La seconde partie de la campagne céréalière commence comme la première avec une offre pléthorique de blé sur les marchés mondiaux. Au point de les rendre insensibles à toutes les mesures restrictives annoncées par les gouvernements russe et ukrainien visant à privilégier l’approvisionnement intérieur de leur marché aux dépens des ventes de blé vers les pays tiers.
La compétitivité des céréales exportables est arbitrée par les parités des monnaies des pays exportateurs.
En Russie, la taxe à l’exportation n’est pas assez dissuasive pour réorienter les blés exportables sur le marché intérieur. Le rouble se dévalue plus vite que l’augmentation des tarifs douaniers à l’export. En Ukraine, les céréaliers veulent aussi profiter de la dévaluation de leur monnaie pour vendre plus cher leur blé. L’accord récemment conclu pour limiter les ventes vers les pays tiers n’a pas encore eu de portée significative.
Les céréales européennes restent fortement concurrencées par celles de la mer Noire. Mais la dévaluation de l’euro rend cependant les blés européens exportés très compétitifs auprès des pays importateur car elle ne se traduit pas par un rééquilibrage des prix des céréales sur les marchés.
Selon la note conjoncturelle de FranceAgriMer, la Commission européenne a délivré des certificats à l’exportation de blé tendre pour un volume inédit de 1,7 Mt en semaine 5.
« Les affaires conclues dans la période récente laissent penser que ce chiffre pourrait au moins couvrir les 690.000 t de blé tendre achetées par l’Arabie Saoudite (qui seront vraisemblablement fournies par l’Allemagne et par la Pologne), les 100.000 t acquises par la Jordanie, ainsi que les 300.000 t de blé tendre achetées lors du dernier appel d’offres du Gasc égyptien (origines française et roumaine). Au total, l’Union européenne a déjà exporté 19 millions de tonnes de blé. »
La France confrontée à des stocks de report importants
La France profite moyennement de cette euphorie. « En janvier 2015, les chargements de blé tendre à destination des pays tiers marquent le pas par rapport aux mois précédents. Ils atteignent 5,3 Mt en cumul depuis juillet, en net recul par rapport aux campagnes 2013/14 (- 23 % par rapport au cumul à fin janvier 2014) et 2012/13 (- 8 % par rapport à fin janvier 2013). Il faut remonter à la campagne 2009/10 pour constater un cumul de cet ordre (5,2 Mt fin janvier 2010). »
Ce serait en fait les blés de qualité moyenne qui auraient du mal à trouver des débouchés. Or leur stockage en fin de campagne pourrait rendre leur écoulement plus difficile au début de la prochaine campagne puisque ces grains seraient alors directement concurrencés par la nouvelle récolte 2015/2016 si celle-ci est de très bonne qualité.
« Dans son rapport du 22 janvier, le Cic présentait justement ses premières prévisions pour la récolte 2015/16 », souligne FranceAgriMer dans sa note de conjoncture. « La récolte mondiale de blé est attendue en baisse de 2 % (703 Mt), malgré une progression des surfaces de 1 % (224 Mha) et une météo dans l’hémisphère Nord jusqu’ici plutôt favorable aux cultures d’hiver ».
L’Algérie a réduit ses approvisionnements avec la France tandis qu’en Egypte, l’intérêt du Gasc pour l’origine française se maintient en ce début d’année. « Au 31 janvier, près de 1 Mt de blé tendre a été expédiée vers l’Egypte contre respectivement 378.000 t et 751.000 t aux 31 janvier 2014 et 2013 », selon FranceAgriMer. Les importateurs du Gasc se détournent du blé américain Swr non-conforme aux exigences requises.
