Quelles seront les conséquences probables des récoltes et des politiques des grands exportateurs de l’EU, de l’Amérique et de l’Asie sur le marché de l’huile végétale en 2023/2024 ?
Pour ce qui est de la campagne agricole 2023/24, il faut d’abord comprendre à quoi vont ressembler les bilans 2022/23. À court terme, la grande question est de savoir si les récoltes brésiliennes de soja seront conséquentes en 2022/23 à la suite des difficultés qui ont marqué la campagne 2021-22. L’ampleur des récoltes brésiliennes déterminera en effet les prix auxquels les agriculteurs américains seront confrontés au moment de prendre les décisions relatives à leurs cultures pour la saison de plantation 2023.
Soybean harvest in Mato Grosso, Brazil advanced to 5.9% complete down last yrs pace of 13.3% & down from avg pace of 9.1%. #soybeans ?? #Brazil ???? pic.twitter.com/V2w23KJE5T
— Darin D. Fessler ???? (@DDFalpha) January 21, 2023
Naturellement, les prix ne sont pas le seul critère décisif pour les agriculteurs américains, puisque beaucoup de choses dépendent par ailleurs de la gestion des terres et des décisions agronomiques, notamment en matière de rotation des cultures.
Plus en aval au sein de la chaîne de valeur, on constate une vague d’accroissement significatif des capacités de broyage aux États-Unis, qui entraînera une hausse de la production d’huile et de tourteaux de soja. Le marché du soja a évolué au cours des dernières années, et il y a désormais une meilleure appréciation de la valeur de l’huile de soja, qui est un produit incroyablement polyvalent qui permet divers usages dans les domaines de l’alimentaire, de l’énergie et de l’industrie.
Quels sont les plus gros obstacles auxquels a été confronté le marché des oléagineux au cours des 24 derniers mois ?
En ce qui concerne les quatre grandes huiles – soja, tournesol, palme et colza –, les centres de production de chacune ont été confrontés à d’importants écueils ces deux dernières années. Il y a bien sûr eu l’invasion russe en Ukraine, qui a perturbé l'accès aux graines de tournesol venues de la mer Noire.
En 2021, la sécheresse dans les prairies canadiennes a eu un lourd impact sur la production canadienne de colza, et une seconde année consécutive de La Niña est venue entraver la production de soja dans toute l’Amérique du Sud. En parallèle, les pénuries de main-d’œuvre dues au Covid ont impacté les récoltes de palme en Malaisie.
Et aux États-Unis, nos agriculteurs ont réussi à s’affranchir des pressions exercées par les sécheresses en 2022 en produisant l’une des plus grandes récoltes jamais enregistrées – mais les conditions sèches ont fait baisser le niveau du fleuve Mississippi, impactant de manière significative la circulation des péniches sur les voies navigables agricoles les plus essentielles du pays.
Le monde peut-il se passer durablement de l’huile de tournesol ukrainienne ?
La demande mondiale d’huile végétale continue de grandir, et le monde entier a ressenti l’impact de la baisse de l’offre d’huile de tournesol ukrainienne en 2022. Nous avons la chance de vivre dans un monde où le commerce mondial dispose de plusieurs sources d’huile végétale – dont l’ huile de soja –, ce qui fait que lorsque l’offre et la production sont perturbées, on a des moyens de combler les manquements, tout au moins à court terme.
Mais si l’on se projette au-delà de la première saison, on s’aperçoit que le monde a besoin du complexe entier d’huiles végétales pour répondre à la demande transsectorielle au fil des saisons.