Ils font l'agriculture européenne
Fabrice, Belgique : « Un an sur deux, on perd de l'argent en blé »

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Si son père ne lui avait par transmis progressivement la ferme familiale en Wallonie, par donation, Fabrice n'aurait pas pu réaliser son « rêve de gosse » : devenir agriculteur, un métier qui l'a « toujours passionné ». Car le prix des terres agricoles en Belgique est encore plus exorbitant que chez nous : 60 000 €/ha en moyenne, voire parfois plus de 80 000 €. Et le jeune homme, qui loue une partie des terres, paie 450 €/ha de fermage. Il n'est pas pour autant « tenté », comme certains exploitants agricoles belges, « d'aller cultiver ailleurs, en France notamment ». « Il y a suffisamment à faire ici ! », lance-t-il. 

Avant de reprendre l'exploitation en 2010, il a été salarié 10 ans à l'extérieur. « Une expérience qui m'aide au quotidien dans ma prise de décision », reconnaît-il. D'ailleurs, un an après son installation, il a monté une Cuma avec quatre autres producteurs alors que ces structures sont plutôt rares dans le pays. « Travailler tout seul devient très difficile tant les investissements dans le matériel agricole sont lourds, explique-t-il. Cela m'a permis de faire évoluer considérablement la ferme et le travail. En plus, nous nous soutenons moralement : nous discutons et nous entraidons beaucoup. » Ils achètent même des intrants en commun dans la seule coopérative qui subsiste en Belgique et dont Fabrice est vice-président. 

Accès difficile au foncier, poids des investissements, en équipement et machines en particulier : s'installer en agriculture ne semble pas plus simple en Belgique qu'en France, d'autant que les organisations collectives (Cuma, coopératives, etc.) sont moins présentes. Dans les deux pays, les jeunes, et les agriculteurs dans leur ensemble, sont confrontés à d'autres difficultés similaires.

  • Coûts de production élevés, qui contraignent entre autres Patrice et ses collègues de la Cuma à ne presque plus cultiver de blé et à en faire une tête de rotation, sans quoi « un an sur deux, on perd de l'argent », déplorent-ils.
  • Prix trop bas payés aux producteurs en raison de la pression des industriels.
  • Agribashing des consommateurs et du gouvernement qui a instauré "la semaine sans phyto" et interdit certaines routes secondaires aux tracteurs.
  • Manque de soutien des générations précédentes.

D'où l'importance ici aussi, selon Fabrice, de « communiquer sur l'agriculture, ouvrir nos fermes, rencontrer les élus locaux. »

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