi la fin du système des quotas (en 2017), l’UE est devenue importatrice nette de sucre, jusqu’à ce qu’un récent regain de production inverse cette tendance », rappelle le rapport.
Il projette que cet équilibre du commerce européen du sucre se maintiendra dans les dix ans qui viennent. Au plus haut en 2023/24, les exportations diminueraient progressivement avec la baisse de la production de sucre, tandis que les importations reculeraient elles aussi pour se stabiliser autour de 1 Mt d’ici à 2035.
Ces projections esquissent les grandes tendances que l’agriculture européenne devrait suivre dans les années qui viennent, grâce à des modèles agroéconomiques. Elles reposent sur des données récentes, notamment celles du rapport OCDE-FAO 2024-2033, et sur l’hypothèse d’un cadre politique inchangé et d’un contexte macroéconomique stable (croissance modérée du PIB et inflation autour de 2 %).
Elles intègrent les facteurs qui influencent l’offre et la demande agricoles : environnement macroéconomique, climat, intrants, commerce international, tendances de consommation…
La Commission souligne toutefois que beaucoup d’incertitudes pèsent sur ces perspectives, notamment l’impact du changement climatique, des évènements géopolitiques et des négociations commerciales en cours ou à venir.
