Installée depuis 1956, l’usine de Vecquemont est aujourd’hui la seule féculerie du groupe Roquette dans le monde. Le site travaille en moyenne 600 000 t de pommes de terre chaque campagne.
Après plusieurs années difficiles pour la filière, le groupe destine de plus en plus sa fécule native et celle modifiée à l’alimentation, les cosmétiques et la pharmacie, des secteurs qui sont plus rémunérateurs. Il travaille également à une meilleure valorisation des coproduits et vient d’inaugurer à ce sujet une nouvelle ligne de production des solubles clarifiés, opérationnelle depuis la fin de l’année 2024.
Les solubles sont obtenus à la fin de l’extraction des protéines. « Les équipes Roquette ont mis au point un procédé breveté permettant d’enlever les dernières fibres et matières en suspension de ces produits, afin de faciliter leur formulation, ainsi que leur usage en pulvérisation. Un important travail de R&D a également été consacré au maintien de leur stabilité dans le temps », explique Patrick Poret, directeur de l’usine de Vecquemont.
« Un élément de plus pour assurer la pérennité de la filière »
Vendus sous la marque Solulys, les solubles constituent à la fois des engrais biosourcés, riches en azote, phosphate, potassium et nutriments rapidement assimilables, et aussi des ingrédients pour des biostimulants qui renforcent les plantes lors de stress.
Roquette a investi 4,5 millions d’euros dans ce nouvel atelier. S’il n’a pas encore atteint la capacité de production maximale fixée à 10 000 t/an, la demande des clients pour les engrais biosourcés est là. En parallèle, les équipes cherchent une nouvelle valorisation du gâteau, issu de cette étape de filtration, dans la fertilisation également. Il est intégré jusque-là dans la ration des méthaniseurs aux alentours.
« Aller chercher de nouveaux débouchés est un élément supplémentaire pour mieux rémunérer les 700 producteurs partenaires, de la coopérative féculière de Vecquemont, et assurer la pérennité de la filière », souligne Patrick Poret.

« Une bonne nouvelle pour les producteurs »
« Quand Roquette investit dans son usine, c’est toujours une bonne nouvelle pour les producteurs, répartis dans les départements de la Somme, de l’Oise, de l’Aisne, de la Seine-Maritime et du Pas-de-Calais », ajoute Bruno Poutrain, directeur de la coopérative.
« Après le Covid, la filière a subi une forte baisse des prix, on est descendu à 60 € la tonne de pomme de terre, accentuant la concurrence avec d’autres filières. Mais un travail commun de la coopérative et de Roquette a permis de retrouver des marchés plus rémunérateurs. Le prix tourne aujourd’hui aux alentours de 116 €/t. On a stoppé l’hémorragie de la baisse des surfaces, aujourd’hui stabilisées à 10 000 ha, mais on reste très vigilant au partage équilibré de la valeur », précise Camille Deraeve, président de la coopérative.