Si l’agriculture n’est pas au cœur de toutes les campagnes – électorales -, les mobilisations des agriculteurs dans toute l’Europe ont rappelé aux différents partis l’importance de se battre pour le secteur agricole, d’autant plus que la politique agricole commune reste le principal poste de dépense de l’Union européenne, avec 386,6 milliards d’euros, soit environ un tiers du budget européen. La France en est le plus gros bénéficiaire.
Les mesures des Républicains
Menés par l’eurodéputé sortant Xavier Bellamy, et par l’agricultrice Céline Imart en deuxième position, les Républicains veulent inscrire l'agriculture dans le droit européen comme étant « d'intérêt général européen majeur ». Le programme de LR est par ailleurs très détaillé sur le sujet agricole, proposant les mesures suivantes :
- augmenter le budget de la Pac, notamment les aides directes ;
- abroger les textes européens qui freinent les agriculteurs « en prônant la décroissance » ;
- consacrer davantage de fonds du second pilier de la Pac à la recherche et à l’innovation publiques pour développer des alternatives aux pesticides et aux produits phytosanitaires, en particulier le glyphosate, et favoriser les nouvelles techniques génomiques (NGT) ;
- exiger des clauses miroirs dans les accords de libre-échange et garantir leur application effective même pour l'accès des produits agricoles ukrainiens ;
- rendre possible l’adaptation des taux de TVA par les États membres pour favoriser les produits les moins polluants ou consommés en circuits courts ;
- prévoir des fonds européens pour aider les agriculteurs à acquérir leur autonomie énergétique et développer le stockage du carbone dans les sols ;
- mieux maîtriser la présence du loup sur le territoire de l’Union européenne (révision de la directive Habitats).
Renaissance : un Égalim européen
Le parti présidentiel souhaite, dans la lignée des mesures annoncées après la crise agricole, en étendre certaines au niveau européen. Renaissance entend ainsi simplifier et harmoniser les contrôles liés à la Pac, et adopter « un Égalim européen pour compléter la loi française et assurer des revenus dignes à nos agriculteurs ».
Renaissance propose également d’adopter la « préférence locale » et de privilégier les circuits courts et les produits locaux en faisant évoluer les règles des marchés publics.
Le programme prévoit également d’accélérer la mise sur le marché de nouveaux produits de biocontrôle et les nouvelles techniques génomiques « pour diviser par deux les pesticides d’ici 2030 ».
Place publique veut refonder la Pac sur l’emploi agricole
Le programme de Place publique propose de refonder la Pac pour « rémunérer l’emploi agricole » et « soutenir les cultures de diversification », planifier « la transition vers des pratiques agricoles respectueuses de leur santé et de la biodiversité » et imposer des « mesures miroirs » sur les importations (respect des normes de production européennes).
Pour assurer la souveraineté alimentaire, Place publique compte mobiliser des outils de gestion de crise, et mettre en place des stocks stratégiques alimentaires « pour limiter la spéculation et les phénomènes de panique ». La liste menée par Raphaël Glucksman veut également revenir sur les accords de libre-échange, et revoir pour cela les règles de l’OMC.
« L’exception agriculturelle française » du Rassemblement National
La liste RN de Jordan Bardella met en avant une « exception agriculturelle française », et promet « une rémunération digne » aux agriculteurs. Le parti compte revenir sur la stratégie européenne Farm to Fork et renationaliser en partie la Pac, en l’accompagnant d’aides nationales.
Une Pac plus favorable aux nouveaux et jeunes agriculteurs, pour LFI
La liste La France Insoumise veut elle aussi garantir « des prix rémunérateurs » pour les agriculteurs, à travers diverses mesures. Il s’agit notamment de refonder la Pac en la conditionnant à des objectifs écologiques, sociaux et de bien-être animal, en la concentrant vers les petits producteurs et en favorisant les aides à l’installation des jeunes et nouveaux agriculteurs.
Pour y parvenir, LFI propose de mettre fin aux accords de libre-échange, créer une « caisse de défaisance pour reprendre la dette agricole de celles et ceux qui s’engagent au travers d’un contrat de transition à passer au 100 % bio », achever la convergence interne par l’harmonisation des aides au niveau national, ou encore revoir les aides agricoles de façon à rémunérer l’engagement des éleveurs en faveur du bien-être animal et du rôle paysager et environnemental du cheptel, sans perte de revenu. Leur programme prévoit également l’interdiction du glyphosate et un plan de sortie des pesticides.
Un « protectionnisme vert » pour les Ecologistes.
Comme la plupart de leurs concurrents, les écologistes entendent sortir des accords de libre-échange, avec pour objectif de leur côté de mettre en place un « protectionnisme vert pour protéger nos entreprises de l’emploi de la concurrence déloyale et mieux protéger la planète ». La liste menée par Marie Toussaint entend également instaurer au niveau européen le Zéro artificialisation nette, et mettre en place un commissaire dédié au bien-être animal.
La Pac serait revue pour rémunérer les actifs, avec « un plafonnement des aides aux grandes exploitations » et un soutien renforcé aux « pratiques écologiques vertueuses ». Enfin, une trajectoire de réduction ambitieuse de l’utilisation des pesticides et des engrais de synthèse est mise en avant, sans davantage de précision sur les objectifs chiffrés.
Un objectif de souveraineté alimentaire dans la Pac, pour Reconquête
La liste conduite par Marion Maréchal Le Pen prévoit de remplacer dans la Pac l'objectif de verdissement par un objectif de souveraineté alimentaire. Elle compte également stopper la politique de conversion vers l'agriculture biologique dans les filières en tension et supprimer l’objectif de 25 % de production bio ainsi que la conditionnalité des aides Pac au respect des nouvelles règles environnementales. Reconquête veut également défendre l'exception agricole française et, au niveau européen, instaurer un moratoire sur les traités de libre-échange avec le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Ukraine et le Chili.