« Le climat sec de ce mois d’avril et les bonnes conditions de structure et de ressuyage des sols ont incité les maïsiculteurs – surtout grain - à semer tôt les maïs. » Dans les Hauts-de-France, l'équipe d'Arvalis-Institut du végétal s'inquiète pour ces cultures aujourd'hui sorties de terre alors que les températures matinales ont localement été négatives.
En effet, pour les parcelles non levées, le sol a un effet protecteur qui écarte le risque de gel. « Au stade post-levée, les jeunes feuilles de maïs se trouvent par contre exposées à la température de l’air. Un gel de quelques heures est alors suffisant pour les détruire. » Les dégâts causés par des températures gélives sur les feuilles déployées sont facilement reconnaissables. « Dans un premier temps, elles brunissent rapidement, puis elles deviennent plus ou moins translucides. »
Par contre, à ce stade et jusqu’au stade 4-5 feuilles visibles, l'institut rappelle que le méristème apical (apex), à l’origine de la formation de nouvelles feuilles, est encore dans le sol, donc protégé des basses températures. « Dans la majorité des cas, l’initiation et le développement des futures feuilles peuvent se poursuivre normalement. Même si parfois, les feuilles gelées, en se repliant plus ou moins sur elles-mêmes, bloquent leur déploiement. Dans ce cas, il y a perte de pieds. »
Attention au désherbage des cultures fragilisées
Les gelées matinales de ces derniers jours n'ont donc pas détruit les cultures. Par contre, alors que les désherbages de post-semis n’ont pas été faits du fait de la sécheresse cette fois, « il faudra être prudent lors des traitements herbicides de post-levée précoce : laisser à la plante fragilisée par le gel le temps de repartir en végétation et se méfier du manque de sélectivité des mélanges. Pour cette raison, mieux vaut éviter le stade pointant. » En post-semis comme en post-levée précoce, il faut en effet 10 à 15 mm de pluie dans les dix jours suivant l’application pour une bonne efficacité.
Pour les parcelles encore à semer l'institut conseille « un semis suffisamment profond (≥ 4 à 5 cm) pour échapper au gel, aux oiseaux et au dessèchement superficiel du sol, mais pas trop (< 8-9 cm) pour limiter l’épuisement des réserves de la graine par l’élongation du coléoptile, réduire la durée de l’émergence et donc échapper au parasitisme ».
« En cas de surface sèche, l'option franche (semis tout en surface dans le sec ou tout en profondeur dans le frais) sera préférable à un compromis qui ne permettrait la levée que d’une partie des semences si le manque d'eau perdure. Dans un sol ressuyé, la semence se conserve très bien mais si elle commence à germer, le processus ne doit pas s’arrêter jusqu’à la levée. Comme il n’y a pas urgence, il vaut mieux attendre quelques jours si une période pluvieuse est annoncée pour semer, et éventuellement désherber, avant. »