En pleine tempête douanière, les céréales restent stables et le soja bondit

 Donald Trump a annoncé un report de 90 jours des taxes à l’importation qui étaient entrées en vigueur ce mercredi matin... sauf pour la Chine, qui voit désormais ses importations taxées à 125 %.
Donald Trump a annoncé un report de 90 jours des taxes à l’importation qui étaient entrées en vigueur ce mercredi matin... sauf pour la Chine, qui voit désormais ses importations taxées à 125 %. (©JJ Gouin, AdobeStock)

La Chine a annoncé qu'elle allait porter ses surtaxes de rétorsion contre les produits américains à 84 % à compter de jeudi : une nouvelle escalade dans la guerre commerciale ouverte par le président américain Donald Trump.

Si le cours du soja américain est reparti à la baisse, de même que le colza européen, les prix du maïs résistaient « relativement bien » à la panique générale, au terme d'une semaine plutôt neutre, constate Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.

En dépit des tensions actuelles, plusieurs facteurs peuvent expliquer la relative stabilité des prix agricoles : la progressivité des mesures de rétorsion impliquant des produits agricoles, la saisonnalité des productions et l'état de la demande.

« Pour l'instant, les droits de douane n'ont pas affecté la demande, en particulier pour le maïs (...). Le Mexique et le Japon sont nos plus gros acheteurs de maïs, et cela n'a pas du tout affecté leur appétit », relève l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

De fait, si les États-Unis ont imposé des droits de douane à 60 pays et en premier lieu à leurs voisins canadiens et mexicains, les échanges de maïs ou de blé « sont toujours protégés par l'accord Canada-États-Unis-Mexique », souligne Rich Nelson de la maison de courtage Allendale.

La situation est différente pour le soja américain, dont la Chine est le premier client. Selon les chiffres du ministère américain de l'Agriculture (USDA), l'année dernière, les exportations américaines de soja se sont élevées à 52,4 millions de tonnes pour une valeur de 24,6 milliards de dollars, dont environ la moitié correspondant à des achats chinois.

Soja brésilien

« À court terme, il n'y aura pas de grands changements, car la plupart des importations chinoises de soja proviendront du Brésil au cours des prochains mois pour des raisons saisonnières », relève une note de la Commerzbank.

Mais « il est peu probable » que les achats chinois - qui se tournent actuellement vers le Brésil et reprennent traditionnellement à l'automne aux États-Unis - soient cette année au rendez-vous, selon la note. Les analystes de Commerzbank jugent que la demande de soja américain devrait « être nettement plus faible » et tirer les prix mondiaux vers le bas.

Déjà, la graine oléagineuse américaine a accusé le coup, tombant vendredi dernier sous la barre des 10 dollars le boisseau.

Prudent, Rich Nelson estime prématuré de spéculer sur les futurs achats chinois, mais rappelle le précédent de la guerre commerciale de 2018 : « Sous le premier mandat de Trump, les exportations américaines ont chuté de 54 % entre la campagne 2017-18 et la campagne 2018-19 ».

Le reflux des prix peut-il entraîner un arbitrage des agriculteurs américains en faveur du maïs au détriment du soja à quelques semaines des semis ? Arlan Suderman de StoneX a « entendu des agriculteurs dire qu'ils envisageaient de remplacer leurs semences de soja par des semences de maïs », mais il ne s'attend « pas à un mouvement généralisé ».

C'est aussi l'avis de Damien Vercambre. Le courtier rappelle que cette année, les surfaces de maïs ont déjà augmenté aux États-Unis - passant de 91 à 94 millions d'acres.

Elles pourraient augmenter encore un peu - au détriment du soja - « mais il est trop tard pour que la guerre commerciale change la donne : les semis sont imminents et les agriculteurs ont déjà acheté leurs semences et leurs produits phytosanitaires », estime-t-il.

Riposte de l'UE et revirement de Trump

Sur le marché européen, la baisse mesurée des prix s'explique aussi par la progressivité des ripostes aux taxes américaines. Pour l'instant, note Maxence Devillers, analyste marché chez Argus Media France, « les seuls qui aient réellement imposé des taxes retours sont les Chinois ».

L'Union européenne a, elle, adopté mercredi ses premières mesures de riposte aux droits de douane de Donald Trump, taxant en retour une série de produits américains, dont le soja.

« L'Union européenne importe 16 à 17 millions de tonnes de soja par an, dont 5 à 6 Mt des États-Unis. Des taxes européennes sur le soja américain auront des conséquences », à la fois sur le prix des oléagineux et sur la demande de colza européen ou canadien, a souligné Maxence Devillers.

Nouveau coup de théâtre en fin de journée ce mercredi : en réponse à la riposte de Pékin, Donald Trump vient d’annoncer une hausse à 125 % de droits de douane sur les produits chinois.

Et, face à « la volonté de plus de 75 pays de négocier », il instaure pour toutes les autres origines une pause de 90 jours sur les droits de douane « réciproques » qui étaient entrés en application ce matin.

Ce revirement de Washington a provoqué une envolée des cours à Wall Street, et un net rebond du soja sur le marché de Chicago.

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