Si un semis de lin sur le créneau fin mars/début avril est souhaitable pour limiter le risque de verse, celui-ci ne doit jamais être effectué au détriment de la structure du sol. Le lin est très sensible aux accidents de structure, particulièrement au stade jeune. Et ces derniers peuvent avoir de multiples conséquences : mauvaise qualité de l’enracinement, retard de levée voire levées multiples et perte de pieds. Il est primordial de reprendre les sols lorsque ceux-ci sont suffisamment ressuyés et réchauffés afin d’obtenir des conditions de semis favorables à la réussite de la culture.
Les semis commencent sur les bords de mer.
— Terre de Lin (@TerredeLin) March 17, 2022
La température du sol doit être d'au moins 10°C et le taux d'humidité mesuré via un prélèvement de terre, de 18%.
Vient alors le semis, qui marque le début des 100 jours de végétation du #lin ! ???? #TerreDeLin @HemeryckGuil @agri_zoom pic.twitter.com/CM7tyR8jqT
Soigner la préparation du sol
Le lin présente une racine pivot pouvant descendre jusqu’à un mètre de profondeur. Un bon enracinement conditionne la capacité de la plante à puiser l’eau et les nutriments nécessaires à son développement. Un défaut de structuration du sol impacte directement le potentiel de production de la culture. La préparation du sol représente donc une étape essentielle de la conduite du lin.
Pour limiter le tassement, il est recommandé de réduire le nombre de passages. L’utilisation d’un combiné de semis est alors préférable.
Un lit de semence de 3 à 5 cm de profondeur suffit pour permettre une bonne implantation. Pour éviter de créer des zones de lissage pénalisant l’enracinement, la reprise du labour doit être réalisée sur une profondeur de 40 cm sur un sol ressuyé (humidité < 18 %). Aucune pluie ne doit être annoncée dans les 48 heures suivant cette étape.
L’hiver 2022 se caractérise par des températures très douces par rapport aux 20 dernières années (Figure 1). Si l’hiver a été relativement sec, le bassin linier a été touché par des précipitations plus ou moins importantes selon la zone entre février et mars (Figure 2). Il convient alors de rester vigilant sur les conditions de préparation du sol.
Quelques précautions au moment du semis pour une levée rapide et homogène
Les semences représentent un des postes de dépense le plus important pour les liniculteurs. Une mauvaise implantation peut entraîner une double levée et créer des complications techniques pénalisant la rentabilité de la culture.
Le semis est soumis à un double enjeu : assurer une levée rapide et homogène. Pour cela, il convient de respecter quelques précautions :
- semer le lin dans un sol réchauffé (température supérieure à 10°C). La culture se développant à partir de 5°C, des températures atmosphériques douces sont propices une levée rapide et réduiront la période de sensibilité aux altises ;
- semer à une profondeur comprise entre 1 et 2 cm, la graine de lin disposant de peu de réserve ;
- semer à une vitesse réduite (6 km/h) favorise une levée homogène ;
- s'assurer qu'aucune pluie importante n'est prévue dans les 48 heures suivant le semis. Durant ce délai, les terres doivent blanchir pour une meilleure cohésion du sol en surface et afin de limiter le risque de battance en cas de fortes pluies.
Densité de semis : viser un peuplement de 1 600 plantes levées par m²
Le lin compense mal une hétérogénéité, la régularité du peuplement prime alors sur la densité. Le liniculteur doit viser un peuplement de 1 500 à 1 600 plantes viables par mètre carré (tableau 1). Une densité trop importante génère des lins petits et sensibles aux bioagresseurs.
Le tableau 1 reprend les valeurs indicatives des doses de semences en fonction du poids de mille graines (PMG). Ces valeurs sont à ajuster selon la date de semis et le type de sol.
- Pour les semis en sols difficiles (forte teneur en argile, préparation grossière), il est conseillé d’augmenter la dose de semences de l’ordre de 20 % afin de pallier d'éventuels problèmes de levée.
- Pour les semis précoces, souvent réalisés dans des sols froids, mal ressuyés et avec des préparations de sol grossières, il convient de majorer la densité de semis d’environ 10 %.
- Pour les semis plus tardifs, favorables à une bonne germination des plantes, il n’est généralement pas nécessaire d’augmenter la dose de semences.
Le respect de l’ensemble de ces conditions permet alors au lin de démarrer dans de bonnes conditions. Une linière levée rapidement et de manière homogène sera moins exposée aux attaques d’altises. Cet objectif est d’autant plus important que les températures hivernales ont été peu gélives (Figure 1).
De plus, le recouvrement rapide du sol par le lin est un premier levier pour lutter contre le développement des adventices. Dans les parcelles fortement infestées en vulpin ou en raygrass avec, ou non, une suspicion de résistance, il peut être nécessaire de prévoir un désherbage de pré-semis. L’Avadex 480 (triallate) en incorporation lors du semis peut être utilisé. Le produit doit être épandu sur un sol homogène et incorporé le plus rapidement possible.
Aujourd'hui c'est localisation de 70kg de DAP pour les futurs semis de lin en #SD. Un passage qui permettra un réchauffement plus rapide du sol. #gedaduternois pic.twitter.com/Tz2Mc05haY
— Christophe GUILLE (@guillechristof) March 8, 2022