Paroles de lecteurs : « Des miettes de l’État aux céréaliers sur la paille »

Paroles de lecteurs sur les mesures de l'Etat face à la mauvaise moisson 2024
Que pensez-vous des mesures de soutien de l'Etat ? Dites-nous en commentaires. (©AGPB/Grégoire de la Roussière // Montage Terre-net Média)

« La chute de la production française inquiète l’aval de la filière, mais qui s’inquiète des producteurs qui ne couvriront pas leurs coûts de production, qui ne pourront pas se rémunérer, ni financer la nouvelle campagne ? », demande jm89. « Au nord de la Seine-et-Marne, un chef de silo m’a dit qu’il n’a jamais vu des mines de producteurs aussi dépitées. Les céréaliers sont sur la paille, monsieur le ministre », témoigne Nico appelant à l’aide de l’État face à la moisson 2024 désastreuse.

Les mesures annoncées par le gouvernement, justement, déçoivent les lecteurs. « De la poudre aux yeux pour fermer la bouche aux contestataires, très peu nombreux », pour Thierry. Ou « un cataplasme de plus », image moi-même. « Encore des mesurettes. L’argent coule à flots pour les JO mais pour les agriculteurs, il reste des miettes », déplore Barnet17. « Waouh, on est sauvé, on va percevoir 15 jours plus tôt ce qui nous est dû ! », lance Gibero.

« Un cataplasme de plus »

maxens n’est guère plus optimiste : « Beau discours, mais c’est du baratin. Les politiques s’en moquent, ou sinon ils ne peuvent rien faire. Ce qu’il manque sur les fermes céréalières, c’est du cash et de l’argent, ils n’en ont pas. Le montant des compensations Pac, réorientées depuis 2016 au motif de « prix durablement élevés », aurait permis de faire face à 2016, puis à 2024. »

« Un report des cotisations MSA, ou une suppression de taxes foncières, ne sont pas à la hauteur des enjeux, enchaîne-t-il. C’est juste pour passer l’année, en espérant que la suivante sera meilleure. Les céréaliers n’ont plus les moyens de faire face aux coups durs, notamment aux mauvaises récoltes. Comment tenir en ayant à peine épuré 2016 ? »

« 2016 est à peine épurée »

Il poursuit : « Les à-coups ne sont plus gérables. Il faudrait systématiquement, tous les ans, pouvoir choisir pour la base imposable ou la base MSA entre l’année en cours ou une moyenne sur 5 ou 8 ans. Pas sûr que l’État soit d’accord. » Tiangua n’est pas étonné : « On se souvient de la gestion de crise de 2016 ! Et de ce qui a résulté des manifestations agricoles du début de l’année, alors croire que ce gouvernement fantôme fera quelque chose est pure utopie. »

Certains pourtant sont prêts à manifester à nouveau, si aucun soutien financier n’est accordé en plus. « Nous pourrions retourner sur les ronds-points ! », préviennent-ils. Barnet17 en fait partie : « Prix en chute libre et rendements cata : les campagnes vont se révolter. » De même que Bernard : « Le gouvernement ne donne aucune réponse, les syndicats patientent, mais les paysans sont prêts à bouger rapidement. »

Les « réaménagements d’emprunts, reports de cotisations, avances sur les aides » sont insuffisants, répètent les lecteurs. « Quant au dégrèvement des impôts fonciers sur le non-bâti, ce sont les propriétaires qui le percevront, pas les exploitants », fait remarquer Gibero. Car « personne n’ira vérifier s’ils l’ont répercuté ou pas » aux producteurs, justifie maxens.

« Plutôt des aides financières directes ou encore des outils de lissage du revenu »

Il propose de mettre en place « des outils efficaces de lissage des revenus ». Pour Gibero, un soutien de « 50 €/t pour toutes les cultures serait un premier pas au vu des prix actuels, honteusement bas ». Et maxens de rebondir : « Le problème est dans les prix de vente, en céréales comme en élevage, pas dans les mauvaises récoltes ».

Le problème : les prix, pas les mauvaises récoltes !

« Il faudrait que ces fameuses aides soient versées en fonction de l’impact sur le chiffre d’affaires global de l’exploitation et pas uniquement sur les céréales, suggère DaSa. Car les conséquences d’une faible moisson ne sont pas les mêmes pour un céréalier pur, celui qui a aussi des cultures industrielles, ou un polyculteur en zone intermédiaire… »

« J’espère qu’ils penseront aux polyculteurs-éleveurs, tout autant impactés », ajoute Miloute57. Sans quoi « il faudra arrêter de semer des céréales, qui coûtent plus cher à produire que de les acheter pour nos bêtes », alerte Émilie.

« L’assurance récolte ne nous indemnisera pas »

« Le seul truc qui va rapporter de l’argent frais, c’est la mesure sur l’assurance récolte », estime maxens avant de nuancer aussitôt : « à voir l’écart entre les annonces et la réalité. » Roch SY est plus circonspect : « L’assurance récolte ne va jamais pouvoir nous indemniser. » DaSa est de son avis : « Elle coûte un bras et les franchises sont énormes : si tu perds 50 % de tes récoltes, l’indemnisation portera sur 25 % maximum. Ras-le-bol de bosser pour rien ! »

Ce qui amène maxens à revoir sa position : « 20 ou 25 % de franchise, donc dans beaucoup de cas, l’agri ne touchera rien, car il faut mieux 50 % de pertes sur une culture que 20 % sur l’ensemble des productions. Autrement illustré par Abc : « Pour un rendement de 50 q au lieu de 70 q de référence (donc 25 % de pertes) et 20 % de franchise, l’indemnisation s’élève à la somme colossale de 40 €/ha net. Avec le dégrèvement de la taxe foncière, à hauteur de 40 €/ha, on arrive à ± 80 €/ha « d’aides » quand il manque 700 €/ha ! »

« Tout le monde concerné que ce soit directement ou indirectement »

Martin rappelle : « Les céréales rapportent de l’argent à l’agriculture et aussi à l’État, donc tout le monde est directement ou indirectement concerné par une mauvaise récolte. » « Il serait temps que les politiques comprennent que la technique ne suffira pas à nous sauver, renchérit Tiangua. Et de leur montrer qu’une autre vision agricole est nécessaire s’ils veulent continuer à se nourrir sainement et localement à bon prix. »

La conclusion de jm89 : « Cessons cette hypocrisie. On sait très bien comment finissent les effets d’annonce pour les aides. Quelques éventuels milliers d’euros ne changeront rien aux problèmes de trésorerie des exploitations. Le système est à bout, il n’y a plus de rentabilité pour encaisser les mauvaises moissons. »

« Ne nous voilons plus la face, les agriculteurs français ne sont plus compétitifs, la faute aux charges franco-européennes et au gavage de marges de l’amont et l’aval. Cette moisson va faire très mal dans les fermes, mais surtout au moral des agriculteurs, face à l’avenir incertain de leur métier, et aux incohérences des contrôles et réglementations diverses. »

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