« 45 q de moyenne en orge » pour Éric en Dordogne et « guère mieux en blé », pronostiquait-il début juillet, « moins de 60 q et le reste va suivre » chez Nico dans le sud de l'Aisne, « entre 40 et 60 q selon les parcelles et l'importance de l'excès d'eau » du côté de Nicolas en Charente. Pas meilleur, en blé, en Bourgogne-Franche-Comté : « C’est pas bon du tout, on frôle les 50 q », déplore l' EARL Glaude. « Une "calotte" monumentale en orge et la course au PS en blé », ajoute Yohan. « Des PS très bas », confirme Bruno02.
« En dessous de 55 q pour les premières coupes de blé et de 30 q en pois », renchérit Massey17. « 30 q en colza dans le département de l'Ain », poursuit Merco. Pire, estime Lionel, agriculteur gersois, évoquant « 20 à 40 q ». Même chose pour le Vendéen Paco85 : « De l’ordre de 30 q pour les blés semés avant le 20 octobre. » « 10 à 30 q en colzas et les pois ne financeront même pas la batteuse : 28 q et 60 % non récoltés ! », image Bruno02.
« Catastrophique pour toutes cultures et régions »
« Vers une baisse des rendements en blé d’au moins 20 %, avec des qualités minables et des PS en dessous de 70 », résumait Guaramiranga. Plutôt que de rendements moyens, Jm89 préfère, lui aussi, parler de perte de rendements : « Dans l'Yonne, il manque 20 à 25 q en orge, 7 q en colza et 10 q en blé, dans des petits potentiels, mais dans des champs pourtant propres et correctement cultivés. » Sur l'exploitation de Daniel, les rendements ont été divisés par deux.
« Catastrophe » est le mot qu'emploie Dédé pour cette moisson 2024, soit « 40 à 45 q en orge d'hiver pour les grains qui ne sont pas partis au méthaniseur puis 50 q pour les premiers blés ». « 30 à 60 q en blé dans le bocage vendéen : du jamais vu depuis 40 ans au moins », insiste gaby85. « 10 q en blé bio au nord de la Moselle : du jamais vu » également selon Miloute57. Autrement dit par Bruno02 : « Sacrée année, en deça de ma moyenne quinquennale et, dans certaines parcelles à, à peine, 55 %... »
« Six mois qu'on le sait ! »
Les témoignages des lecteurs de Terre-net (en ligne et sur Facebook) illustrent les récoltes catastrophiques en France en 2024, « pour toutes les régions et cultures d'hiver » comme le souligne Ludovic. Des résultats auxquels, malheureusement, la plupart s'attendaient depuis quelque temps. À l'instar de Laurent : « Six mois qu'on le sait ! »
Et les prévisionnistes « l'annoncent seulement maintenant », s'étonne Rachel. Dès mi-juin, Momo déclarait : « La ramulariose sur orge cogne sec, ça promet. » levequeph2003,lui, anticipait « une superbe gamelle » et Nicolas « un beau bordel ». Les prévisions Didier84 étaient déjà très précises : « 50 q maximum en orge et pas beaucoup plus de 20 q en colza ».
« Des estimations ? Plutôt des rêves ! »
« Les pois d'hiver et de printemps fondent comme neige au soleil, resemis compris. Des ronds apparaissent dans les colzas, comme passés au lance-flammes, et s'aggrandissent de jour en jour », témoignait runo02 à la même période. « Les estimations de récolte sont toutes sur-évaluées », jugeait-il. Un avis partagé par de nombreux lecteurs, avant même les premiers grains moissonnés.
levequeph2003 entre autres : « 30 Mt de blé récoltées cette campagne en France : un rêve, ce sera nettement moins encore ... » « On sera plus près des 20 Mt », pense Rachel. Dans le secteur de Bruno02, les anticipations sont « 25 à 30 % au-dessus de la réalité, au minimum hélas... » Elles tablaient, « il y a peu, sur une récolte quasi dans la moyenne, plutôt cocasse ! »
« Avec la météo, pas étonnant »
« À quoi bon prévoir à une ou deux semaines de la moisson, qui plus est quand le temps est aussi incertain que cette année ? », s'interroge jm89. Beaucoup d'entre vous le font remarquer : « Tant que ce n'est pas dans la benne... » « Et que des batteuses sont encore au garage », appuie Jérôme. « On ne peut rien affirmer tant en quantité qu'en qualité », argue jm89. À l'inverse, « pourquoi attendre le verdict des moissonneuses ? », demande Tiangua. « Croire encore au miracle ?? Tout le monde était conscient de la situation ! »
D'autant que les conditions météo ont été compliquées tout au long de la campagne. C'est pourquoi les lecteurs craignaient pareille issue, et sont surpris que la filière ait sous-estimé l'ampleur des dégâts. « Avec la météo, pas étonnant !! », pointe Nicole. « Des cumuls de précipitations énormes : 1 600 mm ici depuis septembre 2023 !!! », martèle Thibaud. « Une année pourrie avec des pluies abondantes, des semis difficiles pour les cultures d'hiver et de printemps, un début d'été trop froid... Rien ne va », rappelle Massey 17.
« Seuls le vulpin ou la jachère se portent bien »
DaSa détaille : « En Centre-Val de loire, des colzas pourris de maladies : des ronds humides sans aucune plante même en terres profondes, et des épisodes de grêle qui ont tout découpé à certains endroits. » « Du jamais vu, répète jm89, des colzas pourris de maladies ! » « Les Dombes sont noyées, sinistrées... Les parcelles sont pourries, infestées d'herbe. La Bresse ne vaut pas mieux », témoigne Merco.
« Les rendements ne sont pas bons, c'est un fait. Dire que la récolte nationale en volume est catastrophique, rien de plus logique avec tous ces hectares qui n'ont pas pu être semés dans de bonnes conditions, voire pas semés du tout. », avance Meunier51. « Quand on récolte les colzas en même temps que les escourgeons : gamelle assurée », met en avant levequeph2003 pour illustrer un contexte atypique. Thierry ironise : « Seule culture qui se porte bien : le vulpin. » Laurent sur le même ton : « Ou alors la jachère. » « Sûrement celle que je vais adopter pour les prochaines années », conclut Marc-Henri.
