Lucile Brazzini (LB) : Une grande partie des céréales ukrainiennes sont déjà exportées. Et à ce jour, nous n’observons pas de baisse du rythme d’approvisionnement des silos portuaires. Les marchés physiques continuent à fonctionner. Mais si le prix de vente en grivna n’intégrait pas le nouveau taux de change de la monnaie, les agriculteurs seraient tentés de faire de la rétention.
Tnm : Les agriculteurs ukrainiens auront-ils les moyens d’acheter les intrants nécessaires au printemps ?
LB : Avec une grivna dévaluée, ce sont surtout les petits paysans qui rencontreront des difficultés pour financer leurs cultures de printemps. Les banques ne sont pas enclines à leur accorder des prêts de campagne. Les holdings ont toujours la possibilité de faire appel à des sources extérieures de financement !
Tnm : N'est-ce pas l'état des cultures à la sortie de l'hiver qui remet avant tout en cause les capacités de production de l’Ukraine pour cet été ?
LB : La nervosité des marchés de ces dernières semaines s’explique aussi par l’état des cultures des blés d’hiver dans les pays de la mer Noire mais aussi aux Etats-Unis où, après la vague de froid, les cultures manquent d’eau. Tous ces facteurs combinés réduisent le potentiel de récoltes des prochains mois. Les marchés à terme ne vont pas tarder à prendre en compte cette situation.