Les récoltes ont redémarré lundi chez Olivier Leleu, entrepreneur de travaux agricoles dans le Pas-de-Calais à 20 km de Calais et 30 km de Boulogne-sur-Mer. « On a terminé les colzas, à 8,5 % d’humidité, il nous reste, par contre, environ 150 ha de blé tendre à battre, ainsi que de l’orge et de l’avoine. Le blé a besoin de plus de temps pour sécher », explique-t-il.
Inquiétudes concernant la qualité des récoltes
Pour Olivier Leleu, qui a repris l’entreprise familiale à la suite de son père et de son grand-père, « que la moisson ne soit pas terminée au 15 août, cela n’est pas inhabituel dans le secteur. Auparavant, on commençait même la récolte des blés à cette date. Depuis plusieurs années, on constate toutefois que le blé est mûr plutôt autour du 25 juillet désormais ». Les intempéries sont donc plus préjudiciables pour la qualité des récoltes.
Un de ses clients a donc pris la décision de battre le blé même à 17 % d’humidité. Les autres travaux (paille, lin textile…) attendent aussi. « Les arrachages de pommes de terre ont également démarré dans le coin ». « Les premiers blés battus avant les pluies étaient à 78 kg/hl de PS, aujourd’hui on est plutôt autour de 72-73, constate Olivier Leleu. On voit beaucoup de champs versés, des grains par terre et germés. On a déjà eu ce souci en 1992, mais c’était arrivé en septembre », se souvient l’entrepreneur.

Dans ces conditions, la coopérative Unéal a notamment revu l’application de la moyenne à plus de 72 kg/hl de PS et moins de 17,5 % d’humidité pour « permettre une flexibilité de livraison. Le calcul réalisé sur la campagne permet aux agriculteurs d’être affranchi des frais de remises aux normes si la moyenne est correcte », expliquait Maxime Thuillier, directeur céréales de la coopérative, dans une vidéo du 3 août dernier.
Là ça commence à devenir critique… pourvu que le soleil revienne cette semaine qu’on en finisse avec cette moisson pic.twitter.com/zWQ6gddb6k
— Guillain Berson (@GuillainBerson) August 7, 2023
« Où en êtes-vous dans les moissons ? », demandait Simon mardi sur la page des producteurs de lait . Si les chantiers viennent de se terminer pour Véronique, Jean-Jacques et Gaëtan, installés respectivement en Mayenne, dans les Côtes-d’Armor et en Ille-et-Vilaine, la moisson bat encore son plein en Haute-Saône, pour Yz. La récolte des blés a démarré mardi aussi chez Ronan, éleveur dans le Finistère.
Démarrage atypique de ma #moisson2023 !
— Guillaume Wullens (@G_wullens) August 9, 2023
Après une échantillon à 19.8 à 14h30… démarrage à 17h30 à 17,1 pour tomber à 15.4 à 22h30!
Du jamais vu pour moi!@Ternoveo02@FDSEA62@hautsdefrancepic.twitter.com/y2Oq2sNCZv
Depuis le 21 juillet je n'avais pas été revoir ma dernière parcelle de blé à moissonner, il était tout juste mûr à faire avant que les pluies nous stoppent. A part une bande de raccords en court tours, tout est debout, et malgré tout c'est déjà rassurant. 🤞 Pour cette semaine pic.twitter.com/mZXd74y57W
— Cornil D 🐂🐄🌾🌽 (@farmers3b) August 6, 2023
« Dans le Centre Manche, on avait prévu de faucher le blé mercredi après-midi mais on a eu une petite pluie à 7 h le matin », indique Françoise. Pour Delphine en Seine-Maritime, « c’est priorité au lin. La récolte des blés n’a pas encore démarré, ce sera pour la fin de semaine ».
Il pleut ,pas de moisson aujourd’hui. pic.twitter.com/OU67RVgbiO
— hazard michel (@hazard__michel) August 9, 2023
Va-t-on battre les 199mm de Juillet-Août 2004 avec une moisson des blés qui a duré 45 jours ?
— ChristopheB. (@agritof80) July 31, 2023
On est bien parti pour... 😬
(Pluviomètre non remis à 0 depuis le début de la #moisson2023) https://t.co/p8JIWhPyNYpic.twitter.com/AGm9RZvtlE
Les agriculteurs s'entraident pour « sauver la moisson 2023 », comme l'indique Vincent Guyot dans l'Aisne :
Opération solidarité entre voisins pour sauver la #moisson2023 est lancée. Faut sauver #zazapic.twitter.com/bkyA8H9JZn
— GUYOT Vincent (@GuyotVincent02) August 9, 2023
Des soucis de grains germés sont signalés dans plusieurs départements. « En Bretagne, même le blé non versé commence à germer », commente Thomas sur la page des producteurs de lait (Facebook) « Idem dans le Pas-de-Calais », indique Nathalie.
Pour Bruno Cardot, installé dans l’Aisne, c’est le colza aussi qui germe. « Dans les zones où le colza ne touche pas le sol, ça va. Mais ce n’est pas bon du tout quand les cultures sont couchées. C’est compliqué à ramasser et on perd du temps, mais on va y arriver ! »
Salut salut 👋 #moissons23 🚜🇫🇷#zaza la graine de colza
— Bruno 😅Salut Salut (@BruCardot) August 8, 2023
Ça caille 🥶🥶🥶🥶 pic.twitter.com/aqh8DclEpB
Et chez nos voisins européens ?
Nos confrères du Sillon belge relatent « une situation très critique » pour leur pays. « Les pluies systématiques et les faibles températures survenues fin juillet et début août, juste après la maturité des blés, constituent des conditions favorables, d’une part, au développement des mycotoxines et, d’autre part, au déclenchement de la prégermination physiologique sur pied (même en condition non versée). […] Cette année, la maturité des blés était atteinte en moyenne vers le 20 juillet en Belgique. Une récolte vers le 10 août signifie une surmaturité de 21 jours. Lors d’une année habituelle, la maturité se situe plutôt autour du 1er août. La date de moisson du 10 août de cette année revient à l’équivalent d’une moisson du 21 août d’une année habituelle ».
Et la situation ne semble pas meilleure en Allemagne ou aux Pays-Bas, comme en témoignent ces photos partagées sur les réseaux sociaux :
Post taken from FB from an Ag lecturer in Germany. pic.twitter.com/bKf582yXcb
— Charles Goadby (@thisfarmlife) August 6, 2023
Here te same in Holland. 🤢🌾 pic.twitter.com/NM0hwvaG8N
— Peter Buysrogge (@BuysroggePeter) August 7, 2023