(Article modifié le 14 avril à 00h20) La reprise des relations commerciales entre l’Australie et la Chine ne devrait « pas avoir d’impact sur les exportations d’orges françaises avant la fin de la campagne 2022/23, mais il faudra faire attention sur la campagne 2023/24 », en considérant les stocks australiens importants et la compétitivité de l’offre australienne vers l’Asie.
C’est ce qu’a expliqué Marc Zribi, le responsable de l’unité Grains et sucres de FranceAgriMer, lors d’un point presse organisé jeudi 13 avril.
Les relations entre les deux pays s’étaient détériorées ces dernières années, avec en point d’orgue la demande du premier ministre australien, en mai 2020, de créer une enquête indépendante sur l’apparition du Covid en Chine.
En réponse, l’Empire du milieu avait augmenté à 80,5 % ses droits de douane sur l’orge australienne, alors qu’il en était le principal acheteur, suspendant de facto les échanges. D’autres produits venus d’Australie ont fait l’objet de sanctions chinoises : suspension des importations de viande bovine, hausse des droits de douane sur le vin.
Mais des signes de réchauffement se faisaient sentir ces derniers mois et la ministre australienne des affaires étrangères a annoncé, mardi 11 avril, qu’un accord avait été conclu avec Pékin. La Chine va réexaminer dans les trois mois les droits de douane appliqués à l’orge, pendant que l’Australie va suspendre sur ce même délai le recours qu’elle avait déposé à l’Organisation mondiale du commerce.
The Albanese Government has been making progress towards stabilising Australia's relationship with China by resuming constructive dialogue.
— Senator Penny Wong (@SenatorWong) April 11, 2023
We have now reached an agreement with China that creates a pathway towards lifting duties on Australian barley. pic.twitter.com/0nuRPQkhbL
Voilà qui devrait rebattre le commerce mondial de l’orge dans les mois qui viennent : si ces droits prohibitifs sont levés, l’orge australienne reviendra concurrencer les autres origines sur le marché chinois, notamment la France.
Sur la campagne 2018/19, avant le différend commercial entre les deux pays, 54 % des 5,5 Mt d’orge importés par la Chine venaient d’Australie et 10 % de France. En 2021/22, l’absence de l’origine australienne permettait à la France de pourvoir à un peu plus d’un quart des 10,6 Mt d’orge achetés par la Chine.
L’orge française reste bien positionnée sur 2022/23, avec une seconde partie de campagne marquée par des exportations dynamiques. « La suppression annoncée des droits de douanes chinoises sur les orges australiennes n'a pas d'impact pour l'instant. Les chiffres d'exports français vers les pays tiers varient peu et il y a de beaux line-up vers la Chine pour les prochains mois », précise Paul le Bideau, chef adjoint de l’unité Grains et sucre.
Dans son estimation d’avril, FranceAgriMer évalue à 3,03 Mt les exportations d’orge vers les pays tiers sur l’ensemble de la campagne et a réhaussé de 170 000 t l'estimation des expéditions vers les pays de l’UE, en lien avec des hausses vers « la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Portugal, l'Espagne », note-t-il.
« Les orges françaises deviennent compétitives par rapport à l’orge allemande, permettant de mieux se positionner sur le marché européen », ajoute-t-il.
La France devrait donc exporter en tout 6,23 Mt d’orge sur la campagne 2022/23, contre 6,21 Mt en 2021/22 et 5,72 Mt en 2020/21. Quid de 2023/24 ? « Les orges australiennes pourraient concurrencer les orges françaises à partir du second semestre 2023, quand elles arriveront sur le marché », présage Paul Le Bideau.