« Nos exploitations sont de plus en plus soumises aux risques qu’ils soient climatiques, géopolitiques, de marché… on doit donc anticiper les choses », témoigne Christophe Buisset, agriculteur dans le nord de Somme et vice-président de Groupama Paris-Val de Loire. Il participait à une table ronde sur le changement climatique et le management des risques en agriculture, organisée à l’occasion de la célébration des 10 ans de la Chaire management des risques en agriculture à UniLaSalle Beauvais.
Sur son exploitation de 175 ha à Aveluy, il cultive pommes de terre, légumes (haricots, petits pois), céréales et betteraves. Le changement climatique, c’est « plus d’insécurité économique sur les exploitations ».
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Irrigation des pommes de terre et diversification
Pour faire face aux risques, il a diversifié son assolement et a revu ses pratiques, notamment pour lutter contre le manque d’eau. « J’étais assez réticent à l’irrigation sur la pomme de terre dans mon département. Mais je me suis trompé. En collectif, on a mis en place une Cuma d’irrigation, et on a ainsi pu continuer à développer cette culture », explique-t-il.
Christophe Buisset est passé au non-labour pour maintenir la fraîcheur dans les sols. Il cherche aussi à augmenter son taux de matière organique avec le développement des couverts, en achetant du fumier et en épandant les déchets végétaux de la commune, dont il est aussi le maire.
Le changement climatique, c’est également de nouvelles opportunités. Dans la Somme, il observe de nouvelles productions comme la vigne. Lui a décidé de se lancer dans l’ail il y a 6 ans. « Il faut mettre en place des productions qui nous permettent de dégager de la valeur ajoutée et de le faire en fonction de notre climat et de notre sol. L’ail, c’est une culture résiliente pour le nord de la France, qui demande peu d’eau et de phytos, qui résiste bien à la chaleur et aux maladies, excepté la rouille. Il faut aussi faire attention à l’enherbement », précise-t-il.
Affronter le regard des autres
« Un agriculteur doit changer tout au long de sa carrière : il faut être curieux et essayer des choses, des nouvelles techniques, aller voir ce qui se fait ailleurs », encourage-t-il. Le collectif est un excellent moyen de se lancer : tester à plusieurs, échanger, permet d’avancer.
L’agriculteur picard reconnaît que le changement est parfois compliqué à initier dans le monde agricole où chacun regarde ce que fait son voisin, ses réussites mais aussi et surtout ses échecs. « Sur des exploitations parfois fragiles économiquement, il est aussi compliqué de faire changer les pratiques car le risque n’est pas permis. » Pour cela, il faut trouver des solutions, notamment au niveau assurance pour protéger l’exploitation. « Je milite au sein de Groupama pour suivre les agriculteurs innovants, pour assurer ceux qui prennent justement des risques pour faire évoluer leurs pratiques. »
Revoir totalement la Pac
Pour accompagner les agriculteurs vers la transition, il défend d’un point de vue personnel une Pac plus économique : « La Pac actuelle est une erreur monumentale, on touche toujours des aides à l’hectare pour une compensation des prix qui date de 1992 ! J’aimerais une Pac qui couvre tous les risques et soutienne davantage en cas d’aléas de revenus, liés au climat, à la conjoncture des marchés, au sanitaire, à la géopolitique… La Pac devait aider l’exploitation à passer le cap d’une année difficile. Elle devrait aussi permettre d’aider les exploitants qui innovent et prennent des risques «
Au sein de Groupama, il milite également pour une meilleure prise en compte de l’innovation afin que les agriculteurs qui tentent des choses soient couverts. « Il nous faut anticiper les risques futurs des exploitations pour qu’elles soient plus résilientes. »
