Des rendements betteraviers « allant de 28 à 120 t/ha » cette campagne

Betteraves sucrières
Lors de son assemblée générale, la CGB a organisé une table ronde sur les attentes agronomiques des planteurs. (©Terre-net Média)

L’accès aux moyens de production et le rendement de la betterave sucrière dans les dix prochaines années font partie des principales préoccupations des planteurs, recensées par la CGB, tout comme « les questions de tassement des sols, de vieillissement du parc matériel ou encore le manque de lisibilité des prix… ».

« Depuis 2017, la filière a perdu 30 molécules. On sait que les agriculteurs sont capables de s’adapter, mais il y a des limites », estime Cyrille Milard, président de la commission environnement du syndicat. « La culture de la betterave se montre particulièrement exigeante sur les plans technique et économique », précise-t-il, rappelant une hausse de 32 % des coûts de production en 5 ans (2 900 €/ha en moyenne). « Dans ces conditions, la betterave sucrière n’est plus rémunératrice en dessous de 30 €/t, avec un rendement de 80 t/ha. »

« Défendre les moyens de production »

« La priorité aujourd’hui est de défendre les moyens de production, essayer d’en trouver de nouveaux et garder ceux que l’on a en attendant », assure Alexis Hache, président de l’Institut technique de la betterave.

La question de la lutte contre la jaunisse est ainsi rapidement revenue sur la table, lors de l'assemblée générale de la CGB. Si les rendements betteraviers sont en hausse cette campagne, évalués à 91 t/ha en moyenne au niveau national, certains secteurs comme la Champagne et l’Île-de-France n’ont pas été épargnés et la crise sanitaire de 2020 est encore présente dans toutes les mémoires. « Autour de Sillery (Marne), on remonte des rendements très disparates, allant de 28 à 120 t/ha en 2025 », souligne Franck Sanders, président du syndicat.

Alors que la réintroduction de l’acétamipride, prévue par la loi Duplomb-Ménonville, a été retoquée par le Conseil Constitutionnel l’été dernier, le sénateur de Haute-Loire Laurent Duplomb a promis, devant les participants de l’assemblée générale de la CGB, de présenter une nouvelle proposition de loi début 2026.

Quant à la campagne à venir, « après analyse par mes services, il n’y a pas d’obstacle pour le renouvellement de la dérogation 120 jours pour Movento (spirotétramate) et Agriodor », a assuré Annie Genevard, précisant que les demandes pouvaient être formulées par les agriculteurs.

« Le rapport de l’Inrae est clair : la protection contre la jaunisse repose à court terme sur les aphicides Movento et Teppeki (flonicamide) », a rappelé la ministre.

Miser sur une combinaison de leviers

En parallèle, la recherche continue. « 25 projets sont conduits dans le cadre du PNRI-C1. Les résultats sont prometteurs, néanmoins un levier qui fonctionne n’est pas forcément applicable par les agriculteurs. Il reste à voir leurs conditions de mise en œuvre et le coût engendré, note Isabelle Litrico, directrice scientifique agriculture d’Inrae. Les avancées confirment surtout la pertinence d’une stratégie multi-leviers. »

Or « une combinaison de leviers, c’est aussi une combinaison de coûts », met en garde Alexis Hache.

« Le PNRI-C a permis de mieux comprendre la maladie de la jaunisse et les facteurs majeurs de son développement », met en avant la directrice scientifique agriculture d’Inrae. « On a bien progressé sur les réservoirs viraux, ajoute Alexandre Pelé, vice-président de la CGB. « Le colza et d’autres brassicacées telles que les moutardes ou radis en interculture, ainsi que la phacélie sont, en effet, les principaux réservoirs de Myzus persicae. Pour Aphis fabae, la betterave sauvage en bordure maritime et la féverole semblent être des réservoirs hivernaux importants », indique l’ITB.

Table ronde organisée lors de l'assemblée générale de la CGB le 9 décembre 2025 à Paris.
De gauche à droite : Alexandre Pelé, vice-président de la CGB, Laurent Duplomb, sénateur de Haute-Loire, Alexis Hache, président de l'ITB, Cyrille Milard, président de la commission environnement de la CGB, Paul Edeline, chef de produit betterave SES Vanderhave et Emmanuelle Ducros, journaliste. (© Terre-net Média)

« La réduction de la sensibilité des variétés au virus de la jaunisse est aussi une voie d’action importante qu’on ajoute aux autres critères de sélection », note Paul Edeline, chef de produit betterave SES Vanderhave. Parmi les autres alternatives testées, les résultats pluriannuels montrent « une réduction d’environ 50 % des pucerons verts grâce à l’utilisation d’avoine rude et d’orge de printemps en plantes compagnes. Cette technique se heurte toutefois encore à plusieurs freins : recours à un herbicide spécifique, travail supplémentaire au semis et risque de concurrence avec la betterave .

« Des effets positifs, mais hétérogènes, sont également observés avec les œufs et les larves de chrysopes. Des incertitudes quant à l'efficacité des allomones, phéromones et d’un champignon entomopathogène subsistent en revanche, les conditions d’essais ayant été marquées par une faible pression pucerons après leur application. Les travaux sur ces approches, à fort potentiel pour le développement du biocontrôle, vont se poursuivre. »

« Sur les vingt formulations de biocontrôle testées ces cinq dernières années, dix ont montré un effet significatif sur les pucerons, avec des efficacités dépassant parfois 60 %, notamment certains champignons entomopathogènes et formulations à base d’huile de paraffine ou d’huiles essentielles. Parallèlement, l'Université de Picardie Jules Verne a caractérisé le mode d'action de flavonoïdes sur les pucerons, en laboratoire. Des expérimentations en serre sont actuellement conduites pour confirmer les premiers résultats prometteurs. »

La question d'une gestion territoriale est aussi étudiée pour les secteurs concernés par la cohabitation des betteraves porte-graines et sucrière. Malheureusement, les observations ont montré, pour le moment, peu d’efficacité du dispositif. Autre voie explorée, en lien avec Strube et AgriOdor : « l'utilisation de composés organiques volatils (COV) intégrés à l’enrobage des semences. Les premiers travaux ont permis de vérifier l’absence d’effet négatif des COV sur la germination, de maîtriser précisément la quantité incorporée dans la semence et de stabiliser les émissions dans le temps. Le projet étudie en ce moment le comportement du puceron Myzus persicae sur des plantes issues de semences enrobées de COV sélectionnées pour leur potentiel effet répulsif. »

1. PNRI-C : Plan national de recherche et d’innovation consolidé.

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